Moto GP : L’aérodynamique pour plus de performance au détriment du spectacle ?

MOTO GP Depuis plusieurs saisons des appendices aérodynamiques apparaissent sur les motos GP, une mode de plus en plus présente comme on a pu le voir lors des tests de Portimao

Adrien Max
Fabio Quartararo au volant de sa Yamaha lors des essais de pré-saison à Portimao, au Portugal ou se déroule le premier Grand Prix de la saison ce dimanche (15 heures).
Fabio Quartararo au volant de sa Yamaha lors des essais de pré-saison à Portimao, au Portugal ou se déroule le premier Grand Prix de la saison ce dimanche (15 heures). — Yamaha
  • Le championnat du Monde de Moto GP début ce week-end avec le Grand Prix de Portimao, au Portugal, dimanche (15 heures).
  • Depuis plusieurs saisons, les écuries de Moto GP introduisent des éléments aérodynamiques comme en F1, pour améliorer l’effet de sol de leur machine, et augmenter leur performance.
  • Mais certains pilotes s’inquiètent de la multiplication de ces appendices, avec de plus en plus de difficultés pour se suivre entre pilote, et donc se doubler.

Un aileron arrière type Formule 1 sur une Moto GP. C’est le drôle d’équipement que l’on a pu apercevoir sur la Yamaha de Fabio Quartararo et de Franco Morbidelli lors des tests de présaison à Portimao, au Portugal, à la mi-mars. Reverra-t-on cet impressionnant appendice aérodynamique lors du premier Grand Prix de la saison, toujours à Portimao, ce dimanche (15 heures) ? Rien n’est moins sûr puisque le pilote français, champion du Monde en 2021, n’a pas ressenti d’effet bénéfique. Pire, en off, l’un de ses mécaniciens espérait même que l’équipement ne marcherait pas, tant il est moche.

Tant pis pour l’esthétisme, la mode est à l’aérodynamique en Moto GP, avec l’apparition d’une multitude d’appendices pour améliorer l’effet de sol des machines. « Finalement, c’est ce qui peut faire le plus de différence en dynamique aux vitesses auxquelles on roule. Ce qui est beau, c’est que les ingénieurs et les mécaniciens essayent de faire ces compromis entre une moto maniable et stable simplement grâce à l’aéro », confiait à 20 Minutes Johann Zarco sur le sujet.

Un complément pour plus de grip, et donc de vitesse

C’est d’ailleurs Ducati, la marque pour laquelle roule Johann Zarco, avec son écurie Pramac Racing, qui a amené ces nouveautés, il y a quelques saisons déjà. « Comme très souvent pour tout ce qui est nouveauté technique ou technologique, c’est Ducati qui est arrivé avec des ailerons en premier dans les paddocks. Les motos sont toujours plus puissantes, tout en restant légères, avec 300 chevaux pour 157 kg. L’aéro vient en complément de tous les systèmes d’antipatinage, d’anti-wheeling, pour les rendre plus stables, leur donner plus de grip et de motricité. Sans ça, elles seraient incontrôlables », éclaire Laurent Rigal, commentateur de la Moto GP pour Canal+.




Les marques s’entourent de plus en plus d’ingénieurs aérodynamiciens, comme Aprillia qui a recruté un ingénieur de Formule 1. KTM, du groupe RedBull travaille a également travaillé en soufflerie avec l’équipe aérodynamique de la Formule 1.

« Pour le spectacle, ce n’est pas la bonne direction »

Comme toute nouveauté, ces appendices aérodynamiques apportent leurs avantages, mais aussi des inconvénients, qui se sont d’ailleurs de plus en plus mis en avant par les pilotes. « J’ai commencé dès l’année dernière à dire qu’à mon avis, il va devenir toujours plus difficile de dépasser. Non seulement à cause des ailerons, mais aussi des pneus parce qu’ils chauffent et les motos chauffent énormément quand elles en suivent une autre », confiant récemment Lucas Marini, pilote de la VR46 équipé de la Ducati.

L’octuple champion du Monde, Marc Marquez, partage cet avis et considère même que le spectacle pourrait en pâtir. « C’est de plus en plus difficile de suivre des pilotes. L’aéro change beaucoup l’équilibre de la moto, la façon de la piloter et le freinage. Et suivre un pilote est toujours de plus en plus difficile, encore plus dans certaines parties des circuits. En termes de performance, on roule plus vite. Mais pour le spectacle, j’ai le sentiment que ce n’est pas la bonne direction », regrette l’Espagnol.

Aux pilotes de s’adapter

Fabio Quartararo estime même que ces nouveautés aérodynamiques pourraient être dangereuses, avec une sensibilité accrue au vent. « Les vitesses de pointe étaient aussi beaucoup plus faibles que maintenant », s’est-il inquiété.

Mais comme le souligne Laurent Rigal, Honda a fait rouler Marc Marquez sans aucun élément aérodynamique lors des tests de Portimao, et le résultat est sans appel : « Il a dit que c’était tout simplement impilotable ». Preuve que c’est aux pilotes de s’adapter pour suivre les cadences infernales de leurs machines toujours plus performantes, grâce à l’aéro plus qu’au moteur.