Kylie Jenner est-elle la seule responsable de la chute de Snapchat en bourse?

ECONOMIE NUMERIQUE La chute de la valeur boursière de Snapchat à cause, entre autres, d’un tweet de Kylie Jenner montre la grande sensibilité des marchés vis-à-vis de l’économie numérique…

O. P.-V.
Illustration de différents réseaux sociaux.
Illustration de différents réseaux sociaux. — Pixabay
  • Le titre de Snap Inc. a perdu 6% en bourse dans la foulée d'un tweet critique de la vedette américaine Kylie Jenner.
  • A l'exception des géants Facebook et Google, les réseaux sont soumis à cette volatilité du fait de modèles économiques encore instables.
  • Le tweet de Kylie Jenner n'est pas l'unique raison de cette baisse.

Un tweet et tout peut s’écrouler, semble-t-il. La vedette américaine de télé-réalité Kylie Jenner​ a fait trembler la bourse mercredi en postant sur le réseau social un message qui a eu des conséquences  pour Snap Inc., la maison-mère de Snapchat : « Est-ce que quelqu’un d’autre n’ouvre plus Snapchat ? Ou c’est juste moi… euh, c’est tellement triste ». Dans la foulée de ce tweet, la valeur du titre a chuté de plus de 6 %, équivalent à une perte d’1,3 milliard de dollars en valeur boursière.


Pourquoi cette extrême sensibilité ? Car Kylie Jenner, demi-sœur de Kim Kardashian, est suivie par plus de 24,5 millions de personnes sur Twitter, où elle a posté le message. C’est une « influenceuse », un leader d’opinion à l’ère de réseaux en forte concurrence les uns avec les autres, du fait de « business model » insuffisamment éprouvés.

« Il y a bien sûr eu une sur-réaction des marchés par rapport à "l’évènement" que représente ce tweet, explique Daniel Perret, analyste financier pour la banque Bordier & co en Suisse, notamment sur les nouvelles technologies. Mais c’est représentatif de ces nouveaux réseaux sans modèle d’affaires valide et donc stable, d’où l’énorme volatilité autour de ces titres ».

Google, Facebook, et les autres

Exemple avec Twitter, qui ne commence à dégager des bénéfices que depuis le dernier trimestre 2017, et qui a connu une chute de 4 % du cours de son action dans la foulée de l’annonce du départ de son numéro 2 fin janvier.

L’analyste distingue néanmoins les géants comme Google et Facebook, en situation de quasi-monopole, avec une notoriété et un modèle basé sur la publicité qui les mettent à l’abri de ce genre de mouvement boursier. Pour les autres, l’incertitude est forte : « Tout le problème des réseaux sociaux est qu’ils ne valent que par la quantité d’utilisateurs en augmentation sur une période longue. Or, beaucoup de ces concepts plaisent momentanément, ils bénéficient d’un effet de mode mais ne permettent pas de visibilité à long terme ».

Kylie Jenner n’est pas le seul facteur

Dans le cas de Snapchat, il faut signaler que le tweet de Kylie Jenner est probablement plus un accélérateur de ce dévissage boursier que sa cause unique. « Le titre avait fortement bondi début février après la publication des bons résultats de l’entreprise », observe Daniel Perret. Snap Inc. avait surpris les observateurs en annonçant une hausse de 72 % de son chiffre d’affaires au dernier trimestre 2017.

Puis le titre a de nouveau baissé, alors que le réseau mettait en place une nouvelle interface censée être plus accessible au grand public, pour élargir son audience très centrée actuellement sur les jeunes. Une pétition signée par 1,2 million de personnes sur change.org est à l’origine de cette baisse, ce qui a poussé Snapchat a annoncé des concessions dans le sens de la demande de ces utilisateurs mécontents, sans revenir à l’ancienne interface pour autant.

Bref, un vrai casse-tête pour les marchés, et « d’ailleurs les analystes ne sont pas d’accord entre eux », ajoute Daniel Perret, pour qui « la meilleure chose qui peut arriver à Snapchat, c’est d’être racheté par un géant, comme YouTube par Google, ou LinkedIn par Microsoft ». « Une sortie par le haut », conclut l’analyste suisse.