Formule 1 : Hamilton et Verstappen vont-ils réussir à se départager proprement sur la course pour le titre ?

FORMULE 1 Le titre de champion du Monde 2021 va se jouer dimanche lors de ce dernier grand prix d’Abou Dhabi, entre Lewis Hamilton et Max Verstappen. Face à l’incroyable rivalité des deux pilotes, ce duel historique pourrait se terminer chez les commissaires

Adrien Max
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Le duel entre Hamilton et Verstappen s'annonce intense à Abou Dhabi.
Le duel entre Hamilton et Verstappen s'annonce intense à Abou Dhabi. — Giuseppe CACACE / AFP
  • Le titre de champion du Monde de Formule 1 va se jouer lors du dernier Grand Prix de la saison, ce dimanche en Arabie Saoudite (14h), entre Lewis Hamilton et Max Verstappen.
  • Les deux pilotes sont à égalité avec 369.5 points avant ce 23e Grand Prix de la saison.
  • L'épilogue de cette saison rugueuse, qui a vu Hamilton et Verstappen s'accrocher à plusieurs reprises, pourrait se jouer devant les commissaires tant la tension est palpable et le risque d'accrochage important.

Rendez-vous au dernier virage. Ou chez les commissaires. Lewis Hamilton et  Max Verstappen, à égalité parfaite avec 369.5 points, vont se disputer le titre de champion du Monde de  Formule 1 ce dimanche à Abou Dhabi (14h). Après un dernier Grand Prix en Arabie Saoudite complètement dingue, « le plus fou », jamais vécu par Franck Montagny, ancien pilote de F1 et consultant sur Canal +, les deux pilotes vont tout donner pour remporter le premier titre de sa vie pour Verstappen, ou le huitième, un record, pour Hamilton.

La semaine dernière, ils se sont tiré la bourre durant toute la course, avec plusieurs dépassements, et tassements virils. « Pour l’un comme pour l’autre, ils étaient à la limite du pas bien. Heureusement il n’y a pas eu de problème, mais il ne faut pas que ça aille plus loin, parce que ça pourrait déborder », s’inquiète Franck Montagny.

« Les règles ne sont pas toujours appliquées de la même façon »

Comme lorsque Hamilton est venu heurter la monoplace de Verstappen alors que celui-ci tentait un énième coup de malice en rendant sa position au Britannique, juste avant une zone de DRS, pour tenter de le redoubler dans la foulée.

 « Les deux pilotes ont trouvé des parades incroyables, avec une façon de faire qui démontre qu’au-delà des pilotes extraordinaires qu’ils sont, ils ont une parfaite connaissance du règlement et des lignes à ne pas dépasser », estime Franck Montagny.
 

Un règlement strict, mais avec des applications plus ou moins floues, comme lorsque Michael Masi, le directeur de course, se l’est joué vendeur de tapis en négociant un deal directement avec les écuries. Il a proposé à RedBull de rendre la place à Hamilton, après un premier tassement de Verstappen sur le numéro 44. En cas de refus, l’incident serait monté chez les commissaires de course pour une éventuelle pénalité. « Ce n’était pas de la F1, c’était du karting de location. Si l’on veut un show hollywoodien, c’était incroyable. Mais est-ce que c’est ça la F1 ? Je ne sais pas », a sévèrement jugé Jacques Villeneuve sur motorsports.fr.

Une pratique à la vue de tous, donc transparente, à la différence d’autres plus anciennes, qui a surpris. Mais qui trahit une volonté de laisser le spectacle se faire, plutôt que de faire monter l’incident chez les stewards, qui auraient fait tomber les sanctions.

Verstappen s’est d’ailleurs vu infliger deux pénalités de 5 secondes après l’arrivée, finalement sans conséquence vu son avance sur Bottas, 3e. « Je pilote durement et je n’aurais pas dû être pénalisé pour quoi que ce soit à Jeddah. D’autres font exactement la même chose, mais ne reçoivent même pas d’avertissement. Je reçois une pénalité. Ce n’est pas juste », s’est d’ailleurs plaint Verstappen à quelques heures du final de la saison, comme on met la pression sur l'arbitre avant le match du week-end. 

« Un accrochage serait bénéfique pour Verstappen »

Avec l’avantage au nombre de Grand Prix gagnés cette saison, 9 contre 8 pour Hamilton, Verstappen serait titré en cas d’abandon des deux leaders du championnat. Vu les nombreux accrochages entre les deux pilotes (Silverstone, Monza, Interlagos), une telle issue n’est pas impossible. Comme lors du dernier GP de la saison 1994, lorsqu’après avoir perdu le contrôle de sa Benetton, le fourbe Michael Schumacher était venu délibérément heurter la Williams de Damon Hill. L’Allemand, qui finissait dans les pneus de portection, avait réussi son coup : il était titré champion du monde pour un point devant Damon Hill, contraint à l’abandon pour une suspension cassée. 

« Un accrochage serait bénéfique pour Verstappen. Après Hamilton l’a déjà aussi emmené au large, rappelle Franck Montagny. Les deux sont au même niveau, l’un est plus jeune, plus agressif, se camoufle moins, l’autre est plus malin. Mais l’avantage est clairement pour Verstappen en cas d’égalité ». Et donc de double abandon. Et à écouter Helmut Marko, responsable des pilotes chez Redbull, cette sombre perspective n'effraie pas le Néerlandais. « Il n’y a aucune raison pour que Max se montre moins agressif en piste », avait-il prévenu après le GP d’Arabie Saoudite.

Le titre pourrait donc tout simplement se jouer après le drapeau à damier, chez les commissaires en cas de nouvel incident. « J’espère que non. Le circuit d’Abou Dhabi est quand même plus sécurisé pour les voitures et moins propices aux accrochages. Même si ça ne m’étonnerait pas que ça se finisse sur une histoire de pénalité », embraye Franck Montagny.

Notes spécifiques pour ce Grand Prix

« Je crois que tout le monde ici en course vient pour gagner. J’aimerais croire que tout le monde veut le faire de la bonne manière, donc je ne laisse pas cela s’immiscer dans mon esprit », a préféré tempérer le flegmatique Lewis Hamilton, du haut de son expérience.

Mais à lire les notes spécifiques -sorte d’instructions générales et de rappel des règles- rédigées par le directeur de course Michael Masi pour ce dernier Grand Prix, cette crainte de voir la saison se finir de manière trop virile est dans tous les esprits.

 « Les commissaires pourront également décider d’infliger les pénalités suivantes : suspension pour une ou plusieurs compétitions, retrait de points pour le championnat. Nous espérons que ce ne sera pas nécessaire. Mais c’est l’un des outils disponibles. J’espère que le championnat ne se décidera pas chez les commissaires, mais avec les deux gars en piste. Cela dépend d’eux et de personne d’autre ».
 

« Il y a une pression de dingue chez les commissaires, dans le paddock, rebondit Montagny. C’est un championnat de ouf. Après 22 courses, on recommence à zéro. Les écuries dépensent des millions d’euros, énormément de choses sont prises en compte, et tout va se jouer sur la dernière course. Ou chez les commissaires ». Une pression qui pourrait ne retomber que tard dans la nuit d’Abou Dhabi.