France - Angleterre : Lloris moins fort que Pickford ? Merci les Anglais, on a bien rigolé
FOOTBALL Présenté par la presse anglaise comme le maillon faible de l’équipe de France, Hugo Lloris a délivré une impeccable réponse, samedi lors du quart de finale de Coupe du monde au Qatar
- Présenté par les médias anglais comme le point faible de l’équipe de France, Hugo Lloris a réalisé un match de grande classe, samedi, face aux Three Lions (2-1).
- Après un début de Mondial en mode diesel, le portier tricolore, qui est devenu le joueur le plus capé de l’histoire sous le maillot bleu, est définitivement lancé.
- Face aux Anglais, on a compté pas moins de trois arrêts décisifs devant Harry Kane et Jude Bellingham.
D'un de nos envoyés spéciaux à Al-Khor (Qatar),
Une même idée mais deux manières de vous les exposer, tempête sous un crâne… A l’heure d’aborder ce papier sur Hugo Lloris, devenu samedi soir contre l’Angleterre le joueur le plus capé de l’histoire de l’équipe de France devant Lilian Thuram (143 sélections pour le premier, 142 pour le second), on a longtemps hésité sur l’identité de la bonne personne à paraphraser. Choisir c’est renoncer, écrivait André Gide. Hé bien aujourd’hui on ne renoncera pas. Après tout, on est qualifié pour les demi-finales, on peut bien se faire un petit plaisir et s’octroyer une double dose de littérature. Et comme ça, il y en aura pour tous les âges et tous les goûts.
- Première citation, librement adaptée d’une chanson du rappeur Kaaris
« Je n’ai confiance qu’en mon Desert Eagle et en Hugo Lloris lors des matchs à élimination directe de Coupe du monde. »
- Deuxième citation, librement adaptée d’un certain Albert Einstein
« Deux choses sont infinies : l’Univers et la puissance d’Hugo Lloris lors des matchs à élimination directe de Coupe du monde. Mais en ce qui concerne l’Univers, je n’en ai pas encore acquis la certitude absolue. »
Vous l’aurez compris – d’ailleurs vous l’avez vu comme nous – le capitaine des Bleus a livré une partition maousse costaud samedi soir face aux Three Lions. On a compté pas moins de six arrêts dont deux au moins sont la marque des très grands. Le premier, cette sortie ultra-rapide aux devants d’Harry Kane, qui avait mis Théo Hernandez dans le vent et s’apprêtait à égaliser après l’ouverture du score d’Aurélien Tchouaméni dans le premier quart d’heure, avant que Lloris ne dise « on ne passe pas mon bonhomme ». Le deuxième, cette claquette monstrueuse pour détourner en corner une frappasse du même acabit signée Jude Bellingham au retour des vestiaires.
On a retrouvé le Lloris de 2018
Si le gardien de Tottenham n’a rien pu faire sur le premier péno de son grand copain Harry Kane – et qu’on a depuis longtemps abandonné l’idée de le voir réussir un jour un dégagement un tant soit peu correct au pied – ses petits mouvements sur sa ligne avant que le capitaine anglais ne s’élance pour sanctionner le deuxième penalty du match ne sont peut-être pas pour rien dans le raté du buteur des Spurs. Les grands gardiens savent aussi provoquer la chance au bon moment et, samedi, ça lui a plutôt réussi, à l’image de cette tête trop croisée de Maguire, qui a léché l'extérieur de son montant droit.
Après un début de Mondial oscillant entre le moyen et le correct face à l’Australie et la Pologne, et ce malgré un gros sauvetage face aux Danois dans un moment crucial du deuxième match de poule, on a la sensation d’avoir enfin retrouvé le Lloris de 2018, celui qui, exception faite de sa cagade en finale face à la Croatie, aimantait tous les ballons et entrait dans la tête de ses adversaires pour mieux aspirer leur âme de l’intérieur.
En voyant ça, on ne peut s’empêcher de repenser (et de rire) à ce qu’écrivaient nos confrères anglais avant la rencontre, eux qui présentaient Lloris comme le point faible de cette équipe de France et qui n’hésitaient pas, sans rire, eux, à jurer/cracher que s’ils devaient choisir de partir à la guerre avec Jordan Pickford ou l’ancien portier Lyonnais, ils signeraient pour le gardien d’Everton, actuel 17e de Premier League.
Mais on connaît trop le problème de focale de nos amis d’outre-Manche quand il s’agit d’analyser le talent réel de certains de leurs joueurs pour ne pas les prendre au sérieux dès le départ. Un peu à l’image de Lloris himself, qui avait décliné la proposition d’un confrère de L’Equipe de réagir à ces viles attaques médiatiques. « Je ne vais pas régler mes comptes en conférence de presse. Ils ont le droit de penser ce qu’ils veulent, la seule réponse que j’aurais c’est sur le terrain », avait-il prévenu.
Lloris touché par la détresse de Kane
Et on a vu le résultat. Kingsley Coman aussi : « Hugo a fait un match super, un match extraordinaire même ! Il nous a sauvés beaucoup de fois ce soir ». Quant à l’intéressé, il n’a pas souhaité s’attarder plus que ça sur son match, expliquant simplement qu’il avait « été plus sollicité que depuis le début de la compétition » et qu’il avait « essayé d’aider l’équipe au maximum ». En réalité, le gardien du temple français est apparu la mine grave en zone mixte, loin de ce qu’on pourrait imaginer après une qualification en demi-finale de Coupe du monde.
Au contraire, il nous a semblé comme touché par quelque chose. La réponse ne tarde pas. On comprend qu’il s’agit du penalty raté par Harry Kane, celui-là même qui l’a fait éructer sur le moment car il venait probablement de sceller les derniers espoirs anglais de revenir dans le match. Mais à froid, ce n’est plus le demi-finaliste qui parle mais l’ami du numéro 10 anglais.
« Je vais être honnête avec vous, sur le moment il y a les émotions, on est en pleine bataille, en plein match et bien sûr qu’on est heureux parce que c’est un moment clé. Mais l’homme que je suis est attristé parce que c’est un coéquipier que je connais de longue date, un homme que je respecte énormément et quelqu’un qui a pris ses responsabilités à un moment important du match. Malheureusement pour lui et l’Angleterre, il la met au-dessus, et heureusement bien sûr pour l’équipe de France, car c’était un tournant. Je sais qu’il est fort et qu’il passera au-dessus. Mais je peux partager ce moment de peine avec lui. »
Imbattable sur sa ligne comme en amitié, Lloris nous ferait presque oublier ses prises de position ubuesques du début de Mondial au sujet du brassard « One Love ». Enfin, non, il ne faut pas non plus pousser mais disons que, comme Kylian Mbappé avec ses pieds, on ne l’aime jamais autant que lorsqu’il parle avec ses mains gantées.