Essai BMW M4: Le détail qui compte
Auto Une "M" a toujours été une BMW qui accentue tout ce qui compose une BMW. C'est évidemment le cas de la nouvelle M4, qui accentue notamment une de ses caractéristiques les plus polarisantes.
Oui, on n'y coupera pas : nous allons parler de ces naseaux de la Série 4, qui semblent encore plus béants sur la M4. Rarement design automobile aura été plus polarisant. Il y les pour, et les franchement contre. Or durant nos quelques jours d'essai, alors que nous habitons en ville, où les voisins-commentateurs ne manquent pas, pas un seul "pour". Pas même parmi un groupe de gamins de 10 ans rentrant de l'école. Après avoir poussé des cris d'enthousiasme, comme à chaque fois qu'une voiture ostensiblement sportive est garée devant la maison, ils sont tombés d'accord : c'est moche. La vérité sort de la bouche des enfants… Mais bref, ne tergiversons pas plus.
Pour le reste, il faut reconnaître que la M4 est racée. Selon les bonnes habitudes de la maison, l'agressivité est bien dosée, sans exagération. La M4 est musclée, elle annonce la couleur, mais elle ne fait pas dans le théâtral. Il n'y a sur la voiture absolument rien de trop.
Simplifions !
On peut en dire autant à bord. L'habitacle typiquement BMW reçoit le juste assaisonnement sportif. On salue aussi l'ergonomie, grâce aux toujours nombreux boutons "physiques", infiniment mieux, on ne le dira jamais assez, que cette manie des surfaces tactiles et du "tout à l'écran". Il y a toutefois un truc de trop, dans la M4 : trop de réglages (direction, freins, moteur, châssis, aides à la conduite) possibles dans les différents modes. Et a-t-on vraiment besoin de deux boutons de présélections de réglages sur le volant ? Par ailleurs, entre les réglages accessibles par ces boutons, et le bouton "M Mode" de la console, nous n'avons pas encore compris lequel sert exactement à quoi. Bref, simplifions ! Un mode confort pour le quotidien, un mode Sport qui radicalise tout pour les moments de récréation, et basta.
A une exception près… Nous ne ferions pas l'impasse sur l'ESP réglable. Entre le fonctionnement complet et la désactivation pure et simple, on peut moduler son degré d'intervention, ce qui permet par exemple de laisser un peu de marge de dérive au train arrière avant que l'électronique vienne récupérer la situation. C'est génial, car la marge laissée est réelle, et la reprise en main du système est très naturelle, pas du tout brutale. Ca, donc, on le garderait.
A la main
Mais venons-en au détail qui change tout. Sachez qu'il y a deux M4, équipées du même 6 cylindres en ligne 3.0 litres. Dans la "classique", il délivre 480 ch, contre 510 pour la M4 Competition, à la définition un peu plus radicale. Si vous êtes un vrai passionné, c'est la 480 ch que vous voulez. D'abord parce que cette puissance "raisonnable" selon les standards actuels est largement suffisante pour s'éclater, et colle mieux avec l'âme de la M3 Coupé originelle (dont "M4" n'est jamais que le nouveau nom). Mais surtout, c'est la seule des deux à recevoir une… boîte manuelle !
Là, nous nous prosternons devant BMW. Car dans cette catégorie, ni Mercedes, ni Audi ne font ce choix de pureté. La seule autre marque à le faire est Porsche. Donc, merci Béhemme. Admettons, pour tuer les chronos sur circuit, l'excellente boîte auto 8 est plus efficace. Mais pour le vrai plaisir, celui qu'on ressent quand on est en tête à tête avec la voiture, sans chercher à épater qui que ce soit, rien ne vaut une manuelle.
D'autant qu'elle a cette saveur de BMW "à l'ancienne". La forme du pommeau, le débattement du levier, le feeling du verrouillage des rapports… Les amateurs de la marque savent de quoi on parle. Avec ça et le moteur aussi rageur que sonore, on pardonne tout : le look disgracieux, le train avant peut-être un peu paresseux pour certains, la direction certes précise mais sans grand feeling (question de goût, c'est vrai), etc. Tout.
Vous savez ce qui est impardonnable? Que BMW France n'ait pas juger nécessaire de commercialiser cette version. Contrairement à l'importateur belge, qui a eu la gentillesse de nous faire découvrir la voiture, et la propose à 86.300€ de base. C'est près de 20.000€ de moins que la version Competition chez nous, pour un plaisir bien plus pur.
La BMW M4 en quelques chiffres
- Moteur : 6 cyl. en ligne, essence, turbo, 2.993cc ; 480ch à 6.250 tr/min ; 550Nm de 2.650 à 6.130 tr/min
- Transmission : aux roues arrière.
- Boîte : manuelle 6 rapports
- L/l/h (mm) : 4.794/1.887/1.393
- Poids à vide (kg) : 1.775
- Volume du coffre (l) : 440
- Réservoir (l) : 59
- 0 à 100 km/h (sec.) : 4,2
- Vitesse maxi (km/h) : 250
- Conso. Mixte (l/100km) : 10,3
- CO2 (g/km) : 236
- Prix (€) : 86.300 (Belgique)