E-sport : « On les voit autrement », les jeux vidéo enfin rassurants pour les parents des e-sportifs ?

REPORTAGE Kayane, joueuse professionnelle de jeu de combat a organisé samedi à Argenteuil, le premier événement d’e-sport de sa ville pour montrer l’impact positif de la discipline au grand public autour de bornes d’arcade et de tournois

Adrien Lachet
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La championne de jeux de combat Kayane souhaite à travers cet événement accompagner la nouvelle génération d'enfants dans son univers.
La championne de jeux de combat Kayane souhaite à travers cet événement accompagner la nouvelle génération d'enfants dans son univers. — Adrien Lachet / 20 Minutes
  • 20 Minutes s’est rendu samedi au « Game Impact », le premier événement e-sport de la ville d’Argenteuil organisé par Kayane, championne de jeux de combat.
  • Sur place, des jeux compétitifs en libre accès et des tournois ont permis aux parents et aux enfants de découvrir le milieu compétitif du jeu vidéo.
  • Si la démocratisation de l’e-sport auprès des parents est toujours lente, la professionnalisation de la discipline rassure, surtout auprès des jeunes parents.

Les consoles étaient alignées et les manettes posées sur les tables de l’Atrium d’Argenteuil samedi. « Game Impact », c’était le nom de l’événement organisé par Kayane, championne de jeux de combat à la renommée internationale, en collaboration avec la ville d’Argenteuil dont elle est originaire. Une initiative pour faire découvrir aux parents et aux enfants présents sur place « l’impact positif du jeu vidéo et de l’e-sport. Je voulais qu’on attire un autre public que la communauté jeu de combat que je connais déjà » souligne Kayane.

« Un moment de découverte » pour les parents

Toute la journée, les visiteurs ont pu découvrir plusieurs jeux rétros ou récents installés dans la salle de l’Atrium. Manette à la main, beaucoup de parents se sont prêtés au jeu d’affronter leurs enfants. C’est le cas de Nadia Taleb, 40 ans, qui est venue avec son fils Ismaël, 7 ans : « C’est vrai qu’on a une image, moi la première en tant que maman, négative des jeux vidéo. J’aime bien ce type d’événement parce que ça permet de les voir autrement. C’est un moment de découverte, je n’avais jamais joué aux jeux vidéo avant ». Milieu compétitif oblige, deux tournois étaient aussi ouverts aux joueurs amateurs et professionnels sur Dragon Ball FighterZ et Tekken 7 retransmis sur la scène.

Les e-sportifs se sont affrontés sous les applaudissements et les acclamations du public pendant que deux commentateurs professionnels traduisaient les actions des personnages sur le grand écran pour faciliter la compréhension : « Je regardais tout à l’heure et ça m’a fait rire, on a vraiment l’impression de suivre une compétition de sport s’exclame Nadia. Je ne savais pas qu’il y avait des compétitions à ce niveau-là, de manière aussi professionnelle ».



C’est pourtant ce qui rythme le quotidien de Kayane depuis son plus jeune âge : « J’ai commencé les jeux vidéo à 4 ans, les jeux de combat à 7 ans et les tournois à l’âge de 9 ans ». Une passion qu’elle a héritée de ses frères, eux aussi joueurs compétitifs. « Mes parents étaient donc habitués et ça s’est fait naturellement. Tant que j’avais des bonnes notes à l’école, on me permettait d’aller le week-end en tournoi », ajoute Kayane, qui a mergé à une époque où la vision de l’e-sport était très différente.

« Les seuls endroits où on pouvait en parler, c’était souvent les médias télés qui en parlaient mal la plupart du temps, donc ça ne rassurait pas mes parents. Ce qui les aurait rassurés, c’est que je travaille en CDI dans une grosse boîte », explique-t-elle. Pour la championne, l’apparition de nouveaux canaux de diffusion a contribué à apaiser les craintes des parents inquiets : « On a les réseaux sociaux, YouTube, des diffuseurs comme la plateforme de streaming Twitch, qui ont permis de démocratiser la discipline et de promouvoir de nouveaux métiers autour du jeu vidéo ».



Des mentalités qui changent

Avec la professionnalisation de l’e-sport, certains joueurs présents à l’événement peuvent maintenant vivre des compétitions de jeux vidéo. C’est le cas de Yasha, joueur professionnel sur Dragon Ball FighterZ, qui a remporté le tournoi du Game Impact pour la structure Solary : « Ma mère m’a toujours soutenu dans ce que je faisais, même si c’était une voie inconnue et qu’elle était parfois incertaine au niveau de mon avenir », souligne le joueur. Plusieurs éléments ont permis à Yasha de démontrer à son entourage que ce choix de carrière n’était pas une impasse :

Quand ma mère a vu que je commençais à acquérir de la notoriété, à remporter des cashs prizes (gains d’un tournoi), que je voyageais pour les compétitions, que j’avais signé chez une équipe professionnelle (Solary) l’année dernière, elle était contente. Quand elle voit le phénomène, elle se dit que ce n’est pas juste jouer dans le vide et perdre son temps ».

A l’event d’Argentueil, de très jeunes parents s’intéressent aussi à la discipline, comme Wilfrid, 26 ans, père d’une petite fille de six mois : « Je pense qu’aujourd’hui, on fait partie d’une nouvelle génération de parents qui ont quand même beaucoup de recul sur les jeux vidéo. »

« J’encouragerai ma fille au maximum »

L’Argenteuillais, e-sportif amateur, a fait le déplacement au Game Impact pour affronter les meilleurs joueurs du tournoi de Tekken 7. Passionné de jeux vidéo, il souhaite que l’e-sport soit plus popularisé : « C’est une discipline qui a énormément de légitimité, qui doit être prise au sérieux. On a un vivier de talents en France qui peut faire de grandes choses », annonce Wilfrid.

Pour lui, la pratique de l’e-sport par sa fille ne serait pas un problème : « Je serais totalement d’accord pour qu’elle devienne joueuse professionnelle. C’est comme le sport, ça nous rassemble tous, si ma fille choisit dans le futur les jeux vidéo, je l’encouragerai au maximum ». Une mixité qui manque dans ce milieu malgré la présence de Kayane comme ambassadrice de l’événement.