OM-Porto : Les expected goals « c’est la vie », sauf pour l’Olympique de Marseille
LIGUE DES CHAMPIONS L’Olympique de Marseille est la pire équipe de Ligue des champions en matière d’expected goals, une statistique de plus en plus en vogue
- A l’aube d’affronter le FC Porto, l’Olympique de Marseille fait figure de mauvais élève en Ligue des champions avec aucun et aucun point marqué, et surtout la place de bon dernier en matière d’expected goals.
- Les expecteds goals sont des statistiques de plus en plus utilisées dans le football qui permettent de voir la probabilité pour une équipe de marquer en fonction de plusieurs critères.
- L’OM est à la fois dernier dans cette stat en Ligue des champions et en Ligue 1, avec des résultats sportifs opposés.
« Si tu prends ce modèle en référence, André Villas Boas est viré tous les jours ». A l’aube d’accueillir le FC Porto pour la quatrième journée de Ligue des champions, l'OM porte le bonnet d’âne dans cette compétition. Avec 0 but inscrit, 0 point marqué et sept buts encaissés, certains s’amusent même de l’OM en mode 007. Et le club ne fait pas mieux en matière d’expected goals, avec 2.02 xG depuis le début de la C1, dernière équipe en Ligue des champions. Une statistique de plus en plus utilisée pour analyser les performances des clubs.
« C’est à la fois très facile et très compliqué. En gros c’est la probabilité de marquer sur un tir. Un algorithme prend en compte des dizaines de milliers de tirs réalisés dans l’histoire du foot et analyse ce qu’a donné ce tir en fonction de sa zone, de la probabilité de marquer. Par exemple, le but de Pavard contre l’Argentine en Coupe du monde, c’est 0.01xG, c’est un tir quasiment impossible à marquer », cadre Ben, du site tacompo.com qui analyse les statistiques des clubs français. A contrario, un penalty comme celui complètement raté de Dimitri Payet, représente environ 0.78 xG.
« C’est une donnée qui permet d’évaluer la vraie force d’une équipe. D’habitude, on se cantonne aux buts marqués et encaissés, là ça donne la vraie photo d’une équipe. Ça permettra de dire si une équipe surperforme ou sous-performe. Le classement n’est pas un vrai indicateur dans le sens où tu peux faire un très mauvais début de saison mais avec des expected goals importants. Tu te crées beaucoup d’occasions mais tu n’as pas de réussite, et cette réussite va à un moment donné tourner. Tu n’as pas de chance tout le temps et en général ça se lisse sur 38 matchs », poursuit Quentin Ruaux, data editor chez Opta, la référence en matière de statistiques de football.
« Les xG, c’est la vie »
Et si trop de stats peuvent tuer les stats, les xG, démocratisés depuis trois ou quatre ans, semblent faire l’unanimité. « Je l’utilise tout le temps, c’est la vie. Je suis sidéré du peu d’utilisation des expected goals dans le journalisme moderne, ça permet de se détacher de la culture de l’instant. Le plus grand biais selon moi est de se baser sur le résultat réel, le foot est l’un des sports les plus aléatoires au monde avec seulement un, deux ou trois buts », considère Ben.
Le meilleur exemple est, selon lui, celui du club de Midtjylland, au Danemark. Il ne se base que sur les expected goals et non pas sur les résultats réels du championnat. Un club d’ailleurs qualifié pour la Ligue des champions cette année. « Ils étaient 6e et tout le monde voulait virer le coach. Sauf que leurs expected goals, ceux des adversaires et les expected points étaient très bons. Au final ils l’ont conservé et ils ont fini champion l’année suivante. A l’inverse, si tu prends ce modèle comme référence, André Villas Boas est viré tous les jours », avance Ben.
L’Olympique de Marseille se classe effectivement dernier de Ligue des champions dans cette statistique avec 2.02 expected goals pour les trois premiers matchs. A titre de comparaison, le FC Barcelone, Liverpool et le Bayern Munich, les meilleurs dans cette catégorie de stats, culminent avec 8.1, 7.0 et 6.9 expected goals en trois matchs. « On doit montrer un autre visage, gagner ou perdre c’est une chose mais on doit surtout avoir un sursaut d’orgueil pour faire mieux », a d’ailleurs prévenu Florian Thauvin dans sa conférence d’avant match.
Et pour cause. « L’OM a une animation offensive très stérile. Ils ont fait 19 tirs, dont 11 en dehors de la surface. Ça fait 8 tirs dans la surface en trois matchs, quand c’est la moyenne des autres équipes en un seul match. C’est inquiétant, ce n’est pas possible d’être aussi inoffensif. C’est assez logique de ne voir aucun but et aucun point marqué », avance Quentin Ruaux.
Grand écart entre Ligue 1 et C1
A la différence de la Ligue 1, où les Marseillais sont là aussi bons derniers en matière d’xG, avec 8.49 depuis le début de la saison, pour 12 buts inscrits, et une possible première place ex aequo avec Paris avec les matchs en retard. « Ils sont complètement chateux depuis le début de la saison, n’importe qui te le dirait en regardant les matchs. Et c’était déjà le cas l’année dernière, l’OM surperformait complètement grâce à l’immense forme de Payet ou celle de Mandanda », explique Ben.
Car certains joueurs, ou entraîneurs, peuvent « casser le modèle », en étant meilleur que la prédiction. Comme ce fut le cas pour Payet et Mandanda l’année dernière, ou des joueurs comme Lewandowski qui « vit au-dessus des expected goals ». C’est aussi le cas de Lucien Favre, l’entraîneur de Dortmund, qui depuis trois ans « brise le modèle en sachant mettre ses joueurs dans des meilleures conditions et qui est donc plus intelligent que ce modèle », rappelle Ben. « Si Villas Boas fini encore deuxième cette saison avec ces statistiques, on pourra dire qu’il a cassé le modèle. Mais quand tu vois les résultats en Ligue des champions, tu reviens à la réalité », estime-t-il.
Et avec si peu de statistiques offensives, il faudra déjà commencer par ne pas perdre ce mercredi contre Porto, ce qui serait une treizième défaite de suite en C1, un record, et surtout inscrire au moins un but dans la compétition alors qu’aucun club Français n’a réussi une si piètre prestation.