Pourquoi les Français se repassionnent-ils pour la Formule 1 ?

GRAND PRIX DE FRANCE Les Français se remettent à se passionner pour la Formule 1, grâce à Netflix, Pierre Gasly, Esteban Ocon et Canal+, alors que la discipline pose ses valises ce week-end en France pour le Grand Prix du Castellet

Adrien Max
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La victoire de Pierre Gasly, en Italie en septembre 2020, une première depuis 1996 pour un pilote français renforce l'attrait des Français pour la F1.
La victoire de Pierre Gasly, en Italie en septembre 2020, une première depuis 1996 pour un pilote français renforce l'attrait des Français pour la F1. — Jennifer Lorenzini/AP/SIPA
  • Deux grands prix de Formule 1 de cette saison 2021 ont déjà battu des records d’audience sur Canal+, diffuseur officiel.
  • Les équipes de Canal+ constate un regain d’attractivité de la F1 en France depuis trois ans environ, après dix années moroses.
  • Le retour de la F1 en France, comme ce week-end au Castellet, la série Netflix Drive to Survive, l’expertise apportée par Canal+ et les bonnes performances de Pierre Gasly contribuent à cette attractivité retrouvée.

« Montez le son et rendez-vous au premier virage ». Ils étaient 1,9 millions de téléspectateurs à entendre Julien Fébreau, le commentateur de la Formule 1 sur Canal+, lancer la saison au grand prix de Bahreïn, le 28 mars dernier avec cette phrase devenue mythique. « C’est un record historique pour un grand prix. Le dernier en Azerbaïdjan a rassemblé 1.4 millions de téléspectateurs, nouveau record historique pour une diffusion cryptée », se réjouit le commentateur vedette, avant de retrouver le Grand Prix de France, au Castellet, ce dimanche.

Un regain d’intérêt pour la Formule 1 que les équipes de Canal+, diffuseur officiel depuis 2013, constatent depuis trois ans maintenant. Les audiences ont même augmenté de 27 % entre la saison 2019 et celle de 2020, et chaque grand prix attire au minimum le million de spectateurs, quand certains matchs de Ligue 1 en sont loin. Un argument que ne manquait pas de rabâcher Maxime Saada aux différents présidents de L1 quand ces derniers lui suppliaient de gonfler un peu la facture, avant le nouveau clash que l’on sait.

Canal+, parmi les meilleurs au monde

« On est une équipe de passionné et ça se ressent. On montre des choses incroyables depuis les stands, notre couverture est lourde depuis 2013 et on ne cesse d’en rajouter, notamment en termes d’immersion. On a accès à un univers phénoménal et on emmène les téléspectateurs avec nous, on montre tout et on explique un maximum pour leur donner les clés de compréhension », détaille Julien Fébreau, dont les envolées au départ, à l’arrivée ou à chaque moment chaud, participent au décor.

Pierre Guyonnet est le directeur de la communication du Grand Prix de France du Castellet. Lui aussi constate ce renouveau d’engouement pour la Formule 1 en France, après des années moroses. « Avec la disparition du Grand Prix de France pendant 10 ans, on a perdu toute la génération Z. Le passage sur Canal+ a été très positif, c’est un média extraordinaire, qui a l’une des plus belles façons de traiter la Formule 1, de l’éditorialiser et de la suivre. Sincèrement, ils sont parmi les meilleurs au monde », assure-t-il.

Netflix et enjeu sportif

Netflix, et la série Drive to Survive, dont la troisième saison est disponible depuis le début de l’année, a également permis d’intéresser les plus jeunes. « On a connu la série par des amis. Mon compagnon a commencé à regarder et j’ai été scotchée dès la moitié du premier épisode. On a regardé les trois saisons en un week-end », confie Géraldine Mosna Savoye, chroniqueuse pour les Carnet de Philo sur France Culture.

Leur grande force est d’avoir su déplacer l’enjeu. « Ce qui m’a plu c’est qu’on ne parle pas de voiture, c’est paradoxal, mais un bon point. On ne rentre pas dans un monde hermétique, très technique. C’est plus une comédie humaine, avec des enjeux de pouvoir, de rivalité », explique celle qui a même consacré une chronique sur le rapport paradoxal qui unit deux pilotes d’une même écurie.

Depuis le visionnage de la série, la jeune femme ne rate plus aucun grand prix. « Je ne m’intéressais pas du tout à la F1, maintenant je suis fasciné par les Grand Prix. Parce que je sais qui est dans la voiture, je connais les enjeux. Ça parle de gomme tendre, dure, c’est trop drôle. Ça change tout maintenant que Verstappen finisse premier ou troisième, parce que je ne l’aime pas, donc je ne veux pas qu’il gagne », en rigole-t-elle.

Et justement, après des années de domination de Lewis Hamilton, Max Verstappen gagne. Il est même en tête de ce championnat ultra serré depuis le début de la saison, relançant par la même occasion l’enjeu sportif autour de la F1. « Le combat entre Hamilton et Verstappen sert l’histoire que nous racontons sur Canal+, et cette histoire s’écrit en direct », ajoute Julien Fébreau.

L’effet Pierre Gasly

L’histoire de Pierre Gasly s’est écrit le 6 septembre dernier et sa victoire en Italie, une première pour un Français depuis 1996 et Olivier Panis. « Il y a bien évidemment l’aspect sportif qui compte beaucoup, cette victoire de Pierre Gasly a fait résonner et mis en avant la Formule 1. La présence d’Esteban Ocon chez Alpine Racing, une écurie Française, y contribue aussi », estime Pierre Guyonnet. Ils seront d’ailleurs 15.000 spectateurs ce week-end à venir encourager les deux pilotes français de Formule 1 dans la Var.

« On avait vendu toutes les places dès décembre, malgré l’incertitude. Et le changement de date, du 26 juin au 20 juin, a entraîné environ 20 % d’annulation. Tout est reparti très vite lorsque nous les avons recommercialisés, la journée du samedi et du dimanche sont complètes, il ne reste que quelques places pour le vendredi », se réjouit le directeur de la communication du circuit du Castellet.

L’histoire se poursuit aussi sur Twitch depuis quelques semaines pour le commentateur de Canal+. « On constate également cet engouement sur les réseaux sociaux, avec une vraie attente du prochain Grand Prix le week-end suivant. Ça offre une certaine proximité, un prolongement de ce que l’on offre à nos abonnés en poursuivant l’expérience du week-end. On peut aussi se permettre plus de légèreté, avec d’autres codes et ça me plaît bien. On évoque l’actualité de la F1 avec des streamers, des spécialistes, des athlètes d’autres disciplines passionné par la F1 qui apportent un regard extérieur », confie Julien Fébreau. Pierre Gasly est un habitué, et il n’a pas la langue dans sa poche. C’est peut-être sur Twitch qu’on apprendra son transfert chez Mercedes​, sait-on jamais.