Sports mécaniques : « J’espère rejoindre Pierre Gasly et Esteban Ocon », l’espoir Théo Pourchaire se confie sur son rêve de F1 et les difficultés pour l’atteindre

INTERVIEW DU LUNDI Le jeune pilote français Théo Pourchaire est actuellement second du championnat de Formule 2, il évoque les opportunités et les difficultés pour rejoindre la Formule 1, son rêve

Le jeune pilote Français Théo Pourchaire peut encore espérer remporter le titre de F2, avant de rejoindre un jour la F1, son rêve ?
Le jeune pilote Français Théo Pourchaire peut encore espérer remporter le titre de F2, avant de rejoindre un jour la F1, son rêve ? — Art Grand Prix
  • Chaque lundi, 20 Minutes donne la parole à un acteur ou une actrice du sport qui fait l’actu du moment. Cette semaine, place au pilote de Formule 2, Théo Pourchaire.
  • Le pilote de 18 ans est second du championnat du Monde de Formule 2 pour sa deuxième saison avec ART Grand Prix, une écurie française.
  • Théo Pourchaire se confie à 20 Minutes sur son rêve de rejoindre la Formule 1 et les difficultés que cela comporte.

L’espoir du sport automobile français. Le jeune pilote de 18 ans, Théo Pourchaire est actuellement 2e du championnat du monde de Formule 2, l’antichambre de la Formule 1, son rêve. Malgré quelques désillusions cette saison, et un titre qui s’éloigne un peu plus après une dixième place au Pays Bas, dimanche, le Français rêve toujours de F1. Il se confie à 20 Minutes sur son parcours et les difficultés pour obtenir un baquet en Formule 1.

Théo, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Je suis Théo Pourchaire, j’ai 18 ans. Je cours en Formule 2, c’est ma deuxième saison avec ART Grand Prix, une écurie française. Je fais partie de la Sauber Académie, qui est l’académie d’Alfa Romeo en F1. J’ai commencé par le karting, j’ai été trois fois champion de France. J’ai fait de la Formule 4 française ou j’ai été champion de France junior. J’ai fait de la F4 allemande ou j’ai été champion d’Allemagne en 2019. En 2020, je deviens vice-champion du Monde de Formule 3, et l’année dernière je finis 5e pour ma première saison de F2.

Comment avez-vous goûté aux sports mécaniques ?

Mon père était fan de rallye et de sports autos en général, c’est lui qui m’a mis dedans. Mais il n’avait rien à voir avec ce milieu, il n’a jamais été pilote. Je viens du sud de la France, près de Cannes, donc j’ai commencé aux alentours. Le karting dès l’âge de 3 ans, donc c’était très très jeune. Puis il est venu le temps de la première, puis deuxième compétition, et ça m’a hyper plu. On n’a pas arrêté, parce qu’au début ça restait un amusement. Vers 6-7 ans, j’ai commencé à faire des courses régionales, puis nationales. Et mon père s’est pris au jeu, moi aussi, c’est devenu une passion, et j’ai jamais voulu arrêter. Toute ma famille a fait les efforts nécessaires pour continuer. Aujourd’hui c’est pas mal, je suis en F2 et j’espère atteindre mon rêve de F1.

Vers quel âge y a-t-il cette bascule entre l’amusement et l’envie d’aller plus loin ?

Je pense à peu près aux alentours de 12 ans. Quand j’ai commencé à aller faire du karting à l’international, lors des championnats d’Europe, championnats du Monde, dans des grosses équipes déjà, où c’est plus professionnalisé. On a beaucoup de coéquipiers, les enjeux sont plus gros. Là, ça commence à être du sérieux. L’autre step c’est quand je suis passé en monoplace, en F4 française en 2018. Là j’ai réalisé que je n’étais pas si loin que ça la F1. Même si c’est très dur de l’atteindre, je sentais que je m’y approchais.

Quelles sont les difficultés pour se lancer à fond dans le sport mécanique ?

Le sport auto est très cher. Donc l’aspect financier est compliqué, pas tout le monde y arrive. Tout ce qui est karting, ça reste faisable mais ensuite ça devient assez cher. Ma famille m’a supporté et fait énormément de sacrifices. Je le réalise d’ailleurs de plus en plus, parce que quand j’étais petit, pour moi, c’était normal. Aujourd’hui j’en suis très reconnaissant. Je suis aidé par ma fédération, je suis aidé par la Sauber Academy, par quelques sponsors, c’est hyper important. Après, c’est une passion avant tout, j’adore ça, et il n’y a pas que la F1, il y a plein de branches. J’adore faire ça, j’essaye de prendre un maximum de plaisir et c’est le plus important.

Quelle est la vie d’un jeune homme de 18 ans, d’un circuit à l’autre aux quatre coins du monde ?

C’est très spécial pour quelqu’un qui a 18 ans, c’est quasiment unique, on est que 22 à le faire. On voyage beaucoup. J’ai eu mon bac l’an dernier mais j’étais dans l’école de la FFSA Académie, donc j’ai fait des cours par correspondance, ensuite j’ai passé mon bac en candidat libre. Sinon je suis très rarement chez moi, souvent sur les compétitions, ou au simulateur pour se préparer. Et beaucoup de sport, de préparation mentale. Mais grâce à ce sport je découvre beaucoup de pays, j’adore voyager. Je découvre plein de nouvelle cultures, je vais sur les plus beaux circuits du monde, c’est génial.

Comment se passe cette saison, quels sont vos objectifs ?

Il y a eu des hauts et des bas, c’est pour tout le monde comme ça, je pense. Il y a toujours des bons moments, des moments un peu moins bons. On essaye d’avancer, de progresser toute l’année. Ça se passe plutôt bien, je suis 2e du championnat donc ça va, on espère faire mieux. Après il y a pas mal de choses dans lesquelles je peux m’améliorer, comme la qualification. Il y a des domaines dans lesquels j’ai bien progressé comme les départs, la course, je me sens à l’aise. C’est loin d’être fini, j’y crois et je donne tout.

Quelles sont les prochaines étapes pour obtenir un volant en F1 quand on est un jeune en F2 ?

Faire du mieux possible. SI je donne tout et que j’extrais 100 % de moi, Théo Pourchaire, sur la piste, et que je le montre, je n’aurais rien à me reprocher.

Est-ce qu’il y a une exigence de résultat pour atteindre la F1, qu’est-ce qu’il faut pour avoir un volant en F1 ?

C’est sûr que de gagner le championnat ca aide. C’est un rêve, ce serait incroyable et le plus grand titre que je peux gagner cette année. Donc je me suis préparé pour ça, j’espère le faire. Est-ce que c’est une obligation ou pas ? Je donne le meilleur possible, il y a plein d’aléas qui peuvent rentrer en compte. On verra bien. Mais on n’est pas si loin que ça, même si la concurrence est rude. De mon côté je ne suis pas au top en qualification, mais je sais qu’en course je suis un peu mieux que mes concurrents. Je pense que c’est faisable.

Est-ce que le fait d’avoir 2 pilotes français récemment vainqueurs de Grand Prix fait un appel d’air pour les plus jeunes pilotes français ?

La F1 est devenue beaucoup plus populaire en France grâce à Esteban [Ocon] et à Pierre [Gasly], et du coup les gens s’intéressent aussi au futur. Vu qu’on est sur les mêmes week-ends que la F1 avec la F2 et la F3, ce sont des très belles courses à voir, très serrées. C’est intéressant pour le public, et ça nous permet d’avoir plus de visibilité. J’espère les rejoindre.

Quelles sont les principales difficultés pour atteindre la F1, est ce seulement une question de performance ?

Il y a beaucoup d’aspects pour la F1, c’est différent par rapport au foot ou au basket. Il faut être très performant, quoi qu’il arrive. Les 20 pilotes qui sont en F1 sont des très bons pilotes. Parfois, il y a aussi l’aspect financier, c’est comme ça. Je prends l’exemple de l’an dernier, Oscar Piastri [vainqueur en F2 en 2021] n’a pas été en F1 mais il va avoir sa chance. Ce n’est pas que la performance non plus, il ne faut pas l’oublier, mais en tant que pilote on ne peut que délivrer sur la piste.

Est-ce que la F1 laisse assez sa chance au jeune pilote, au-delà de l’obligation de faire rouler des rookies en essais libres ?

Je pense, oui, la F1 laisse sa chance aux jeunes. Par contre c’est compliqué, il faut être excellent pour l’atteindre. Après je pense que pour les essais libres c’est compliqué avec les changements de réglementation, donc ça tombe un peu au mauvais moment cette règle. Parce que les écuries cherchent toujours à améliorer leur voiture, je les comprends sur ça. Mais ça viendra plus tard dans l’année, on verra de plus en plus d’écuries aligner un rookie en FP1. C’est une bonne chose. La F1 reste différente de la F2 et de la F3, c’est un autre monde. C’est bien de montrer son potentiel, de montrer ce qu’on vaut sur la piste. C’est bien d’en avoir la possibilité.