Montpellier - Bordeaux : Junior Sambia, l’apport en oxygène
LIGUE 1 Junior Sambia a inscrit un coup franc magnifique contre Bordeaux. Un but qui signe le renouveau d’un joueur au destin hors du commun
- D’un magnifique coup franc, Junior Sambia a remis ses partenaires sur de bons rails alors menés 1-0 par Bordeaux. Le MHSC s’est finalement imposé 3-1.
- Onze mois plus tôt, le footballeur, placé en réanimation après avoir contracté le Covid19, luttait pour sa vie.
- Une expérience traumatisante. « Je veux l’oublier, je veux passer à autre chose », explique-t-il.
Quel coup de pétard ! Junior Sambia a pris des allures de Juninho au stade de la Mosson où Montpellier a dominé Bordeaux (3-1). Le coup franc était à un peu plus de 25 mètres dans l’axe, quand le latéral droit a pris le ballon convoité par Savanier et Mollet, avec autorité. « On est trois désignés à pouvoir tirer les coups francs. Le but, c’est de tourner… et de la mettre au fond. »
De la parole au geste, sa frappe s’est terminée dans la lucarne de Costil qui n’a fait que l’accompagner du regard sans esquisser le moindre geste. Un but essentiel, puisque Montpellier était alors mené 0-1 après l’ouverture du score de Hwang. « Junior a déjà mis pas mal de coups francs à l’entraînement, détaille son coach Michel Der Zakarian. Il a une façon de frapper bien à lui. Il traverse bien le ballon. Il a mis une frappe rectiligne. Que cela soit pour les penalties ou les coups francs, on a des joueurs qui sont bons dans ce registre. Celui qui se sent le mieux frappe. » Ce but a sonné la révolte de Montpelliérains pleinement concernés par la course à l’Europe.
Le coma artificiel en avril 2020
Que Sambia ait pris la décision de tirer ce coup franc et surtout qu’on lui a laissé l’opportunité de le faire, témoignent de la montée en puissance du joueur recruté à Niort, en L2, en 2018. Sambia n’est plus Junior que par le prénom. À gauche, au milieu dans l’axe ou sur le côté, il a longtemps été le bouche-trou du MHSC, capable de jouer à tous les postes sans jamais s’y installer. Mais ça, c’était avant. Avant « qu’il ne comprenne le métier, expliquait récemment Pascal Baills. Il met l’intensité et l’investissement et cela se répercute dans ses matches. Il a une autre approche. »
Son but met une autre actualité autour de son nom. Pour le profane, Sambia, c’est d’abord ce joueur, qui, en avril 2020, fut le premier footballeur professionnel hospitalisé après avoir contracté le Covid-19. Une forme grave de la maladie, au point d’être plongé dans un coma artificiel. « Je n’arrivais plus à respirer. C’était la catastrophe. J’ai eu peur. Je suis l’une des causes de l’arrêt définitif en France. »
« Le destin de chacun est tracé, j’ai repris le mien sur le terrain ».
Une expérience traumatisante. « Je veux l’oublier, je veux passer à autre chose. J’aimerais ne plus en parler, j’aimerais que l’on ne me parle que de football, expliquait-il à Midi Libre. Je veux laisser tout ça derrière moi. » Une expérience dont il est forcément ressorti changé. « Je suis toujours le même, mais peut-être plus joyeux. Je remercie le bon Dieu chaque jour d’être en bonne santé. Le destin de chacun est tracé, j’ai repris le mien sur le terrain. Aujourd’hui, je suis heureux. »
Heureux dans la vie et épanoui ballon au pied. Face à Bordeaux, Sambia n’a pas seulement inscrit son premier but de la saison. Il a multiplié les initiatives. Comme à chaque apparition depuis que Michel Der Zakarian lui a confié le couloir droit, le 1er novembre à Saint-Etienne, à la place d’Arnaud Souquet. Un choix vivifiant.