France-Italie: Gabrillagues, premiers déçus et concurrence... Semaine décisive pour le retour des Bleus à Marcoussis
RUGBY Le XV de France a vécu une semaine riche en rebondissements pour son retour à Marcoussis
- Les joueurs ont retrouvé cette semaine leur maison francilienne de Marcoussis après plus d’un mois de vadrouille méditerranéenne.
- De l’appel de Gabrillagues à la mise à l’écart de Rattez-Belleau en passant par les changements de Brunel, des Bleus ont vécu une semaine riche en rebondissements.
- Après leur courte défaite contre l’Ecosse, les joueurs de Brunel affrontent ce soir l’Italie, à 21 heures, au Stade de France pour leur dernier test-match avant le Mondial au Japon.
A Marcoussis,
C’est la rentrée à Marcoussis : de retour d’Edimbourg après leur courte défaite contre l’Ecosse, les joueurs du XV de France ont retrouvé cette semaine leur maison francilienne après plus d’un mois de vadrouille méditerranéenne. Le havre de paix avant le départ à la guerre, voilà qui n’est pas sans déplaire à Yoann Huget. « Ça fait du bien de rentrer à la maison. Ici, on a tout à portée, on connaît le site par cœur. On y est bien et quand il y a du soleil c’est encore mieux. Parce qu’on connaissait Marcoussis normalement sous la pluie ou la neige mais l’été, c’est vraiment pas mal pour s’entraîner. »
Ce n’était pas la semaine la plus intense de la préparation, certes, mais les Bleus ont en effet eu le loisir de regoûter aux séances en plein cagnard au CNR, avec un joli 8 heures-13 heures mardi matin. Fatiguant, mais, pas de quoi ébranler la quiétude ambiante. On a aperçu des joueurs se balader dans les allées, passer par le centre presse pour répondre aux impératifs médiatiques et se marrer avec des journalistes avant de repartir les mains dans les poches. On a surpris Fabien Galthié en train de se marrer au loin (si, si c’est vrai) et, un peu plus tard, un Bernard Laporte en mode jeans-baskets serrer des paluches et échanger quelques mots avec deux, trois visages connus avant de partir peinard dans son bureau.
Le soulagement de Gabrillagues, la déception de Rattez et Belleau
N’allez cependant pas croire qu’il n’y avait pas de visages fermés ni de mines déconfites à Marcoussis. C’est juste qu’on ne les a pas vus. Comme celui de Guilhem Guirado, capitaine mis au banc, ou de Paul Gabrillagues, parti à Londres pour convaincre la commission de discipline d’abaisser sa suspension de six semaines pour son déblayage dangereux contre l’Ecosse à Nice. « Paul, il est content et on est contents pour lui, il a eu peur ces derniers jours. C’était assez tendu toute la semaine, il savait pas ce qu’il allait faire parce que s’il prenait six semaines, il ne serait plus là », raconte Gaël Fickou. Ramenée à trois semaines mardi, la punition n’est plus rédhibitoire, mais l’empêchera de jouer le match crucial contre l’Argentine, le 21 septembre. Une des nombreuses absences en deuxième ligne qui poussent Arthur Iturria à reculer d’un cran et, donc, entamer son capital bonne humeur.
« Après c’est pas comme si c’était quelque chose que je détestais ou une nouveauté. Je connais le poste. J’ai juste deux ou trois repères à reprendre. Mais je suis content de jouer, hein, c’est une bonne chose ». Ça ferait sacrément tâche de se plaindre quand on voit qu’à côté de ça, Vincent Rattez et Anthony Belleau ne figurent même pas dans la liste pour le match contre l’Italie et quitteront le stage de préparation sans la moindre minute de jeu à leur actif, alors que Jacques Brunel avait promis de tester tout le monde cet été. Le sélectionneur n’a pas manqué de s’en excuser mercredi en conférence de presse.
« On n’a pas réussi à tenir ce qu’on envisageait de faire, à savoir faire jouer tout le monde. J’en suis désolé pour les joueurs qui ne vont pas participer à ce match. Ça s’explique par le fait qu’on a besoin de voir des formules en rapport avec le format de la compétition [avec des matchs très rapprochés]. Ils sont frustrés, je connais leur frustration et je l’ai vue hier quand je leur ai annoncé. »
Frustrés, mais professionnels, le bourreau de travail et l’enjoué de service étonnent leurs camarades par leur résilience. « Exemplaires », dira Fickou. Iturria est sur la même ligne. « Franchement, ce sont des bonhommes. Ils continuent de travailler comme s’ils allaient partir à la Coupe du monde alors qu’on sait tous que ça va être très compliqué pour eux. C’est remarquable. »
Picamoles, Lauret, Camara… Battle royale pour une place au Japon
Si l’on considère ces deux-là éliminés, il reste encore quatre potentiels déçus dans le groupe de Jacques Brunel. Le test de vendredi servira à faire le tri et le sélectionneur l’a fait sentir à certains tauliers. « Picamoles joue gros comme Wen Lauret, comme Yacouba Camara. Il y a une concurrence entre les trois. Au départ, il y avait deux joueurs désignés comme étant plutôt des remplaçants, comme Ollivon parce qu’il a repris tardivement, ou Cros parce qu’il s’est révélé sur cette fin de saison. Ils avaient ce statut-là de remplaçants, mais ils ont montré à travers leurs rencontres qu’ils pouvaient postuler à un rôle différent. Ceux qui vont jouer vont donc devoir montrer leurs qualités. »
Au total, Brunel a effectué neuf changements par rapport au match précédent pour mettre en place ce « battle royal » interne. Gaël Fickou, dont la place est assurée, prévient quand même : aucun joueur n’a intérêt à installer un climat cannibale même si le contexte de sélection pour le Mondial s’y prête. « On est là plus pour se pousser que se tirer dans les pattes, parce que sur le terrain au Japon, on sera seuls entre nous sur le terrain. » Seuls comme ce pauvre Wesley Fofana, pris au piège entre six Toulousains dans le XV de départ vendredi soir. « On a charrié un peu Wes, on lui a dit que s’il voulait le maillot de Toulouse on pouvait l’accueillir, ça l’a pas trop fait rire », se marre Huget. Jusqu’ici, le groupe vit bien.