PSG : « Messi adore l’ambiance du Parc des Princes », confie le biographe de l’Argentin
INTERVIEW Auteur d’une biographie de Leo Messi traduite en Français en octobre dernier, le journaliste espagnol Guillem Balague évoque l’adaptation du champion du monde à Paris et ses envies de prolonger avec le PSG avant le 16e de finale de coupe de France
- Chaque semaine, 20 Minutes donne la parole à un acteur ou une actrice du sport qui fait l’actu. Place à Guillem Balagué, proche de Lionel Messi et le premier à avoir annoncé sa très probable prolongations à Paris.
- la biographie de l'Agentin écrite par le journaliste espagnol est sortie en version française chez Hugo Sport en octobre dernier.
- Pour 20 Minutes, il évoque l'adaptation compliquée de Messi au PSG mais assure que le sextuple Ballon d'Or se sent désormais comme chez lui à Paris.
Proche de Leo Messi et de son clan, Guillem Balague, l’auteur d’une biographie de La Pulga, publiée chez Hugo Sport et traduite en Français en octobre dernier, est l’un des journalistes qui connaît le mieux le numéro 30 du Paris Saint-Germain. Alors que la prolongation de l’Argentin est dans les tuyaux, comme il l’avait annoncé depuis plusieurs semaines, Guillem Balague a accepté pour 20 Minutes de revenir sur le retour au premier plan du joueur depuis le début de saison et sur son adaptation dans la capitale française.
Après une première saison parisienne très loin de ses standards, on a retrouvé le vrai Leo Messi depuis le mois d’août. Avez-vous été surpris de le voir à un tel niveau quand beaucoup doutaient de sa capacité à revenir au premier plan ?
Honnêtement, je comprends que les gens aient pu douter parce que, eux, ne voient pas le contexte qui entoure le joueur au quotidien, la manière dont il vit à la maison, ce qu’il peut ressentir. Moi, le connaissant, je voyais bien, rien qu’en regardant son visage, qu’il n’était pas bien lors de sa première saison au PSG. En plus il est arrivé blessé, en manque de forme et il a contracté un Covid très sévère dans la foulée (début janvier 2022), ses poumons ont été affectés, il ne pouvait presque plus enchaîner les efforts.
On en a beaucoup parlé, Messi a quand même vécu un bouleversement total à l’été 2021, a-t-il simplement eu besoin de temps pour se remettre de son départ du Barça ?
Oui, absolument. Vous êtes à l’aise dans votre environnement, vous avez depuis longtemps trouvé votre équilibre, et tout d’un coup tout change. Il m’avait dit à l’époque qu’il avait assuré à ses enfants qu’il allait rester au Barça, que toute la petite famille allait rester à Barcelone, il avait même fait une séance photo avec le nouveau maillot du club, et finalement tout a basculé. Donc c’est normal que quand tout s’est effondré autour de lui, il a mis du temps à s’en remettre, ça ne se fait pas d’un claquement de doigts. Le changement de vie des enfants, l’école à Paris, une heure de route pour Leo pour aller à l’entraînement, une heure pour rentrer. Il est passé d’une vie très réglée, très simple, à quelque chose de beaucoup plus chaotique. N’importe qui à sa place aurait été impacté par cette situation. Mais aujourd’hui il est bien, il se sent chez lui à Paris et forcément ça s’est ressenti dès le début de saison dans ses performances.
Il est heureux à Paris ?
Oui totalement, sincèrement. Encore une fois, ça se voit sur son visage. Leo ne peut pas dissimuler ses sentiments et aujourd’hui on le voit bien, heureux, sur le terrain et en dehors, il joue de manière plus libérée, ses coéquipiers ont compris la manière dont il fallait jouer avec lui, le ballon passe beaucoup plus par lui aujourd’hui. Mais ce qui a tout changé, c’est surtout sa vie personnelle. Il s’est trouvé une maison, il se sent vraiment bien chez lui, et c’est ça le plus important. Antonella travaille beaucoup et se sent très bien à Paris, les enfants aiment leur vie ici et apprennent le français chaque jour. Ils le parlent avec leur père à la maison pour lui apprendre un peu la langue. Certes, ce n’est pas Castelldefels, il n’y a pas la plage, etc, mais ils se sentent tous très bien, ils ont trouvé leur équilibre.
C’est pour ça qu’avant le Mondial, j’avais annoncé que Leo avait plus de chance de prolonger à Paris que de partir au terme de son contrat. Evidemment qu’il voulait attendre de voir ce qu’il se passerait au Qatar et qu’il ne voulait pas prendre de décision précipitée, mais c’était son sentiment avant le Mondial. Aujourd’hui il est persuadé qu’il peut gagner la Ligue des champions avec le PSG et il ambitionne aussi de remporter son huitième Ballon d'or. Et même si rien n’est encore officiel, le PSG et Messi sont tombés d’accord pour une prolongation d’un an, plus une autre saison optionnelle.
Fin décembre, Joan Laporta a dit qu’il aimerait un retour de Messi au Barça. Le club a-t-il tenté quelque chose ?
Absolument pas. Tout d’abord, et j’en parle dans mon livre, Messi n’a pas du tout apprécié la manière dont ça s’est terminé avec le club. Aujourd’hui il n’y a plus la moindre relation avec Laporta, je sais que des intermédiaires entre les deux clans ont essayé encore de créer des ponts et de rétablir le canal de discussion, mais lui ne veut pas en entendre parler. Contrairement à ce qu’on a pu entendre avant la Coupe du monde, il ny a aucun plan du Barça pour faire revenir Messi, seulement des mots. Je sais que Xavi aimerait le voir revenir, Laporta aussi, mais à l’heure actuelle il n’y a rien. En revanche, ce que je sais c’est que Messi veut rester en Europe et qu’il privilégie le PSG.
Revenons-en à Paris, justement. Qu’a-t-il pensé de la nomination de Christophe Galtier, un coach pas forcément connu internationalement ?
Quand il y a un changement de coach, Messi n’est pas dans la nostalgie de l’ancien mais dans le pragmatisme. Il peut y avoir un moment de doute, bien sûr, mais il va analyser le profil du nouvel entraîneur, la manière dont il veut le faire jouer, et voir si ça peut coller ou non. Et le système qu’a voulu mettre en place Galtier en arrivant a tout de suite plu à Leo. Après, il faut bien comprendre qu’il n’y a quasiment aucun entraîneur au monde qui peut dire à Léo ce qu’il doit faire sur un terrain. Il le sait lui-même. Là, ça a été un peu pareil en début de saison. Galtier l’a beaucoup écouté, ils ont beaucoup échangé sur la manière dont Leo voulait évoluer, ou se sentait-il à l’aise, et les deux se sont finalement retrouvés sur pas mal de points.
Dans un papier pour Le Parisien, vous évoquiez un Messi fin tacticien. Au point de s’impliquer dans ces questions-là avec le coach et le staff ?
Non, même s’il peut parfois donner son avis quand le coach le lui demande, ce n’est pas le genre à intervenir ensuite dans les réflexions tactiques d’un coach et de son staff ou auprès de ses coéquipiers dans le vestiaires. Mais quand tu parles de foot avec lui, tu te rends compte de sa science du jeu, il analyse bien et très vite, il regarde beaucoup de matchs, le championnat argentin et espagnol principalement. C’est pour ça que je pense qu’une fois sa carrière terminée, il restera dans le football, mais plus comme directeur sportif que comme entraîneur car c’est avant tout quelqu’un qui sait reconnaître le talent chez les autres.
Quel est son rôle dans le vestiaire à Paris ?
Déjà, il faut le dire, le vestiaire du PSG est très compliqué (rires) ! C’est très compliqué pour un coach de parvenir à maintenir un équilibre et à satisfaire tout le monde. Dans tout ça, Leo est quand même parvenu à trouver sa place mais sans jamais sortir de son rôle, ils laissent les autres leaders, le capitaine Marquinhos, Sergio Ramos ou Mbappé prendre la parole.
Comment a-t-il vécu la bronca du Parc, principalement contre lui et Neymar la saison passée après l'élimination face au Real ?
Il était surpris, déçu, résigné. Les gens cherchaient des coupables et prenaient des raccourcis sans vraiment analyser les responsabilités des uns et des autres. Le problème au PSG, c’est que c’est la victoire en Champions League ou le désastre, tout est perçu par ce prisme-là et une élimination prématurée devient tout de suite une catastrophe. Or les deux meilleurs match du PSG la saison dernière, c’est face au Real Madrid à l’aller, et à Bernabeu durant une heure. Après, il se passe ce qu’il se passe, c’est le football. Plus que la réaction des supporters, je pense que le problème du PSG c’est de ne mettre l’accent que sur la victoire en Ligue des champions, c’est une obsession et je pense que c’est le seul club en Europe qui fonctionne ainsi. Dès lors, en cas d’échec, le rejet des supporters est violent. Messi a été déçu de voir à quel point le titre de champion de France, qui est important, d’autant plus que c’était le dixième de l’histoire du club, avait été déprécié par les supporters.
Il ne vient toujours pas saluer les ultras à la fin des matchs, tout comme Neymar. On sent que la fracture est profonde...
La pilule n’est pas encore passée. Ce qu’ils ont vécu la saison dernière après Madrid, les sifflets de leur propre public, ça a été quelque chose de très dur à vivre. C’est donc normal d’avoir du mal à tomber amoureux d’un public qui n’a pas voulu comprendre que tu avais besoin de temps pour t’adapter à Paris, à ta nouvelle vie, à ce trio d’attaque jamais vu dans l’histoire du football. Mais je suis convaincu que ça peut changer.
Que pense-t-il de l’ambiance du Parc ?
Il hallucine complètement ! C’était déjà le cas le jour de son arrivée à l’aéroport, quand il avait sorti la tête pour saluer le public et qu’ils étaient des milliers, sous la pluie, pour l’accueillir avec des drapeaux et des tambours. Et c’est vrai que l’ambiance du Parc des Princes n’a rien à voir avec ce qu’il a vécu pendant près de 15 ans au Camp Nou et il adore ça. Ce bruit, ces odeurs de fumigènes, c’est quelque chose de très ancré dans la culture argentine et je sais qu’il prend son pied à jouer dans ce stade.