Basket : « Je préfère qu’on me dise que je joue comme une fille », lance Marine Johannès

INTERVIEW DU LUNDI L'arrière des Bleues a accepté de se confier sur son jeu si particulier. Et n'allez surtout pas lui parler de différences entre le basket féminin et masculin !

Thibaut Gagnepain
Marine Johannès et les Bleues seront revancharges à Tokyo, après leur défaite en finale de l'Euro.
Marine Johannès et les Bleues seront revancharges à Tokyo, après leur défaite en finale de l'Euro. — Alain Coudert/Sportsvisio/SIPA
  • C’est sans aucun doute la joueuse la plus talentueuse de l’équipe de France de basket : Marine Johannès. Une meneuse-arrière capable de tous les gestes possibles et imaginables…
  • D’où vient tout ce talent ? Marine Johannès se dévoile un peu avant les Jeux olympiques.
  • « Je joue à ma façon et c’est tout. Peut-être que les gens disent ça parce que je tente parfois des choses "différentes". J’essaie de créer pour moi mais aussi les autres », explique-t-elle.

« Petit Mozart du basket français », « prodige », « surdouée »… Depuis le début de sa carrière, les superlatifs collent à la peau de Marine Johannès. A cette meneuse-arrière capable de tous les gestes les plus fous et ce, dans toutes les positions. « Avec elle, il faut avoir les mains souvent prêtes, on ne peut pas prévoir les passes ! », résume sa partenaire chez les Bleues, Alexia Chartereau, elle aussi admirative d’une joueuse devenue encore plus complète à 25 ans. Et qui sait ce qu’elle veut, malgré une timidité naturelle. « Quand je connais, ça va mieux », s’amuse l’intéressée, qui a accepté de se dévoiler pour 20 Minutes avant les Jeux olympiques.

Vous êtes souvent présentée comme une joueuse atypique. Qu’en pensez-vous ?

Ça me fait plaisir de l’entendre même si je ne m’arrête pas à ça. Je joue à ma façon et c’est tout. Peut-être que les gens disent ça parce que je tente parfois des choses « différentes ». J’essaie de créer pour moi mais aussi les autres.

D’où vient cette façon de jouer ?

Je pense que ça a commencé quand j’étais petite. J’ai débuté le basket à l’âge de 8 ans et je me suis tout de suite intéressée à la NBA. Sans le vouloir, ça m’a donné des idées pour mon jeu ! Je regardais beaucoup Tony Parker, j’étais fan de lui mais aussi de Michael Jordan et de Kobe Bryant. Je continue à voir des matchs quand je peux et maintenant, j’adore Stephen Curry. J’aime sa dextérité, son shoot, il est plaisant à regarder.

Puisque vous parlez de joueurs stars, certains observateurs disent parfois que vous jouez « comme un garçon ». Comment le prenez-vous ? Est-ce un compliment ?

Je préfère qu’on me dise que je joue comme une fille. Il faut arrêter ce type de remarques, on est tous sportifs, peu importe le sexe. Notre sport est beaucoup moins médiatisé et connu du grand public que chez les garçons mais il y a aussi des joueuses très fortes et très physiques.

Vous en faites partie et restez même sur l’une de vos saisons les plus abouties individuellement avec l’ASVEL. Plus de treize points de moyenne, presque cinq passes décisives par match, une adresse en hausse… Avez-vous le sentiment d’avoir encore progressé ?

Oui, j’ai grandi et je pense comprendre maintenant un peu plus le sens du match. Par rapport au rythme, à ce qu’il y a à faire pour gêner l’adversaire, trouver la joueuse démarquée vis-à-vis de la défense. J’espère continuer à m’améliorer.

Et chez les Bleues, où en êtes-vous ? Voilà désormais six ans que vous êtes appelée. Votre rôle a dû évoluer…

C’est sûr ! J’ai pris de la maturité et ça se ressent dans le groupe. Je suis quelqu’un de naturellement réservée mais maintenant que je connais très bien tout le monde, ça va beaucoup mieux. Est-ce que je suis une leader ? Je n’aime pas trop ce terme. Nous avons un très bon groupe de douze joueuses qui peuvent énormément apporter.

Après l’Euro de cet été, vous allez participer de nouveau aux JO. Qu’est-ce que ça représente pour vous ?

Les Jeux olympiques, c’est l’événement que tout sportif rêve de faire. Les disputer deux fois, c’est énorme et il faut profiter du moment. On ne pourra peut-être pas trop sortir avec les contraintes sanitaires mais on commence à être habitué, je ne vais pas me plaindre.

Vous y retrouverez Nicolas Batum, qui a débuté aussi le basket à Pont-l’Evêque en Normandie. Quelle relation avez-vous avec lui ?

On s’entend très bien. Nico est un peu mon grand frère. Je sais qu’il sera toujours là pour me donner des conseils. On n’a pas trop échangé dernièrement mais ça dépend des périodes.

Vous l’avez imité en disputant en 2019 la WNBA avec le New York Liberty. Y retournez-vous ?

C’est sûr que j’aimerais. J’avais adoré. C’était un rêve pour moi et l’expérience avait été super. J’avais découvert un autre monde. Je ne sais pas comment ça va se passer les prochaines années mais ce sera compliqué pour cet été, après les JO. Je pense que je me reposerai un peu après !