Coupe du monde de rugby 2019: Jalibert en feu avec l’UBB, le XV de France a-t-il laissé son meilleur ouvreur à la maison?
RUGBY Le demi d’ouverture Matthieu Jalibert réalise un début de saison tonitruant en Top 14 avec l’Union Bègles-Bordeaux avec trois succès en trois matchs et un essai marqué à chaque journée
- Revenu trop tard à la compétition après une blessure, Matthieu Jalibert n’a pas été retenu avec le XV de France pour la Coupe du Monde au Japon.
- L’ouvreur s’épanouit totalement dans le nouveau projet de jeu de Christophe Urios et devrait très rapidement retrouver l’équipe de France.
« Matthieu [Jalibert], c’est la classe. La grande classe ! », on juge souvent la dimension d’un compliment à l’identité de son auteur. Et sur ce coup, il ne vient pas de n’importe qui. Il est l’œuvre de Christophe Urios. L’un des meilleurs managers français, et accessoirement celui de l’Union Bordeaux-Bègles et de Matthieu Jalibert. C’est dire si le demi d’ouverture impressionne son monde en ce début de Top 14.
Depuis la reprise, le numéro 10 bordelais éclabousse le championnat de son talent. Il en est le meilleur réalisateur avec 46 points et le meilleur finisseur avec trois essais en trois matchs
Difficile de faire mieux. Mais celui qui est à « l’image de l’équipe » pour son entraîneur épate surtout par le contenu de ses matchs et ses gestes comme ce petit coup de pied par-dessus la défense qui est en train de devenir sa marque de fabrique. « Tout le monde semble un peu surpris mais Matthieu Jalibert n’est pas bon depuis seulement trois matchs, il l’est depuis deux ans, à part peut-être sur quelques semaines après sa blessure », rappelle justement Thomas Lombard, le consultant rugby de Canal+.
Un joueur « revanchard » après ses blessures
En effet, le demi d’ouverture français n’a pas été épargné depuis ses débuts professionnels en 2017. Envoyé en première ligne avec le XV de France à 19 ans en février 2018, il se blesse au genou gauche au bout de 30 minutes de jeu face à l’Irlande mais surtout rechute à l’été et doit se faire opérer (rupture partielle du ligament postérieur). « Il a vécu une saison dernière compliquée donc aujourd’hui, il est très revanchard et il est à 100 % physiquement », explique Christophe Urios. Et un Matthieu Jalibert à 100 %, ça fait des étincelles. Aujourd’hui, il s’épanouit pleinement dans le nouveau projet de l’UBB :
Est-ce que je revis ? Ce n’était pas la mort non plus (sourires) ! Mais c’est sûr que je préfère ce style de jeu car il est plus adapté à mon profil. On a retrouvé un peu ce jeu à la bordelaise fait de mouvement et de vitesse. On est libre, on a carte blanche tout en étant dans un cadre. »
Mais Thomas Lombard, qui a pu l’observer de très près à l’automne 2017 lorsqu’il l’avait avec les Barbarians, tient également à rappeler que le jeune homme n’est pas qu’un joueur talentueux : « Déjà, j’aime beaucoup l’homme car c’est un gamin bien éduqué et très intelligent. Après, c’est sa maturité pour son âge qui m’a impressionné. Il est doué, ça tout le monde le sait. Mais derrière, il y a énormément de boulot. Ce n’est jamais un hasard quand vous êtes à ce niveau-là de performance. »
« S’il n’avait pas été blessé, il ne serait sûrement pas à Bordeaux »
Un niveau de performance qui pose bien sûr une question aujourd’hui : Le XV de France parti au Japon pour la Coupe du monde a-t-il laissé son meilleur demi d’ouverture à la maison ? « S’il n’avait pas été blessé [jusqu’en mars dernier], il ne serait sûrement pas à Bordeaux mais autre part », la réponse de l’ancien centre parisien laisse peu de place au doute. Aujourd’hui, il n’a rien à envier à Camille Lopez ou Romain Ntamack, les deux 10 de la liste de Jacques Brunel.
Pour rappel, c’est d’ailleurs le sélectionneur du XV de France qui l’a lancé en Top 14 puis chez les Bleus. Mais Brunel a jugé le timing trop court pour l’emmener au Japon malgré toute l’affection qu’il lui porte. Et ce n’est surtout pas Christophe Urios qui va s’en plaindre même s’il demande de la patience :
On l’a pris à 19 ans [en équipe de Frace]. On a vu ce qu’il s’est passé. Il faut laisser les jeunes grandir surtout à des postes aussi difficiles. Ça demande beaucoup d’expérience, de maturité. Il faut le laisser travailler. Mais, il est sur le bon chemin. »
Un chemin que va tenter de poursuivre Matthieu Jalibert dès ce samedi à Bordeaux (et non au pays du Soleil levant) face au Stade Français lors de la 4e journée du Top 14.