Patinage : La brigade financière va enquêter sur la gestion de la Fédération sous Didier Gailhaguet

Nouvelle glissade Secouée depuis 2020 par des scandales de violences sexuelles, la FFSG doit maintenant faire face à des soupçons d’abus de confiance du temps de l’ancien président

N.C. avec AFP
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L'ancien président de la Fédération des sports de glace Didier Gailhaguet, ici lors d'une conférence de presse le 5 février 2020.
L'ancien président de la Fédération des sports de glace Didier Gailhaguet, ici lors d'une conférence de presse le 5 février 2020. — AFP

La crise continue à la Fédération française des sports de glace (FFSG), secouée depuis 2020 par des scandales de violences sexuelles. C’est désormais au tour de la brigade financière de s’intéresser à la gestion de l’organisation par Didier Gailhaguet, l’ancien président omnipotent. Une enquête préliminaire va être ouverte, notamment pour abus de confiance, et confiée à la brigade financière, a indiqué mardi le parquet de Paris, sollicité par l’AFP.

Ces investigations font suite à un signalement récent de l’Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche (IGESR). Dans un rapport, dont la synthèse a été publiée samedi, l’IGESR a alerté, entre autres, sur une utilisation indue de la carte bancaire de la fédération et une absence de transparence des contrats sous la gouvernance de Didier Gailhaguet (1998-2004 puis 2007-2020).

Ce dernier, âgé de 69 ans, n’est officiellement plus aux manettes de la fédération depuis trois ans, après avoir été poussé à la démission pour avoir couvert un entraîneur mis en cause pour viols et agressions sexuelles dans un autre dossier. L’inspection sur la gouvernance de la FFSG avant 2020 avait été décidée dans la foulée de l’élection en juin 2022 de l’actuelle présidente de la FFSG, Gwenaëlle Noury, très fortement soupçonnée d’avoir été téléguidée par Didier Gailhaguet. Contactés par l’AFP, l’avocat de Didier Gailhaguet et l’actuelle présidente n’ont pas répondu dans l’immédiat.

« Gestion opaque »

A l’issue de 130 auditions, l’inspection a signalé de nombreux faits : « utilisation de la carte bancaire de la fédération pour des dépenses inappropriées et parfois sans justificatifs », « absence de transparence dans la gestion de certains contrats de prestations de services et de conseils importants avec des sociétés historiquement liées à la FFSG, pour des coûts parfois très élevés au travers de relations interpersonnelles opaques avec l’ancienne équipe dirigeante et administrative ».

Mais aussi « le cumul d’activités d’un salarié » de la FSSG avec « celle de président d’une société prestataire » de 2014 à 2019, « des modalités non réglementaires de rémunération de sportifs de haut niveau et des activités d’agents sportifs non déclarés », « une gestion opaque de la billetterie » avant 2020 ainsi que « des menaces et tentatives d’intimidation des dirigeants actuels ». Cerise sur le gâteau : la destruction d’archives à la « déchiqueteuse », peu de temps avant la fin du mandat de Didier Gailhaguet. Il avait alors été remplacé par Nathalie Péchalat.

Les effets du séisme de 2020 « encore très présents »

« La mission établit les nombreux manquements qui ont marqué la gouvernance de la fédération avant 2020, dont certains peuvent relever du pénal, avait résumé samedi la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra, dans un tweet. Le rapport met en lumière les transformations profondes qu’il reste à réaliser au sein de la fédération, malgré une démarche de remise en ordre opérée par les gouvernances successives depuis 2020, qu’il convient de souligner. »

Ces soupçons d’infractions financières viennent assombrir l’horizon de la FFSG, qui s’enfonce dans la crise depuis l’hiver 2020 et l’affaire Abitbol, la championne qui a raconté avoir été violée à l’adolescence par son ancien entraîneur Gilles Beyer, aujourd’hui décédé. Comme le souligne le rapport de l’IGESR, « les effets de la crise de 2020, ayant mis en cause plus d’une vingtaine d’entraineurs pour des violences sexuelles et sexistes, sont encore très présents », avec des « clivages » et « rivalités entre clubs, entre entraîneurs, entre disciplines, entre anciens sportifs ».