Roland-Garros 2022 : Iga Swiatek peut-elle être la star qui manque au tennis féminin ?
TENNIS La Polonaise, qui dispute la demi-finale du tournoi ce jeudi face à la Russe Kasatkina, gagne tout depuis des mois
- Iga Swiatek est la nouvelle star du circuit féminin.
- La nouvelle numéro 1 mondiale est invaincue depuis la mi-février.
- Déjà vainqueur de Roland-Garros en 2020, la Polonaise est la grande favorite du tournoi
A Roland-Garros,
Les chiffres donnent le tournis. Opposée ce jeudi à la Russe Daria Kasatkina en demi-finale de Roland-Garros, Iga Swiatek reste sur une série folle de 33 victoires consécutives depuis la mi-février. Si elle gagne le tournoi dimanche, la Polonaise, déjà titrée en 2020 à Paris, battra même le record de succès d’affilée pour une joueuse au XXIe siècle.
Orphelin d’une vraie tête d’affiche depuis la pré-retraite de Serena Williams, le tennis féminin est peut-être bien train de trouver sa nouvelle patronne. Et c’est forcément une bonne chose pour Guy Forget.
Un jeu spectaculaire
« Le tennis a besoin d’ambassadeurs et de tauliers, de gens qui tiennent la maison. Chez les hommes, on en voit depuis quinze ans. Mais chez les femmes, ça a été assez fluctuant dernièrement. Dans le foot, si je vous dis Messi, Ronaldo, ça fait quinze ans qu’on parle d’eux et qu’ils font parler de leur sport. Ce n’est pas toujours bien que ça change tous les mois. Là, ça commence à se stabiliser et je crois que c’est bien », affirme l’ancien tennisman.
Héritière de la pancarte de numéro 1 mondiale depuis le retrait soudain de l’Australienne Ashleigh Barty en mars dernier, Swiatek a parfaitement assumé son statut sur les courts. « J’adore cette fille, elle a un jeu incroyable et elle fait du bien au tennis féminin. Elle fait évoluer le jeu. Elle va vraiment vers l’avant et elle est bien au-dessus des autres », s’emballe ainsi Henri Leconte. « Elle a du charisme, elle peut aller chercher le public, elle aime jouer devant les gens », renchérissait Justine Hénin début avril sur Eurosport.
Une joueuse engagée
Mais pour tenir la maison, les résultats et le jeu ne sont pas suffisants. Dans un monde marketé comme jamais, il faut aussi une personnalité forte capable d’imprimer les esprits. Et ça tombe bien car la numéro 1 mondiale, malgré ses 21 ans, a déjà commencé à s’affirmer et n’hésite pas à s’impliquer. En octobre dernier, elle ainsi versé 52.000 dollars, ses gains du troisième tour à Indian Wells, à une association qui aide à la santé mentale.
Elle n’hésite pas non à dire ce qu’elle pense comme mercredi à Roland-Garros où elle a reproché à Amélie Mauresmo, la directrice du tournoi, ses explications sur le manque de programmation de matchs féminins en night-session. Et depuis l’invasion de la Russie par l’Ukraine fin février elle épingle sur sa casquette un ruban aux couleurs de l’Ukraine.
« Il faut soutenir l’Ukraine, il y a bien plus important que le sport », martèle la championne qui sait que son nouveau statut de numéro 1 l’expose. « Je ressens davantage de pression, de responsabilités qui m’incombent. Parce que je veux quand même être impliquée, mais d’un autre côté, je sais que quand j’en fais trop, mon tennis risque d’en pâtir. C’est très difficile, mais j’essaie de trouver le juste équilibre ».
Elle travaille son mental avec une psy
Pour garder la tête sur les épaules et ne pas trop se disperser, Swiatek bosse à plein temps avec une psychologue du sport. Dans un circuit féminin marqué par les récents burn-out de Naomi Osaka ou d’Ashleigh Barty, la Polonaise s’appuie sur les services de sa compatriote Daria Abramowicz qui l’accompagne sur les tournois. Une méthode qui a l’air de fonctionner et qui pourrait donner des idées aux autres joueuses selon Tatiana Golovin.
« En travaillant sur l’aspect mental et psychologique avec la psy qui elle voyage, elle a pris une autre dimension et croit en elle. Elle va donner exemple à beaucoup de joueuses qui vont peut-être prendre conscience qu’il ne faut pas juste jouer au tennis et être forte physiquement, il y a aussi le mental qui est super important », assure l’ancienne joueuse française.
Des rivales à trouver
Résultats, mental et physique au top, Iga Swiatek roule sur le tennis féminin. Mais gaffe quand même à ne pas non plus écraser tout le monde pour garder un minimum de suspense et d’intérêt. « C’est forcément bien d’avoir en ligne de mire quelqu’un qui est tout là-haut. Mais il faudrait qu’elle ait quand même une rivale, ce qu’elle n’a encore pour l’instant », constate le DTN Nicolas Escudé.
« Il faudrait qu’il y ait deux ou trois joueuses pour qu’il y ait une concurrence. C’est comme ça qu’on arrive à créer de belles histoires et que le public arrive à suivre », confirme Golovin. Même si Swiatek manque encore de rivales, la Polonaise a tout pour endosser le costume de la patronne. Reste qu’une surprise n’est pas à exclure d’ici la fin de Roland-Garros. Sur les huit dernières années, le tournoi a récompensé huit joueuses différentes dont Swiatek en 2020. Il est plus que temps de remettre de l’ordre.