JO 2020 : Lâchée par ses sponsors, la nageuse Assia Touati lance un financement participatif pour mener sa quête olympique

JEUX OLYMPIQUES Alors qu’elle vise les Jeux olympiques de Tokyo, la nageuse toulousaine de l'équipe de France Assia Touati a perdu des sponsors depuis le début de la crise sanitaire, comme beaucoup d'autres sportives et sportifs

Nicolas Stival
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La nageuse Assia Touati lors des championnats de France à Rennes, le 18 avril 2019.
La nageuse Assia Touati lors des championnats de France à Rennes, le 18 avril 2019. — Damien Meyer / AFP
  • La nageuse de l’équipe de France Assia Touati, licenciée aux Dauphins du Toec, souffre comme de nombreux autres athlètes de haut niveau du désengagement de partenaires économiques, touchés par la crise liée au Covid-19.
  • Pour optimiser sa préparation aux Jeux olympiques de Tokyo, l’été prochain, la championne d'Europe 2018 du relais 4X100 m nage libre a lancé une campagne de financement participatif.

Sport de haut niveau ne rime pas forcément avec pluie d’euros. Le constat n’a rien de nouveau, mais il est encore plus vrai depuis le début de l’épidémie de coronavirus, qui a contribué à assécher les porte-monnaie de nombreux athlètes, dont celui de la Toulousaine Assia Touati.

Déterminée à disputer les Jeux olympiques de Tokyo déplacés à l’été 2021, la nageuse des Dauphins du Toec a lancé une campagne de financement participatif, sur la plateforme Ulule : « J’ai perdu des sponsors à cause du Covid-19, explique la championne d’Europe en relais 4X100 mètres nage libre en 2018. Déjà que notre sport attire peu de partenaires car il est assez peu médiatisé… C’est encore plus dur de pouvoir rivaliser avec les meilleures qui ont tous les sponsors. Certaines nageuses disposent par exemple d’une combinaison pour chaque course. »

Des démarches infructueuses au printemps

Les démarches entreprises auprès de potentiels sponsors lors du premier confinement n’ont rien donné. Pire : ces derniers mois, la jeune femme de 25 ans a été lâchée par une marque de compléments alimentaires. Elle a aussi dû acheter une voiture après la fin du partenariat entre son club et un concessionnaire.

« Les Dauphins du Toec m’aident beaucoup, je ne peux pas me plaindre, reprend Assia Touati. La base, je l’ai grâce à mon club, qui verse une somme selon des grilles établies en début de saison, par rapport à un certain nombre de critères et aux performances de l’année précédente. Cette année, je dois toucher environ 4.000 euros. Après avoir été championne d’Europe, c’était 8.000 euros. »

D’autres sportives ont fait de même

La sprinteuse des bassins a déjà collecté plus de la moitié de l’objectif initial (3.000 euros, avant le 20 décembre) dans sa campagne de « crowdfunding » initiée plus précisément par « le Collectif des sportives ». Cette association a déjà poussé les projets olympiques d’une autre nageuse de l’équipe de France, Margaux Fabre, et de la short-trackeuse Tifany Huot-Marchand, qui ont atteint leurs objectifs, toujours sur Ulule.

Cette somme semble presque dérisoire à l’échelle du sport-business. Mais elle constituerait un sacré coup de pouce pour l’étudiante en troisième année de psychologie, qui estime ses besoins à l’année aux alentours de 10.000 euros, entre les frais de la vie courante (loyer, nourriture…) et les petits plus qui pourraient lui faire grappiller des dixièmes de secondes dans l’eau : équipement, cours de préparation mentale en plus de ceux payés par son club, séances chez l’ostéopathe…

« Pour l’instant, mes parents restent mes premiers financiers, relève la nageuse. J’ai aussi fait un prêt étudiant lorsque je me suis installée à Toulouse. » Plongée dans le grand bain depuis l’âge de huit ans, dans sa ville lorraine de Sarreguemines, Assia Touati fréquente les bassins toulousains de l’île du Ramier, depuis 2014, à raison de « cinq à six heures par jour ».

« On ne gagne rien du tout grâce à la natation »

A trois longueurs de là est posé le Stadium où s’entraînent les footballeurs du TFC, qui n’ont pas exactement les mêmes soucis. Mais aucune goutte de jalousie ne filtre dans les propos de la nageuse, bien loin des revenus des stars de ce sport, comme jadis Michael Phelps ou encore la famille Manaudou. « On ne gagne rien du tout grâce à la natation. Mais si tout va bien, si je performe et que tout se passe bien aux Jeux olympiques, pourquoi ne pas continuer ? »

Ses prochaines échéances doivent conduire cette spécialiste des 100 m et 200 m nage libre aux championnats de France de Saint-Raphaël (du 10 au 13 décembre) où elle espère se qualifier pour les « Europe », en mai 2021 à Budapest. Mais c’est en juin lors des « France » de Chartres qu’Assia Touati devra terminer dans les quatre premières, pour intégrer les relais des JO de Tokyo, son principal objectif (du 23 juillet au 8 août 2021).

Dans quelques années, la nageuse se verrait bien devenir psychologue du sport, puis travailler avec des enfants. Mais d’ici là, elle a une quête à mener, vers son Graal japonais.