OM : Malgré la démission de Tudor, l’Olympique de Marseille et Pablo Longoria ne craignent plus l’instabilité

FOOTBALL Pablo Longoria, le président de l’Olympique de Marseille a accepté la démission de son entraîneur Igor Tudor, il doit désormais trouver un nouveau technicien pour la saison prochaine

Adrien Max
Pablo Longoria aux côtés de son ancien entraineur Igor Tudor, lors de l'annonce de la démission du Croate de son poste à l'OM.
Pablo Longoria aux côtés de son ancien entraineur Igor Tudor, lors de l'annonce de la démission du Croate de son poste à l'OM. — Nicolas TUCAT
  • Le président de l’Olympique de Marseille, Pablo Longoria, a annoncé jeudi avoir accepté la démission de son entraîneur Igor Tudor à l’issue de la saison.
  • Son remplaçant sera le cinquième entraîneur de l’OM depuis l’arrivée de l’Espagnol à la présidence de l’OM.
  • Mais contrairement à la saison dernière et le départ de Sampaoli, Pablo Longoria va pouvoir s’appuyer sur les « bases » posées par Igor Tudor cette saison, une forme de continuité dans l’instabilité chronique de l’OM.

A la Commanderie,

L’été, les éliminations des Français à Roland-Garros, les soldes, la fête de la musique, le début des grandes vacances, les bouchons sur l’autoroute... et l'OM qui se cherche un nouvel entraîneur. Les mois de juin et de juillet réservent leur lot de marronniers, ces sujets qui reviennent inlassablement sur le devant de l’actualité, et à Marseille le départ de l’entraîneur est en train de devenir une coutume. Cette année encore, après la démission d'Igor Tudor, acceptée jeudi par le président Pablo Longoria.

Une instabilité chronique pour l’OM, comme en témoignent les 98 changements d’entraîneurs depuis 1923, et déjà 28 entraîneurs depuis l’an 2000. Pablo Longoria, nommé président en février 2021, va, lui, connaître son cinquième entraîneur après André Villas-Boas, l’intérimaire Nasser Larguet, Jorge Sampaoli, Igor Tudor et son futur remplaçant.

« Travailler ici pendant un an, c’est comme travailler ailleurs deux ou trois ans »

Si Igor Tudor a avancé des « raisons personnelles et professionnelles », comme explication à sa démission, sans pour autant livrer de détails « qui n’ont pas d’importance », l’entraîneur Croate a néanmoins souligné la fatigue et la pression inhérente au poste d’entraîneur de l’OM : « Travailler ici pendant un an, c’est comme travailler ailleurs deux ou trois ans ».

Une difficulté dont à tout à fait conscience Valentin Rongier, le capitaine de l’OM, qui connaîtra lui aussi son cinquième entraîneur la saison prochaine, en quatre saisons seulement passées à Marseille. « Déjà, dans le foot moderne, très peu de coachs s’installent dans le temps, de par l’exigence des résultats, la pression des supporteurs et des instances. En plus ici on est à Marseille. Je me rends compte de la difficulté d’être joueur de l’OM. Il faut de l’ambition, de la personnalité, et en tant que coach c’est encore pire. Il doit toujours défendre ses joueurs et quand ça va mal, c’est lui qui est accablé. Je peux comprendre que les coachs ne restent pas quatre ou cinq ans », confiait-il juste après l’annonce du départ du Croate. 

Pour son président, « ces changements d’entraîneur sont la conséquence de la dimension du club, et d’une tendance nette dans le foot moderne ». Le départ de Tudor n’est finalement donc pas une surprise, même s’il n’était pas souhaité par la direction olympienne. « Le changement n’est pas forcément un avantage, surtout avec un entraîneur avec lequel tu te sens bien. La chose normale serait plutôt la continuité, tu connais l’entraîneur, les joueurs connaissent sa façon de jouer. C’est plus facile de faire passer tes idées quand tu es bien installé, parce que chaque entraîneur a besoin d’un temps d’adaptation », rappelle Pablo Longoria à 20 Minutes

Pablo Longoria veut construire sur les « bases » d’Igor Tudor

Les départs de Jorge Sampaoli, malgré une deuxième place de Ligue 1 qualificative pour la Ligue des champions, et d’Igor Tudor, auteur d’une « bonne saison », pourraient sonner comme un échec pour la direction de l’OM. Ils sont finalement vécus comme une étape supplémentaire dans le processus de refonte du club insufflé par Pablo Longoria après le départ de Sampaoli. Le choix d’Igor Tudor permettait à Pablo Longoria d’entrer dans l’ère du « football moderne », avec beaucoup de courses et de transitions rapides vers l’avant.

Cette fois, les fondations sont posées. « On tient à remercier Igor pour son travail, et les valeurs qu’il a apportées. Ce niveau d’exigence, sa culture du travail, l’ambition autour des efforts. On peut construire quelque chose sur ces bases », soulignait Longoria au moment de dire au revoir à Tudor. 

En évoquant les « bases » posées par le Croate cette saison, on comprend que Pablo Longoria, pour le choix du prochain entraîneur, va s’inscrire dans le prolongement de ce que l'ancien défenseur de la Juventus a instauré cette saison. Ce que le président de l’OM nous confirme :

Oui totalement. On va avancer sur le travail réalisé par Igor Tudor, avec cette culture du travail, et la volonté de construire le club sur la rigueur. Il faut se baser sur ces valeurs parce qu’elles sont plus fortes que les personnes. C’est quelque chose qui doit rester, quelle que soit la personne qui entraîne. »

Les valeurs plus fortes que les personnes

Cette instabilité chronique liée aux changements de personnes n’inquiète plus le président. Parce qu’il peut désormais s’appuyer sur des ressorts plus solides. « Pour moi les valeurs sont la conviction la plus forte. Comme en ce moment, tu partages les mêmes valeurs donc tu vas pouvoir trouver la personne pour construire sur cette stabilité sans tout recommencer à zéro. Notre rôle en tant que direction est de ramener un entraîneur qui s’insère dans le projet, avec la même vision que le club, et qui pourra faire respecter cette autorité. C’est essentiel dans le foot moderne, avec une durée de vie des entraîneurs de plus en plus limitée », estime le président de l’OM.

C’est pour cette raison qu’il ne faut pas s’attendre à connaître le nom du nouvel entraîneur trop rapidement. Pablo Longoria ne devrait pas être en mesure de l’annoncer lors de sa conférence de presse de bilan de cette saison 2022-2023, prévue lundi. « Non c’est trop tôt, je n’ai pas encore parlé avec un seul entraîneur. Nous devons voir qui est la bonne personne, elle devra cocher toutes les cases en termes d’exigence, de fonctionnement, de règles partagées, de personnalité, de talent et de niveau. Et ça ne se trouve pas en un week-end », confie-t-il à 20 Minutes.

Il est surtout moins dans la précipitation que la saison dernière, lorsqu’il a dû trouver le remplaçant de Jorge Sampaoli en un temps record, après l’annonce de son départ quelques heures avant la reprise de l’entraînement. « On a moins la pression », résume Pablo Longoria. A l’OM, c’est déjà un grand luxe.