FFR : « Une volonté forte de tourner la page », réagit Florian Grill après le camouflet infligé au clan Laporte
Interview Principal opposant de Bernard Laporte, Florian Grill réclame des élections à la FFR, après le rejet par une majorité de clubs de la candidature comme président délégué de Patrick Buisson, proposée par Bernard Laporte
- A l’issue d’une consultation de trois jours, 51,06 % des clubs qui se sont exprimés ont rejeté la candidature de Patrick Buisson comme président délégué de la Fédération française de rugby (FFR), proposée par Bernard Laporte.
- Principal opposant à l’actuel président en retrait de la FFR, Florian Grill appelle à la tenue rapide de nouvelles élections.
- Le chef de file d’Ovale Ensemble ne pense pas que le chaos actuel au sommet du rugby français puisse troubler les Bleus, à quelques mois de la Coupe du monde à domicile (8 septembre - 28 octobre).
C’est une énorme claque pour Bernard Laporte, actuel président en retrait de la Fédération française de rugby (FFR), et pour ses soutiens. La candidature de Patrick Buisson comme président délégué de la FFR a été rejetée par 51,06 % des quelque 1.500 clubs qui ont participé à la consultation étalée sur trois jours. La suite du feuilleton sera connue vendredi, à l’issue du comité directeur de l’instance dirigeante du rugby français, qui doit se réunir au CNR de Marcoussis (Essonne), en présence de la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra. Pour le chef de file d’Ovale Ensemble, Florian Grill (57 ans), une seule issue est possible. Le président de la Ligue Ile-de-France, principal opposant de Bernard Laporte, demande de nouvelles élections générales.
Quelle est votre réaction aux résultats de ce vote ?
D’abord, la participation a été énorme. 90 % des votants, c’est considérable. Ensuite, le vote « non » est très important, alors qu’il y a beaucoup de clubs qui n’ont pas osé voter « non » à cause de la proximité de la Coupe du monde. Les clubs expriment une volonté forte de tourner la page de cette gouvernance. Ce n’est d’ailleurs pas une défaite de Patrick Buisson. On avait clairement dit que s’il l’emportait, on s’alignerait par respect pour la Coupe du monde.
J’attends de la part du comité directeur, où il y a des gens qui aiment sincèrement le rugby – en tout cas, je l’espère – qu’il fasse ce qui est statutairement en son pouvoir, c’est-à-dire organiser des élections générales en six semaines. C’est notre demande depuis le début, et c’est celle qu’ont formulée 51 % des clubs.
Que comptez-vous dire au comité directeur ?
Il n’y aura pas de triomphalisme, ce n’est pas du tout le genre de la maison. Il faut beaucoup de mesure. Il va falloir rassembler le rugby, apaiser. Encore une fois, le comité directeur a le pouvoir en six semaines d’organiser des élections et c’est cela qui permettra de tourner la page de ces affaires à répétition.
Le rugby a des valeurs et la première des valeurs, c’est le respect de la démocratie. Le score est presque l’inverse de celui qui avait permis à Bernard Laporte de l’emporter (la liste de ce dernier avait gagné avec 51,47 % des suffrages contre celle de Florian Grill lors des élections d’octobre 2020). On avait respecté les résultats à l’époque. J’attends des équipes de Bernard Laporte qu’elles respectent également ce vote.
L’équipe en place peut très bien proposer un autre nom comme président délégué…
Tout le monde sait bien que Patrick Buisson était leur meilleur candidat. Proposer quelqu’un d’autre, ce ne serait pas correct au regard de l’expression des clubs. Il y a urgence. Les clubs ont parlé. La démocratie a parlé. Une Coupe du monde arrive. Il faut être raisonnable.
En cas de nouvelles élections, serez-vous la tête de liste d’Ovale Ensemble ?
Bien sûr. Il n’y a pas de doute là-dessus. C’est ce qu’on a prévu depuis le lendemain des élections. Nous sommes prêts. Nous avons 600 bénévoles, 14 groupes de travail qui œuvrent sur le rugby féminin, le rugby à 5, le découpage des grandes ligues, les compétitions… On fait tourner une « fédération bis » depuis deux ans. D’autres candidats que nous peuvent se présenter. On est dans les temps pour organiser une vraie élection qui permettra d’apaiser le rugby, d’organiser la Coupe du monde dans les meilleures conditions et de préserver nos Bleus.
Craignez-vous que l’équipe de France soit touchée par tout ce qui se passe au sommet de la FFR ?
Je ne pense pas. Les Bleus sont dans leur bulle, Fabien Galthié est habité par sa mission. De toute manière, il y a un changement de président. Ça aurait pu être Patrick Buisson. Ce n’était plus Bernard Laporte. Ce qui est touché, c’est l’image du rugby, et les clubs ont clairement exprimé la volonté que ça change.
Pourriez-vous travailler avec Fabien Galthié, qui n’a jamais caché sa fidélité à Bernard Laporte ?
Il a mentionné sa fidélité il y a deux ans. Cette année, il s’est abstenu de commenter. Il n’est pas question de changer quoi que ce soit dans un staff qui réussit autant. Il faut surtout le laisser faire, le préserver. Il y a en revanche énormément de choses à faire bouger dans le rugby territorial, celui des petits clubs. C’est là que le bât blesse. Les catégories jeunes aussi, cadets et juniors. Là, il y a vraiment de grands chantiers à mener. C’est cela ma priorité.