Equipe de France: La jeunesse et le talent, c'est bien, mais est-ce que ça suffira?

FOOTBALL Quatorze des vingt-trois Bleus vont disputer leur première grande compétition internationale en Russie...

A Clairefontaine, Nicolas Camus
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Mbappé, Dembélé, Umtiti et les autres, à l'échauffement avec l'équipe de France, le 27 mai 2018.
Mbappé, Dembélé, Umtiti et les autres, à l'échauffement avec l'équipe de France, le 27 mai 2018. — FRANCK FIFE / AFP

Quand on sait l’importance qu’accorde Didier Deschamps au vécu commun et à l’expérience des grands rendez-vous pour aller loin dans une compétition comme la Coupe du monde, il y a quelques chiffres qui interpellent dans le groupe qui se prépare actuellement à Clairefontaine. En vrac, un poil plus de 25 ans de moyenne d’âge, 11 joueurs sur 23 qui comptent moins de 10 sélections, neuf survivants de l’Euro et six du Mondial brésilien. Ils sont donc 14 à disputer leur premier tournoi international - merci Bertrand Renard.

Deschamps a montré qu’il n’était pas obtus. Pas si étonnant, l’adjectif qui lui colle le mieux, c’est prag-ma-tique. Et là, il n’a pu que se laisser convaincre par la jeune génération, qui compte un nombre de talents rarement vu à ce niveau. « Si j’ai incorporé tant de joueurs depuis l’Euro, c’est que je considère qu’ils ont ce qu’il faut, rappelait-il au moment de dévoiler sa liste. Ils seront encore plus fort après, avec ce qu’on va vivre, mais ils peuvent déjà l’être maintenant. »


Cela pose tout de même des questions. En résumé, est-ce qu’il ne manquera pas un petit truc à cette équipe quand il faudra gérer la pression d’un quart ou d’une demi-finale mondiale (car c’est bien là où on espère les voir) ? La concurrence, notamment allemande et brésilienne, semble mieux armée de ce point de vue. « Il y a des côtés négatifs, mais moi je préfère prendre les autres, l’incouscience, l’enthousiasme, le fait qu’il n’y ait pas de limite », répond DD.

« Il faut un peu de folie dans un groupe »

De passage en conférence de presse la semaine passée, Steve Mandanda, doyen officiel des Bleus avec 33 ans, a été lancé sur le sujet. « C’est vrai qu’il y a pas mal de novices, mais ils jouent tous dans de grands clubs, avec beaucoup de pression au quotidien, faisait-il remarquer. Il faut un peu de folie dans un groupe, et on en a avec ces jeunes-là. Après, moi, Hugo [Lloris] et d’autres, on apporte un peu de calme, c’est bien aussi. »

Dans le cas des Bleus, la jeunesse est forcément associée à la notion de talent. On parle là des attaquants, surtout, car ce sont eux qu’on voit le plus. L’émergence de Mbappé (19 ans) et Dembélé (21 ans), la confirmation de Fekir (24 ans) ou la montée en puissance de Lemar (22 ans) sont de sacrés atouts. Suffisants pour voir loin ? Les vieux briscards sont là pour éviter de se laisser griser. Voyez ce qu’en dit Adil Rami, 32 ans et dont la première sélection remonte à 2010.

« On a beaucoup de talents, mais on va rencontrer équipes qui vont nous attendre, nous rentrer dedans. Moi je suis là pour apporter mes qualités de caractère, de combattant. Faire comprendre que parfois il faut laisser de côté le talent et aller "à la maille". C’est important pour moi de leur apprendre ça »

Le défenseur central, qui a déjà fait ça toute la saison à l’OM, est chaud. Et enthousiaste. « Il y a plus de fraîcheur qu’à l’Euro. Franchement, ça peut être une belle folie. On peut réaliser de belles choses avec ces magnifiques gamins ». On veut bien le croire. De toute façon, pour l’instant, on n’a pas d’autres choix.