CES 2023 : Comment HighWind veut révolutionner les appels d’urgence grâce à l’intelligence artificielle

SECOURS L’appli de la start-up niçoise HighWind peut transmettre des photos analysées sur la nature des blessures notamment. L’entreprise présente son innovation au CES de Las Vegas, qui se tient jusqu’à ce dimanche

Fabien Binacchi
Les images analysées par une intelligence artificielle pourront arriver directement dans les centres d'appel d'urgence
Les images analysées par une intelligence artificielle pourront arriver directement dans les centres d'appel d'urgence — Credit: Highwind
  • Le CES La Vegas 2023 se tient jusqu’à dimanche. Ce salon est l’événement mondial le plus connu dans le secteur des nouvelles technologies, l’occasion pour les entreprises et start-up de présenter leurs innovations.
  • Basée à Nice, la start-up HighWind veut révolutionner les appels d’urgence grâce à la puissance de l’intelligence artificielle.
  • Son appli peut transmettre, en plus de la position GPS et des antécédents de santé que l’on aura renseignés, des photos analysées en direct et qui pourront « déterminer la nature des blessures, s’il s’agit d’une hypothermie, si un incendie s’est déclenché ou encore si on est dans le cadre d’un accident de voiture ».

« Depuis l’introduction du 112 en 1997, il ne s’est rien passé de notable pour les appels d’urgence. » Et ça, Adrien Ricci veut que ça change. Avec une véritable révolution. Cet entrepreneur et ses trois associés, des ingénieurs et des spécialistes du commerce, tous âgés de 35 à 47 ans et basés à Nice, développent HighWind, une appli pour « rattraper le retard » et faire un bond important grâce à la puissance de l’intelligence artificielle (IA).

« Jusqu’à présent, le principe est toujours resté le même : on compose un numéro et on décrit ce que l’on a, ce dont on est témoin ou ce qu’il se passe. Alors, qu’avec nos smartphones, les possibilités sont bien plus importantes et peuvent permettre d’améliorer les diagnostics et donc de gagner un temps très précieux », explique-t-il. Concrètement, HighWind, déjà disponible sur Android et qui pourrait être déployé sur iOS d’ici six mois, peut transmettre, en plus, la position GPS, les antécédents de santé que l’on aura renseignés et surtout des photos prises en direct par l’appareil et analysées par une IA.

Analyser la douleur, la peur ou l’anxiété

« Elle va pouvoir par exemple déterminer la nature des blessures, s’il s’agit d’une hypothermie, si un incendie s’est déclenché ou encore si on est dans le cadre d’un accident de voiture, détaille Adrien Ricci, président d’HighWind. L’étude du contexte permet de déclencher les bons services d’urgence. Le système peut même analyser les émotions, la douleur, la peur ou l’anxiété. » Le procédé, unique au monde dans le cadre des appels d’urgence, fait désormais l’objet d’un brevet.

Toujours en phase d’apprentissage, grâce au « deep learning », l’intelligence d’HighWind se nourrit des images de bases de données médicales et de criminologie, mais aussi « des publications que le personnel urgentiste partage beaucoup sur les réseaux sociaux aux USA », explique le responsable. La start-up a même fait appel à des cobayes « tous volontaires » à qui des décharges électriques (inoffensives) ont été administrées pour améliorer encore l’analyse de la douleur.

Partenariats nécessaires avec les services d’urgence

Même s’il se perfectionne tous les jours avec de nouvelles images, le système est prêt. Reste à le déployer partout dans le monde. Et c’est là qu’un immense chantier s’annonce pour HighWind. « Car il faut nouer des partenariats avec tous les services d’urgence, qui sont régionalisés [comme les services départementaux d’incendie et de secours en France, par exemple] pour que les informations de notre système puissent leur être transmises, précise encore Adrien Ricci. D’ici février ou mars, nous aurons notamment une expérimentation avec les marins pompiers de Marseille. »

Actuellement présents au CES de Las Vegas, les Niçois, qui ont déjà injecté 200.000 euros dans leur start-up, vont également s’employer à nouer des connexions avec les « 911 », les numéros d’appel d’urgence outre-Atlantique. « Sur place, les enjeux commerciaux sont importants, assure le président. D’autant plus que nous cherchons également des investisseurs pour poursuivre le développement de l’appli. »