Girondins de Bordeaux : Didier Quillot, candidat au rachat, débarque en terre hostile

FOOTBALL L’ancien directeur général de la LFP fait partie des quatre potentiels repreneurs des Marine et Blanc

Clément Carpentier
Didier Quillot, ancien directeur général de la LFP, est candidat au rachat des Girondins.
Didier Quillot, ancien directeur général de la LFP, est candidat au rachat des Girondins. — FRANCK FIFE / AFP
  • Didier Quillot, l’ancien directeur général de la Ligue de football professionnel, porte l’un des projets de reprise des Girondins de Bordeaux avec le soutien d’investisseurs français et anglo-saxons.
  • Sa candidature est accueillie très fraîchement par les Ultramarines seulement quelques mois après son départ de la LFP et alors que beaucoup de supporteurs ont encore en tête le fiasco Mediapro.
  • Il répond à ses critiques et souhaite qu’on juge son projet sur pièces. Il doit rencontrer dans les prochains jours les acteurs locaux.

« Quel culot si c’est vrai ! » C’est en substance la réponse de plusieurs personnalités du football français quand 20 Minutes leur évoquait il y a quelques semaines la probable candidature de Didier Quillot au rachat des Girondins de Bordeaux. Plusieurs d’entre eux ne voulaient même pas y croire sur le moment. Pourtant, l’ancien directeur général de la Ligue de Football Professionnelle compte bien faire son retour dans le football français seulement quelques mois après son départ de la LFP. Depuis, même s’il est loin d’être l’unique responsable du fiasco Mediapro, celui-ci lui colle à la peau. A ce sujet, son entourage tient tout de suite à rappeler qu’il « n’a été que l’organisateur » de cet appel d’offres et « n’a pas eu de rôle décisionnaire seul » mais que « la responsabilité est collective ».

Au-delà de ce contexte, c’est bien sûr le timing de son retour qui peut surprendre. En principe dans ce genre de situation, certains essaient de se faire oublier quelque temps. Pas lui. Ce n’est pas le genre de la maison pour celui qui a un CV long comme le bras dans le milieu des affaires. Fait chevalier de l’ordre du Mérite en 2004 puis chevalier de la Légion d’honneur, il a très vite été sensible à la situation des Girondins. Pourquoi ? « Je suis originaire du Sud-Ouest, j’ai beaucoup d’affection pour ce club, j’ai même été sponsor des Girondins pendant quelques années avec Orange dans les années 2000. Aujourd’hui, j’essaie juste de faire en sorte que ce club mythique ne finisse pas en Ligue 2 », explique-t-il tout en rappelant qu’il est resté proche de Nicolas de Tavernost, président du directoire de M6 et ancien propriétaire des Girondins, depuis cette époque.


Pas le bienvenu pour les Ultramarines

Pour ça, il a donc activé son réseau. Didier Quillot est aujourd’hui soutenu par des « investisseurs français et anglo-saxons » et non « des fonds » insiste l’un de ses proches. Histoire de désamorcer tout début de polémique alors que le microcosme bordelais reste traumatisé à ce jour par l’épisode GACP/King Street, les deux fonds d’investissement américains propriétaire des Marine et Blanc depuis novembre 2018. Ces investisseurs connaissent le monde du sport et particulièrement celui du football, mais ne sont pas propriétaires de club pour l’instant.

L’enjeu du moment pour Didier Quillot est de montrer patte blanche car depuis que sa candidature est connue, les rumeurs vont bon train et il cherche logiquement à les faire taire ou à les démentir. Il serait proche de Frédéric Longuépée et le PDG des Girondins ferait même partie de son projet ? « Archi faux », répond-il fermement. Il aurait les faveurs de King Street et surtout de Rothschild, la banque d’affaires chargée de la vente du club, en raison de sa proximité avec l’un de ses dirigeants ? « Là aussi, c’est faux, vous pensez sérieusement que l’une des plus grandes banques d’affaires au monde fait du copinage dans ce genre d’acquisition, soyons sérieux deux secondes ! », lance Didier Quillot. Enfin, il dément que ses investisseurs ponctionneraient automatiquement un pourcentage des droits TV chaque saison pour s’assurer un minimum de revenus.

Frédéric Longuépée ne fait pas partie du projet de Didier Quillot.
Frédéric Longuépée ne fait pas partie du projet de Didier Quillot. - MANDEL NGAN / AFP

Reste que ces démentis sont aujourd’hui très loin de convaincre la plupart des supporteurs bordelais et en premier lieu les Ultramarines, extrêmement hostiles à son arrivée à la tête du club. Après plusieurs déclarations de son porte-parole Florian Brunet pour signifier à l’ancien dirigeant de la LFP qu’il n’était pas le bienvenu, un communiqué a été publié ce jeudi par le plus grand groupe de supporteurs bordelais. Ils affirment que « le scénario d’une reprise du club par le projet porté par Quillot n’a rien de rassurant » et ils souhaitent « tirer le signal d’alarme ». Ils pointent ces déclarations positives sur GACP lors du précédent rachat du club, son « lourd passif à la LFP », le « naufrage Mediapro » et « sa lutte acharnée pour éloigner les plus fidèles passionnés des stades » lors de son passage à la ligue.


Des rendez-vous prévus avec la mairie et la métropole

Didier Quillot, qui aura un rôle opérationnel si son projet l’emporte, entend ses critiques. Il suit attentivement ce qu’il se dit sur les réseaux sociaux : « Je suis très surpris de cette réaction. Elle est injuste car on juge sans connaître ni la personnalité, ni le projet ! Je le redis, j’essaie juste de sauver un club mythique du football français et je suis prêt à tendre la main et à m’expliquer dès que le processus de vente le permettra. Je considère que les supporteurs des Girondins doivent reprendre la place qu’ils ont eue pendant vingt ans, qu’ils doivent être consultés de façon informelle et je le ferai bien entendu [si son projet est retenu]. Sans les joueurs, il n’y a pas de club et sans les supporteurs, il n’y a pas de club non plus. Les supporteurs sont l’identité et l’histoire du club. »

En tout cas, cette hostilité ne décourage en rien pour le moment Didier Quillot et ses investisseurs. Selon les informations de 20 Minutes, il va rapidement rencontrer le maire de Bordeaux, Pierre Hurmic, et le président de la métropole Alain Anziani pour présenter son projet dans lequel il compte inclure des anciennes gloires du club. Il s’appuie également sur un cabinet d’avocats bordelais pour mener à bien son dossier.

Hurmic prend contact avec Abitbol

Le maire écologiste de Bordeaux, Pierre Hurmic, a échangé pour la première fois il y a quelques jours avec Frédéric Abitbol, le mandataire ad hoc nommé après le placement sous tutelle des Girondins de Bordeaux par le Tribunal de Commerce. Dans ce processus de vente du club, ce dernier a pour mission de restructurer la dette avant que les Marine et Blanc soient cédés au plus offrant.

Pierre Hurmic souhaitait prendre le pouls et communiquer quelques informations à son interlocuteur. La première d’entre elles concerne le château du Haillan, propriété de la ville. L’élu a indiqué que le loyer de 2.000 euros par mois serait bientôt multiplié par dix (20.000 euros par mois). Selon Sud Ouest, le domaine a été estimé récemment à 15 millions d’euros. Pour le reste, la mairie de Bordeaux ne souhaite pas communiquer sa position sur les candidats au rachat sans connaître les différents projets.