Gers : « On vend trois fois plus de chocolatine »… Dimitri Bordon, le « Antoine Dupont du pain au chocolat »

Chocolatine ou pain au chocolat ? Qu’on soit au sud ou au nord de la Loire, on ne dit pas la même chose. Pour Dimitri Bourdon, c’est « chocolatine » et vous ne pourrez le contredire, il est champion du monde de la spécialité. Ce Gresois de 29 ans a remporté la deuxième édition de la discipline, dimanche dernier, face à une vingtaine d’autres candidats venus de douze pays différents.

Le jeune homme a une boulangerie à Cugnaux et pendant deux jours au Parc des Expos de Toulouse il a dû confectionner vingt-quatre viennoiseries, dont douze en version classique et douze en version revisitée. Les pâtisseries ont ensuite été jugées sur plusieurs critères techniques : cuisson, régularité, qualité du feuilleté, et gustatif (goût et texture). Interview du « Antoine Dupont de la chocolatine ».

Que ressentez-vous après avoir remporté ce trophée ?

C’était une compétition de haut niveau avec des professionnels nommés parfois « meilleur ouvrier de France », ou qui ont fait les championnats d’Europe… Les autres candidats aussi étaient très forts, alors forcément c’est une très grande satisfaction personnelle et professionnelle, et un immense honneur d’avoir remporté ce prix. Notamment d’avoir pu représenter mon pays et ma région, le Gers.

Comment vous êtes-vous préparé à ces épreuves ?

Cela fait un bon mois que je m’entraîne dans ma boulangerie à Cugnaux, en préparant la chocolatine tous les jours. C’est le fruit de beaucoup d’heures de travail. À la boulangerie, c’était plus simple, car j’avais toutes les machines, un four… Pour le concours, nous avions droit, seulement, à un pétrin. Ce qui a rajouté une difficulté supplémentaire.

Quelle recette aviez-vous choisie ?

J’ai décidé de faire une chocolatine revisitée pour la forme et le goût. Elle est en forme de moulin, à la place des deux bâtons de chocolat, j’ai utilisé du poivre du Sichuan pour l’un, et pour le second, une gelée de mandarine, orange amère et jus de yuzu. La consigne était de confectionner une viennoiserie qui raconte une histoire, comme je suis un enfant de paysans dans le Gers, j’ai fait un moulin en lien avec le paysan, le grain de blé et la farine.

En 2019, vous aviez déjà gagné le concours de la galette des rois… Quel est votre secret pour des pâtisseries primées ?

C’est un métier de partage, on fabrique pour que les gens se régalent. Je n’ai pas de secrets, j’ai commencé mon premier stage en boulangerie à 14 ans, car j’étais trop jeune pour être apprenti, puis j’ai appris sur le tas. C’est aussi très formateur de faire des concours. J’ai gagné la coupe de France de la chocolatine en 2020, puis le prix de la première frangipane de Haute-Garonne cette année.

Cette victoire a-t-elle changé quelque chose dans votre quotidien ?

Je suis très sollicité, je n’ai pas l’habitude. Depuis le concours, il y a beaucoup plus de clients à la boulangerie. La chocolatine était déjà très en vogue, mais depuis le 10 mars, on en vend trois fois plus. En revanche, je n’ai pas encore mis la recette de la chocolatine revisitée en vente, car celle-ci a été faite exclusivement pour le concours.