Route du rhum : Comment le port de Saint-Malo s’apprête à accueillir les 138 bateaux au départ

Ils seront 138 cette année sur la ligne de départ, un record. 138 skippers qui prendront le large pour une traversée de l’Atlantique entre Saint-Malo et Pointe-à-Pitre. A moins de deux semaines du départ de la 12e édition de la Route du Rhum, qui sera donné le 6 novembre, la tension est montée d’un cran ces derniers jours dans la cité corsaire. Car le défi s’annonce de taille pour accueillir les 138 bateaux dans les bassins du port qui sera plein comme un œuf. « Cette Route du rhum sera XXL cette année et cela exige donc un dispositif XXL », souligne Stéphane Perrin, vice-président de la région Bretagne, propriétaire du port de Saint-Malo.

L’organisation se relève d’autant plus complexe que l’équipement ne s’arrête pas de vivre pour le départ de la course, qui a lieu tous les quatre ans. « Les autres activités du port comme la pêche et le commerce se poursuivent durant cette période et nous devons faire cohabiter tout le monde », indique l’élu. Pour faire de la place aux voiliers, 175 bateaux de plaisance ont tout de même été déplacés temporairement. Car pour la première fois cette année, tous les bateaux seront amarrés dans les bassins Duguay-Trouin et Vauban, au pied des remparts de Saint-Malo.

Un dispositif millimétré

Si quelques-uns sont déjà à quai, le gros des troupes va débarquer dans les prochaines heures avec des arrivées qui vont s’étaler jusqu’à mercredi. « Un tel dispositif ne s’improvise pas, assure Philippe Gomes, responsable du pôle événementiel de la région Bretagne. Chaque bateau a un ordre et une heure de passage en fonction des marées. » Moment toujours spectaculaire, le passage des écluses le sera encore plus cette année. Car contrairement aux autres éditions, où les Ultims devaient stationner en dehors du port, ces géants des mers auront cette fois le droit à leur bain de foule.

Mais avant cela, les huit bateaux engagés dans la catégorie reine devront donc passer les écluses mardi en fin d’après-midi, répartis en trois sas. Pilotée depuis le poste de commandement du Naye, l’opération s’annonce pour le moins délicate. « L’écluse fait 25 mètres de large et les bateaux 23 mètres, résume Thomas de la Broise, commandant de port adjoint. Si l’on ajoute les défenses des bateaux, il ne reste que 50 centimètres de marge de manœuvre de chaque côté. »

Les Ultims tirés à la main pour entrer dans le port

Vu le prix des engins, qui valent plusieurs millions d’euros, les équipes n’ont donc pas le droit de se trouer. « Il y aura de la pression car il faudra viser juste », poursuit le commandant. Pour éviter la casse, un ponton provisoire sera installé, ce qui permettra aux Ultims d’être bien aligné à l’entrée du sas. Les bolides seront ensuite guidés par des semi-rigides avant que les lamaneurs prennent le relais. Installés de chaque côté de l’écluse, ces agents portuaires tireront à la main les voiliers avec des cordages pour les faire avancer tout doucement et les faire gagner le grand bassin.

Cette technique à l’ancienne sera de nouveau utilisée avant le départ de la course. Cette fois-là, l’aventure démarrera vraiment pour les skippers qui partiront à l’assaut de la mythique course transatlantique en solitaire. Et sans personne cette fois pour les aider à manœuvrer.