Route du rhum 2022 : « A bord, je dors entre quatre et six heures par jour », confie Thomas Ruyant avant le grand départ

INTERVIEW Ses plats préférés en mer, sa façon de gérer la solitude… Thomas Ruyant dévoile à « 20 Minutes » ses secrets de navigation

Axel Mendy
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Thomas Ruyant, au départ de la Transat Jacques Vabre au Havre, le 5 novembre 2021.
Thomas Ruyant, au départ de la Transat Jacques Vabre au Havre, le 5 novembre 2021. — Maxime Le Pihif / SIPA
  • Depuis Saint-Malo, « 20 Minutes » a pu s’entretenir avec le skipper Thomas Ruyant, qui sera au départ de la Route du Rhum - Destination Guadeloupe.
  • Celui qui a déjà remporté une Route du Rhum en 2010 nous fait part de ses secrets et habitudes de navigation.

Edit du 5 novembre 2022 : L’organisation de la course a annoncé que le départ de la Route du rhum n’aurait pas lieu dimanche à cause de la météo, mais très certainement « mardi ou mercredi ».

A bord de son bateau, le LinkedOut, amarré à Saint-Malo (Ille-et-Vilaine), Thomas Ruyant semble serein. Il n’est pourtant qu’à quelques jours du départ de la Route du rhum - Destination Guadeloupe. C’est sa seconde participation à la fameuse course, après l’avoir remportée en Classe40 en 2010.

Pour 20 Minutes, il est revenu sur sa préparation pour la course, sa vie à bord du bateau, ainsi que ses plats favoris à consommer, dans la petite cuisine de son navire.

Comment la vie à bord d’un bateau lors d’une traversée se passe-t-elle ?

La vie à bord doit être facilitée, et c’est comme cela que l’on a conçu le bateau. On a un siège central à l’intérieur, avec l’électronique autour. De ce poste, je peux basculer très rapidement sur l’extérieur. J’ai un petit réchaud pour cuisiner. Tout est préparé à l’avance, avec une diététicienne, pour que cela soit facile. J’essaie de ne pas manger trop sucré, parce que cela peut m’endormir. Mes plats préférés en mer sont le coq au vin et la carbonade flamande !  [Les bateaux de traversée] sont assez durs et violents à faire naviguer, et c’est important d’avoir tout sous la main et que tout soit prêt, pour avoir le moins à réfléchir. Pour le sommeil, on dort sous forme de petites siestes. Sur 24 heures, je vais dormir entre quatre et six heures, sous forme de sieste de 20 à 30 minutes. Cela va dépendre d’où je me trouve sur l’océan. J’ai un petit réveil, avec une playlist et des flashs de lumière. Et si je ne me réveille pas, j’ai une grosse sirène qui va me sortir de la bannette.



Décrivez-nous une journée classique lors de la Route du rhum

La journée va être rythmée par la météo et les manœuvres que l’on va effectuer sur le bateau. On va traiter et analyser les données météo, pour sortir la meilleure route possible. Et en fonction de cela, on va rythmer notre journée. Sur ma route, il va y avoir des moments plus propices pour dormir, d’autres où je vais devoir rester éveillé, car il y aura une manœuvre, ou un changement de vent important. Les repas rythment aussi la journée, j’essaie de manger à des heures fixes. J’écoute aussi de la musique et des podcasts. Lors du Vendée Globe, j’ai des films à bord. Cela fait aussi partie de la performance de savoir se décentrer du bateau, pour sortir un peu de la compétition et d’y retourner avec de l’envie.

Comment gère-t-on les moments de solitude en mer ?

La solitude est toute relative, car on est seuls sur le bateau, sans assistance possible. Par contre, j’ai quand même des moyens de communication : j’utilise WhatsApp à bord. Mais j’ai besoin de me retrouver dans cette solitude pour faire corps avec mon bateau, avec ce qui se passe autour de moi. Je ne suis pas très friand de l’excès de communication avec la terre. Mon téléphone personnel est d’ailleurs coupé pendant les courses. La solitude, cela se gère, mais quand on part sur un Vendée Globe, il ne faut pas penser aux 80 jours, mais y aller objectif par objectif, et cela passe mieux de cette façon-là.