Equipe de France: Les Bleues SDF pendant le Mondial? Pas grave, «s’il fallait dormir dans le bus, on le ferait!»

FOOTBALL Les joueuses de l’équipe de France n’ont pas été autorisées par la Fifa à faire de Clairefontaine leur camp de base permanent pendant le Mondial

Aymeric Le Gall
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Les Bleues sont installées à Clairefontaine jusqu'au premier match contre la Corée du Sud.
Les Bleues sont installées à Clairefontaine jusqu'au premier match contre la Corée du Sud. — FRANCK FIFE / AFP
  • L'équipe de France féminine a pris ses quartiers à Clairefontaine en vue du match d'ouverture du Mondial, le 7 juin, contre la Corée du Sud au Parc des Princes.Ensuite, les Bleues devront migrer vers Nice puis Rennes, puisque la Fifa a refusé la demande de la FFF de faire de Clairefontaine leur unique camp de base.
    Interrogées par 20 Minutes, les joueuses n'ont pas semblé particulièrement bouleversées par cette affaire.

A Clairefontaine,

En se baladant dans les allées de Clairefontaine, au beau milieu de l’immense domaine de Montjoie dans les Yvelines, on comprend tout de suite pourquoi les équipes de France s’y sont de tout temps senties comme à la maison. Ici, c’est pas Paris, ici c’est isolement, calme et volupté. On est même à la limite de l’EHPAD 4 étoiles, mais passons. Des conditions tellement idéales pour préparer une compétition internationale que l’équipe de France féminine aurait aimé faire de Clairef’ son unique camp de base pendant le Mondial. Mais la Fifa a dit « niet ».

Jusqu’au dernier moment pourtant, la Fédération française de foot a tenté de convaincre l’instance suprême. En vain. Les joueuses de l’équipe de France ne seront finalement autorisées à vivre là-bas uniquement lorsqu’elles joueront au Parc des Princes, c’est-à-dire à l’occasion du match d’ouverture contre la Corée du Sud le 7 juin et, éventuellement en quart de finale, si quart il y a.


Déçues mais pas trop

A bien y regarder, les filles devraient presque s’estimer heureuses car, dans le monde merveilleux des règlements de foot, les joueurs de l’équipe de France avaient dû quitter Clairefontaine et s’exiler dans un hôtel parisien la veille de leur match d’ouverture contre la Roumanie à l’Euro 2016. En cause ? La distance qui sépare le centre national du foot du Stade de France. L’Uefa, exigeait en effet que le lieu d’hébergement d’une équipe se situe à 60 km maximum du stade dans lequel elle va évoluer. Or, entre Clairefontaine et le Stade de France il y a… 67 km.

Revenons à nos joueuses. Visiblement, les filles auxquelles on a posé la question semblent se moquer de cette spécificité logistique. Tant mieux, remarquez. « Honnêtement on n’en a jamais parlé entre nous, assure Sakina Karchaoui, la latérale gauche de Montpellier. Il faut relativiser, on va jouer une Coupe du monde chez nous, on va pouvoir travailler dans de très bonnes conditions donc essayons de ne retenir que le côté positif. » « C’est vrai qu’ici on a nos habitudes, on est comme à la maison, avoue tout de même Aïssatou Tounkara. Mais on va suivre la règle qui a été décidée, même si on aurait été mieux ici, c’est clair. »

La troisième gardienne des Bleues, Solène Durand, se la joue magnanime. « Je comprends le choix de la Fifa. Toutes les équipes n’auraient pas eu un camp de base donc je comprends que, par souci d’équité, ils aient pris cette décision. Mais on s’adaptera, je ne m’inquiète pas pour ça, je pense qu’on sera dans de bonnes dispositions, que la fédé a fait les choses pour qu’on soit bien. Et puis, si on venait à soulever le titre, on aurait peut-être eu des réflexions par rapport au fait qu’on ait eu un camp de base et pas les autres nations. Au moins comme ça, il n’y aura pas de soucis et tout le monde sera dans les mêmes dispositions. » Habile.

Les Bleues vont voir du pays

Plutôt que de se lamenter, les Bleues optent donc pour la méthode Coué, avec en plus des arguments tout à fait recevables. Karchaoui préfère « voir la chose différemment et se dire que c’est peut-être aussi quelque chose de négatif de rester tout le temps au même endroit pendant une compétition ». Elle marque un point. On a souvent entendu dire, que ce soit pendant la Coupe du monde 98 ou l’Euro 2016, que Clairefontaine a aussi le défaut de ses qualités. Située au milieu de nulle part, la maison des Bleu(e)s peut paraître un peu coupée du monde, une sorte de bunker de luxe, pour celles et ceux qui y vivent cloîtrées durant toute la durée d’une compétition.


En changeant trois fois de camp de base durant le premier tour du Mondial, l’équipe de France aura ainsi tout le loisir de voir du pays et de sentir ce qu’il se passe autour d’elle. « Ça ne change pas grand-chose au final, on est habituée, quand on a des stages avec deux matchs, on se prépare ici et après on part dans la ville du match. Ça va être un peu comme ça. Et puis d’un autre côté, on pourra peut-être mieux voir l’engouement populaire », note Tounkara.

« Au final, peu importe où on dort, on a notre objectif en tête de toute façon, celui de disputer une Coupe du monde à la maison et de la remporter, conclut la gardienne de Guingamp. Je pense que tout le monde rêverait de vivre ça donc même s’il fallait dormir dans le bus ou dans une voiture je pense qu’on le ferait quand même ! »