L’aventurier Rémi Camus va tenter la traversée à la nage de 180 km entre Calvi et Monaco, « le plus dur défi » de sa vie
hors terrain L’aventurier explorateur va quitter Calvi à la nage le 7 juin en tractant une plateforme de 180 kg en Méditerranée. Un challenge sportif destiné à sensibiliser le grand public à la question de la préservation des mers et des océans
- Un jeudi sur deux, dans sa rubrique « Hors terrain », 20 Minutes explore de nouveaux espaces d’expression du sport, inattendus, insolites, astucieux ou en plein essor.
- Cette semaine, nous nous consacrons à l’énorme défi que se lance l’aventurier explorateur Rémi Camus. A 37 ans, celui-ci va tenter d’effectuer à partir du 7 juin la traversée à la nage, en totale autonomie et sans assistance, entre Calvi et Monaco, soit 180 km.
- L’ancien vainqueur de l’émission « Wild » sur M6 tient ainsi à sensibiliser le grand public à la question de la préservation des mers et des océans.
Passer entre huit et quinze jours seul en mer Méditerranée, à nager huit heures quotidiennement, c’est la vie qui attend Rémi Camus à partir du 7 juin. Tant qu’à faire, l’aventurier explorateur va se coltiner, pour cette traversée de 180 km entre Calvi et Monaco, une plateforme de 180 kg qu’il va lui-même tracter. Un défi sportif monumental, en totale autonomie et sans assistance, que ce Rhodanien de 37 ans prépare depuis 2020. Cette traversée à la nage aurait dû avoir lieu en septembre 2022, mais elle avait été reportée, dix jours avant le grand départ, en raison d’un problème logistique. « Il m'a fallu du temps pour accepter l’échec, confie Rémi Camus. J’ai pris deux mois pour souffler et me remettre la tête en place afin de rebondir. Après le contretemps de l’an passé, être au départ sera déjà un projet réussi. Après, c’est de l’aventure... »
Et le jeune papa d’Alba (10 mois) sera servi de ce côté-là, sur une eau autour des 15°C. Tributaire au plus haut point des courants en mer et de la météo, son défi a été conçu le plus précisément possible. « L’idée est d’effectuer les trois huit comme en entreprise, sourit l’aventurier qui réside à Villefranche-sur-Saône. Je prévois nager entre 8 et 12 heures, puis entre 14 et 18 heures, afin de parcourir 15 à 20 km par jour. Le reste du temps, je suis sur la plateforme pour me reposer, prendre mes repas lyophilisés et désaliniser de l’eau de mer avec une pompe afin de pouvoir la boire. »
Le déclic grâce à Jamel Balhi
C’est sur cette plateforme de 3 m sur 1,80 m, construite sur une base de catamaran et équipée d’un panneau solaire, que Rémi Camus va également tourner des images, puisqu’un film est prévu sur ce projet en mer inédit. Le goût des folles aventures ne date évidemment pas d’hier pour cet ancien maître d’hôtel dans un restaurant étoilé près de Genève. « J’ai toujours eu envie de rencontrer les gens par un autre biais que celui des circuits du touriste lambda », résume ce dernier, qui garde en tête « des treks de malade en Nouvelle-Zélande ».
Il avait simplement besoin d’un déclic, et celui-ci est venu en lisant Au cœur des Amériques de Jamel Balhi. A savoir l’histoire d’un Lyonnais ayant traversé en courant l'Amérique du nord au sud (24.000 km au total). Un récit comme véritable source d’inspiration pour Rémi Camus, qui organise pendant une année un incroyable voyage en Australie, en 2011. Avec sa remorque accrochée à un harnais, il y traverse tout le pays en courant, soit 5.400 km en cent jours, dont vingt-cinq qu’il a tenu à passer aux côtés des aborigènes. « C’était une aventure pour découvrir mes limites, se souvient-il. Je n’imaginais pas qu’il pouvait y avoir des endroits aussi reculés dans le monde, à 50°C et à 700 km de la première ville. »
« Le gugusse en hydrospeed » sur le Mékong
Rémi Camus revient de ce périple « marqué » par une problématique. « La quête de l’eau est la priorité absolue dans un univers aussi hostile, explique-t-il. Ça fait péter les plombs et après quatre jours dans le désert sans boire là-bas, j’ai fini par boire mon urine pour ne pas mourir. J’ai compris à quel point des gens devaient se battre toute leur vie pour avoir un accès à l’eau. » C’est ainsi que l’eau va devenir le fil rouge de ses aventures, à commencer par sa descente du fleuve Mékong en hydrospeed, du Tibet jusqu’au Vietnam (4.400 km), pendant cinq mois en 2013.
Je ne pensais pas qu’un fleuve au monde pouvait être si pollué. Cette folle quantité de déchets a soulevé des questions en moi. Mais le mode de vie y est tellement différent du nôtre. Et quand ta préoccupation est de survivre, l’environnement passe bien entendu au second plan. »
Face à une population ne parlant le plus souvent pas un mot d’anglais, Rémi Camus garde en tête d’immenses difficultés sur le plan social dans ce défi. « Je me suis retrouvé à dessiner à la Tour Eiffel par terre pour faire comprendre d’où je venais, sourit-il. Les populations locales hallucinaient de voir un gugusse sortir de l’eau en hydrospeed. La barrière de la langue m’a pris une énergie de ouf. » Plus encore donc que les 16 heures par jour à palmer en Asie. Un projet qui va là aussi bientôt être porté à l’écran, afin de montrer l’impact qu’il a eu sur l'aventurier, dix ans après.
Le coup de pouce de l’émission « Wild » sur M6
Médiatisé et davantage « professionnalisé » en raison de sa participation à l’émission « Wild » (sur M6) qu’il remporte en 2018, Rémi Camus réalise dans la foulée le premier tour de France à la nage, de Dunkerque à Monaco. Soit 2.650 km en trois mois et demi, et la problématique environnementale de la pollution en mer s’impose alors à lui. « En 2018, ce n’était pas encore une actualité vraiment mise en avant sur le plan médiatique, explique-t-il. J’ai pu constater à quel point nos côtes étaient très très sales », à l’image de la décharge à ciel ouvert de Dollemard, au Havre.
« En arrivant à Monaco, je me suis même rendu compte que la mer Méditerranée était une véritable poubelle. C’est comme ça qu’est né le projet Calvi-Monaco, pour sensibiliser le plus grand nombre de personnes à la dégradation de notre environnement. » Une thématique sur laquelle Rémi Camus a pu échanger… avec Albert de Monaco, qui a tenu à le recevoir dans son palais princier à la fin de son tour de France à la nage.
Il démarre ses journées en entrant dans un congélateur
Durant ces trois mois et demi, l’aventurier en a profité pour rencontrer des enfants et ramasser des déchets avec eux sur les plages. Une sensibilisation des jeunes générations qu’il poursuit, en intervenant dans des écoles de la région lyonnaise. Dans son « aventure humaine » Calvi-Monaco, Rémi Camus est accompagné (de loin) par deux vidéastes, à bord d’un voilier, avec lequel il ne communiquera pas du tout durant la traversée. « On va vers l’inconnu, je ne sais pas comment mon corps va réagir en étant immergé plus d’une semaine », glisse l’aventurier, qui s’est préparé en nageant très souvent dans la Saône, et en entrant chaque matin pendant une quinzaine de minutes… dans un congélateur à 0°C !
Le Caladois va profiter de son challenge pour apporter des données au CHU de Grenoble, curieux d’évaluer les conséquences sur le corps humain de cette plongée « dans un environnement aussi anxiogène », avec tout le stress que cela peut lui procurer. Il va donc effectuer des tests salivaires quotidiens, ainsi que des analyses du contrôle de la qualité de l’air et de l’eau qu’il fournira au laboratoire Wessling.
Un défi sportif complet, qui « pourrait donner envie aux gens de se dépasser », tout en servant « la cause de la préservation des mers et des océans », comme y tient Rémi Camus. Avec la part d’inconnu qui fait le sel du projet : « Je m’attends à vivre mon aventure la plus dure jusque-là. C’est tellement challengeant de devoir être toujours tout seul en mer. C’est la première fois où je n’aurai aucun repère dans l’espace, ce qui est déstabilisant. » Un doux euphémisme pour qualifier ce défi aquatique de 180 km en tractant sans cesse le poids d’un ours.