NBA : « Altruiste », « en confiance » et « travailleur », Killian Hayes s’est enfin fait une place au soleil à Detroit
Basket Depuis début décembre, le Français Killian Hayes répond enfin aux attentes placées en lui. Drafté à la 7e position en 2020, l’ancien du Cholet Basket n’a jamais vraiment douté et a beaucoup travaillé
- Killian Hayes est l’une des stars du NBA Paris Game, jeudi (21 heures) à Bercy, où il affrontera, avec son équipe des Detroit Pistons, les Bulls de Chicago.
- Après deux saisons compliquées, le Français réussit à se montrer dans un collectif en difficulté.
- Le fruit d’un travail et d’une confiance énormes pour le joueur de 21 ans formé à Cholet.
Dans quelques mois, Victor Wembanyama effacera sa trace dans le livre de 865.986 pages sur les records en NBA. Promis au first pick de la Draft en juin, Wemby deviendra, à jamais, le Français le plus haut classé de la loterie qui envoie, chaque année, les meilleurs prospects découvrir le pays. Le gamin de Nanterre détrônera alors Killian Hayes (21 ans), qui avait été drafté en septième position en 2020 par les Detroit Pistons, avec, à la clé, un contrat de 24 millions de dollars sur quatre ans.
Deux ans et demi plus tard, revoilà le Franco-Américain sur notre bon vieux sol, à l’occasion du NBA Paris Game, jeudi à Bercy, où les Pistons seront opposés aux Bulls de Chicago. Pas franchement l’affiche du siècle, mais l’occasion pour Killian Hayes de surfer sur la belle dynamique enclenchée en novembre, après deux premières saisons dans la Ligue bien difficiles, la faute notamment à une blessure à la hanche la première année.
« Il me fallait juste un match »
Et puis, tout a changé à la fin de l’automne, « grâce » à la blessure de Cade Cunningham, le meneur titulaire, n° 1 de la Draft en 2021, out jusqu’à la fin de la saison. Depuis, Killian Hayes a été propulsé starter et enchaîne les belles prestations malgré le bilan catastrophique des Pistons (12 victoires et 35 défaites). « J’ai connu un début de saison compliqué, mais je savais qu’il me fallait juste un match où mes tirs entraient et ça allait lancer ma saison », a commenté tout en sobriété l’intéressé face aux médias présents à la Puma House, sur les Champs-Elysées.
Le déclic a sûrement eu lieu face aux Mavericks de Luka Doncic - « le joueur le plus dur à défendre, avec sa taille, son physique et le fait qu’il joue à sa main » - début décembre : 22 points, dont 14 dans le dernier quart-temps et la prolongation. Depuis le début de la saison (malgré un mois d’octobre compliqué), Killian Hayes tourne à 10 pts, 2,8 rebonds et 5,7 passes décisives de moyenne (14,6 pts et 8 pd depuis début janvier). Un rebond inespéré ?
Je ne pense pas qu’il ait douté, nous confie Malcolm Cazalon, compagnon de Hayes en équipe de France de jeunes et finaliste des Mondiaux U17. Killian, c’est quelqu’un qui travaille dur. Quand t’es comme ça, tu ne perds jamais confiance en toi et en ton jeu. Il ne faut pas s’apitoyer sur son sort et si tu commences à douter, c’est là que ça devient problématique.”
« Jamais longtemps dans la difficulté »
Durant la vingtaine de minutes qu’il a passées devant les journalistes, les mots « travail » et « confiance » sont aussi revenus en boucle dans la bouche de Killian Hayes : « Cette mentalité de ne jamais perdre confiance, c’est un travail personnel. Quand les choses ne vont pas de ton côté, c’est là où il faut que tu t’adaptes. T’apprends une nouvelle facette de toi. Il n’y a jamais eu de doutes. Je savais, avec le travail effectué toute ma vie et cet été, que ça allait arriver. Je suis resté confiant, et même dans les mauvais matchs, je savais que les shoots allaient entrer à un moment. »
Cette sérénité, ce flegme même, Killian Hayes l’a toujours eue sur les parquets, même lorsqu’il affrontait des joueurs évoluant une catégorie d’âge au-dessus, durant sa formation à Cholet. « C’est quelqu’un que je n’ai jamais vraiment vu longtemps dans la difficulté, relate François Fiévet, son entraîneur en U18. A chaque fois qu’elle augmentait, il élevait son niveau de jeu et travaillait pour progresser. Il a connu des périodes difficiles, mais il a très bien su rebondir. »
Celui qui tente de « s’inspirer des moves de James Harden, Manu Ginobili ou D’Angelo Russel », arrive ainsi, lors des jours sans, à renouveler son jeu. « Tout le monde sait que le plus dur en NBA, c’est de rester constant, estime Hayes. Le but, c’est de limiter les mauvais matchs. Lorsque les tirs ne rentrent pas, c’est là où il faut que je fasse quelque chose d’autre, défendre, organiser, en tant que meneur, trouver mes coéquipiers pour des passes décisives. »
Quand il était à Cholet, c’était quelqu’un qui avait une vitesse d’adaptation phénoménale, confirme Fiévet. Il était très intelligent et, au fur et à mesure de l’année, étant de plus en plus ciblé par les adversaires, il arrivait non seulement à être bon lui-même, mais aussi à rendre les autres meilleurs. C’est un joueur très altruiste.”
Le staff des Pistons ne l'a jamais lâché
Même après ses deux premières saisons compliquées, le staff des Pistons a gardé une confiance presque aveugle en son Frenchy. Et, selon le principal concerné, c’est ce qui lui a aussi permis de maintenir le cap : « Le groupe autour de moi, le general manager et le front office sont derrière moi et ne m’ont jamais mis une grosse pression. Avoir un coach et un front office derrière toi, qui te pousse tous les jours, même quand ça ne va pas super bien, ça aide mentalement. »
Malcolm Cazalon, qui joue actuellement au Mega Basket en Serbie, souligne aussi l’importance des proches dans la réussite de Killian Hayes : « L’entourage joue beaucoup dans une carrière, et lui savait où il allait, ce qu’il voulait devenir. Il avait juste à travailler et tout allait suivre. Depuis les catégories de jeunes, dès qu’il parlait, c’était “NBA, NBA, NBA”. Son père a joué au basket, donc je pense que ça a eu une influence. »
DeRon Hayes, qui a notamment joué à Cholet et Nancy, « suivait Killian en dehors des entraînements, se souvient François Fiévet. Même après les matchs U18, Killian allait avec son père travailler sa dextérité, son shoot. » On ne sait pas si le paternel est encore présent à ses côtés à la salle d’entraînement des Pistons, mais Killian le sait, « je suis loin d’être un joueur parfait, j’ai encore beaucoup à apprendre ». Allez, au travail, il y a des semestres à cotiser avant la retraite.