FC Nantes: «J'ai vu ce club changer de mentalité au fil des années...», raconte Loïc Guillon

INTERVIEW L'ancien défenseur nantais a décidé de stopper définitivement sa carrière de footballeur...

David Phelippeau
Loïc Guillon, le 1er avril 2007 lors d'un funeste Nantes-Sedan à la Beaujoire.
Loïc Guillon, le 1er avril 2007 lors d'un funeste Nantes-Sedan à la Beaujoire. — EVRARD JS/SIPA
  • Loïc Guillon (36 ans) vient de stopper sa carrière de footballeur à Vertou (N3).
  • L'ancien défenseur du FCN de 2003 à 2009 raconte ses quinze ans de football, et notamment ses années nantaises.

« C’est fini, c’est clair… » Loïc Guillon, 36 ans, a mis fin à sa carrière de footballeur il y a quelques jours. « Je l’ai annoncé, je veux me consacrer à ma vie de famille et mon travail… », précise celui qui est commercial pour une boîte carquefolienne spécialisée dans la protection solaire (« Tiss’Décor »). Guillon tourne une page de 15 ans consacrés au football, dont 13 dans le milieu professionnel (2003-2016) : Nantes, Vannes, Carquefou, Angers, Luçon puis Vertou, son dernier défi. Pour 20 Minutes, le défenseur central revient sur l’expérience qui l’a le plus marquée : le FCN (1998-2009). Entretien.

Comment jugez-vous votre carrière longue de 13 années ?

Bonne. Je sais d’où j’arrive. J’ai débarqué à l’âge de 16 ans au centre de formation du FCN. J’arrivais de ma campagne [Peyrat-de-Bellac, à côté de Limoges]. Il n’y a pas beaucoup de monde qui aurait misé une pièce sur moi pour réussir. Je n’avais pas forcément d’énormes qualités, mais j’ai compensé par d’autres choses. Je n’ai aucun regret dans ma carrière. J’ai eu des moments difficiles et j’ai toujours réussi à me relever.

Il est loin le temps de votre petit club de Peyrat-de-Bellac (Haute-Vienne)…

Ce sont des souvenirs magnifiques des entraînements sur le petit terrain de mon village. Les séances avec mon papa le mercredi soir. Je m’entraînais avec lui la semaine et je le suivais sur ses matchs le week-end. Je suis parti ensuite en 15 ans à l’ASPTT Limoges puis j’ai rejoint le FCN en moins de 17 ans, repéré par Guy Hillion.

Pourquoi dites-vous que personne n’aurait misé un sou sur vous ?

Quand je suis arrivé à Nantes en 1998, je jouais numéro 10, après on m’a décalé milieu gauche, puis devant la défense puis latéral gauche et enfin défenseur central (rires). Au centre de formation, il y avait des joueurs qui avaient beaucoup plus de qualités que moi, qui étaient en équipe de France. On leur prédisait un bel avenir. Moi, j’ai toujours bossé, je me suis mis le cul par terre. J’ai toujours été à l’écoute. J’ai gravi les échelons petit à petit…

Votre premier match en pro à Sochaux en 2003. Vous vous en souvenez ?

Oui, comme si c’était hier. On est avant la collation, le coach Loïc Amisse vient me dire que je débute ce soir comme titulaire. C’était le premier match de championnat. J’avais fait une bonne préparation. La pression monte un peu plus… J’étais en charnière avec Mauro Cetto. Ça reste un incroyable souvenir.

En 2006, vous succédez à Landreau dans le rôle de capitaine. Ce n’était pas simple non ?

Oui, c’était une sacrée responsabilité, mais aussi une grande fierté. Je ne regrette rien. Le Dizet [le coach] me faisait confiance. Je savais que j’avais deux joueurs à côté de moi importants pour ce rôle : Da Rocha et Savinaud. A cette époque-là, je sais que je remplace quelqu’un [Landreau] qui a un charisme de fou, qui est le boss, qui a les épaules larges.

Vous êtes surpris de vous retrouver avec ce brassard ?

Oui un peu… car il y avait Savinaud et Da Rocha dans le vestiaire qui ont une expérience énorme. Je l’ai porté avec beaucoup de fierté, malheureusement pas très longtemps…

Certains ont dit que ce brassard était trop lourd à porter pour vous ?

Il y a eu des critiques logiques car beaucoup pensaient que ça serait Savinaud ou Da Rocha. Après, il y a eu une seconde phase à laquelle je n’étais pas préparé, c’est que l’équipe est partie en vrille [saison 2006-2007]. Médiatiquement, ça devient très dur. Vous êtes capitaine donc vous êtes en première ligne. Peut-être que je n’avais pas les épaules assez larges aussi.

Nantes est relégué en mai 2007, mais vous choisissez de rester à Nantes. Pourquoi ?

Oui, j’ai pourtant une proposition de Valenciennes. Kombouaré me propose un contrat en L1 là-bas. Der Zakarian, le coach, et le président Kita refusent que je parte. Je me dis aussi que le FCN ne peut pas rester en Ligue 2, ce n’est pas possible. J’étais dans un club qui m’a formé, qui m’a tout donné, ça m’aurait déçu de partir sur une relégation… Donc je reste.

En 2009, après une nouvelle relégation en L2, vous résiliez. Vous sentez qu’il est temps d’en finir avec le FCN ?

Très clairement, on me le fait comprendre. On m’a appelé et on me dit qu’on ne compte plus sur moi. Je suis peut-être trop ancien dans le club… Je ne sais pas. Après, quand vous vivez trois ans avec une descente, une montée puis une descente encore, vous en avez marre. Je ne me retrouve plus trop dans la nouvelle mentalité du club. Je pars à Vannes.

Vous avez connu le FCN de 1998 à 2009. Avez-vous vu le club se déliter au fil des années ?

J’ai vu ce club changer de mentalité au fil des années. A l’époque, j’ai été très surpris de la gestion de la direction d’un cas précis. Quand vous avez un coach qui est champion en mai 2001 et qui est élu meilleur entraîneur de L1 [Reynald Denoueix] et que quatre mois après on le vire… On a du mal à comprendre, croyez-moi. A partir de là, ça a été très compliqué. Une autre année fatidique : en 2005-2006, le départ de Mika Landreau. Mais aussi tous les départs avant avec Yepes, Berson etc. Le recrutement derrière n’a pas été bon et c’est parti en vrille.

Vous n’avez jamais quitté la région finalement. Pourquoi ?

J’ai eu des propositions. Kavala en Grèce par exemple. J’ai toujours fait attention à la qualité de vie, non pas que la qualité de vie aurait été mauvaise en Grèce… Mais je ne me voyais partir dans un club comme ça et j’ai bien fait car un an après, ils déposaient le bilan. Je n’ai aucun regret dans mes choix.