Euro 2016: «Le complexe des Allemands face à l'Italie? C'est du baratin!», lance Daniel Cohn-Bendit
FOOTBALL Pour l'homme politique, il ne faut surtout pas se fier aux statistiques avant le quart de finale de l'Euro 2016 entre l'Allemagne et l'Italie...
À Rennes,
Animateur du « Dany Football Club » sur Europe 1 pendant l’Euro, le Franco-Allemand Daniel Cohn-Bendit ne manquera évidemment pas le quart de finale Allemagne-Italie, programmé ce samedi à Bordeaux (21 h). Si on pouvait deviner qu’il pencherait pour les champions du monde en titre, l’homme politique préfère soutenir en priorité… la France.
Le connaisseur de foot allemand que vous êtes, qui sait que la Mannschaft n’a jamais battu la Squadra Azzurra en compétition officielle (quatre nuls, quatre défaites), doit-il avoir peur à l’approche de cette finale avant l’heure ?
Non mais ça, c’est du baratin ! L’Islande n’a pas souvent battu l’Angleterre… Il faut arrêter avec ça. Moi, de toute façon, je suis pour une demi-finale France-Allemagne, donc je suis pour que l’Allemagne gagne. Mais les Italiens m’ont surpris. C’est une forte équipe qui a un véritable jeu. Contre l’Espagne pendant une heure, c’était très, très fort. Après, ils ont eu un peu de chance, mais dans la première heure, ils pouvaient mener 3-0.
Il n’y a donc pas de complexe côté allemand par rapport aux statistiques mentionnées ?
Mais non, mais non… Le Bayern a bien sorti la Juventus cette saison en Ligue des champions. Si cela veut dire que l’Allemagne va se qualifier ? Je n’en sais rien, mais ces histoires de complexe à cause de l’histoire n’existent que dans la tête des journalistes…
Le plus célèbre duel entre les deux nations reste la demi-finale de la Coupe du monde 1970. On la considère souvent comme « le match du siècle » (victoire 4-3 des Italiens), mais ne serait-il pas plus juste de dire « la prolongation du siècle » (1-1 à la fin du temps réglementaire) ?
Oui, si vous regardez le match de 70, comparé à ceux d’aujourd’hui, vous vous dites : « Mais ils se promènent ! » Ça n’a vraiment rien à voir. Alors oui, Schnellinger égalise à la dernière minute, mais dans la dramaturgie, le match du siècle reste le France-Allemagne de 1982.
Vous étiez effondré devant votre télé, le 17 juin 1970 ?
Non mais moi, je n’ai jamais été un grand supporter de l’équipe d’Allemagne.
Mais pour quelles raisons, du coup ?
Je ne sais pas… Quand j’étais petit, j’étais pour l’équipe de France. Le seul vrai grand football allemand fut celui pratiqué à l’Euro 1972, avec les Beckenbauer, Overath et Netzer. C’était vraiment un foot innovatif. Mais sinon, j’étais beaucoup plus fan du football hollandais, de Cruyff. Ils auraient dû gagner en 1974. En 1954, je n’avais que neuf ans, mais j’étais pour les Hongrois [battus en finale du Mondial par les Allemands]. C’est comme ça !
On vous a reproché ce manque de patriotisme ?
Non, je choisis ce que je veux. J’ai longtemps été pour le Brésil, aussi.
Carlo Ancelotti a déclaré qu’Antonio Conte était le meilleur sélectionneur de l’Euro 2016. Vous êtes d’accord avec ça ?
Il l’est… pour l’instant. Si l’Allemagne bat clairement l’Italie, tout le monde dira que c’est Löw. Et si la France bat l’Allemagne, tout le monde dira que c’est Deschamps. Les palmes et les prix, c’est à la fin qu’on les décerne.
Que vous inspire cette équipe d’Allemagne ?
De la solidité. C’est une machine bien huilée, mais contre la Pologne, elle n’a pas montré grand-chose. Face à la Slovaquie, d’accord, mais les Slovaques ne sont pas des foudres de guerre.
En cas de demie France-Allemagne, vous serez pour les Bleus, comme lors du dernier Mondial ?
Oui, bien sûr ! Même si ça me ferait rire si l’Islande gagnait dimanche…