Ligue 1 : Comment les clubs redoublent (ou pas) d'ingéniosité pour satisfaire leurs supporters à l'ère de la jauge

FOOTBALL La jauge de 5.000 supporters dans les stades limite beaucoup les clubs

W.P, avec J.Lau, C.C, T.G et F.L
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La jauge, un concept flou à Louis II
La jauge, un concept flou à Louis II — Lionel Urman/SIPA
  • La jauge de supporters dans les stades de Ligue 1 est fixée à 5.000 personnes dans les stades
  • Les clubs de l'élité n'ont toujours pas obtenu de dérogation préfectorale afin de permettre à un peu plus de spectateurs d'assiter aux rencontres
  • Face à ces restrictions, certains clubs redoublent de créaivité

On connaissait la cité des 4.000, il faut désormais faire avec la Ligue 1 des 5.000, comme la jauge du nombre de supporters autorisés dans les stades de foot par le ministère des Sports. Un peu plus spacieuse et confortable que la première nommée, certes, mais peut-être un peu trop au goût des clubs désireux de gonfler leurs revenus de jour de match. Pas un hasard si les plus gros comme l’OM ou Paris ont demandé une dérogation auprès de leurs préfectures respectives. Les premiers voulaient jouer devant 20.000 spectateurs contre l’ASSE – match finalement reporté – quand le PSG espérait remplir 37 % du Parc des Princes (soit 18.000 places) pour le classico. Réponse négative pour les deux.

Une décision qui, selon nos informations, passe mal dans le club de la capitale où l’on pointe du doigt une certaine incohérence avec les 11.500 spectateurs quotidiens autorisés non loin de là, à Roland-Garros. Deux balles, deux mesures ? Pour l’heure et pour rester sur le football, seuls Bastia (National) et Auxerre (Ligue 2) ont obtenu dérogation à ladite jauge.

En Ligue 1, toujours pas un Mondo Duplantis pour franchir cette barre trop durement fixée. Sans changement de contexte sanitaire, ni prise de risque des préfectures, il faudra donc s’y faire. Avec une question en filigrane, celle de la sélection des supporters. Petit zoom sur la manière dont les clubs gèrent le flux réduit de fans en direction des stades.

La plus « speed » et équitable

Plus connue sous la forme de « premier arrivé, premier servi », la méthode a été adoptée par les clubs qui, comme le PSG ou l’OM, ont un nombre d’abonnés bien supérieur à la jauge des 5.000.

  • Paris a dans un premier temps songé au tirage au sort mais la méthode a été jugée injuste eu égard à la valeur inégale des affiches (pour faire court, la réception d’Angers ne vaudra jamais celle de Marseille). A la place, on laisse donc opérer la sélection naturelle entre abonnés du côté du Parc des Princes. Les plus réactifs seront récompensés. Le PSG entend ceci dit contester la jauge de 5.000 à chaque réception en espérant obtenir le remplissage à 37 % qu’il se sent pleinement capable de mettre en place, fort de l’expérience acquise lors des matchs amicaux du début d’été.
  • Du côté de l’OM, le club nous informe que les abonnés tribunes 2019-20 ont eu une priorité du 01 au 08 septembre avec un tarif spécifique dédié. A partir du 9, le premier arrivé, premier servi entre en vigueur. Par ailleurs, les places ont été mises en vente par packs de 2, 3 ou 4 avec des placements prédéfinis dans les tribunes afin que les supporters puissent simplement s’asseoir en respectant les distances sanitaires. Chaque commande espacée de 2 sièges libres.
  • A Bordeaux, prime à la réactivité également. Contre Lyon, seules 4.500 places étaient disponibles sur 7.000 abonnés. Les Girondins compensent la malchance en proposant un match gratuit supplémentaire la saison prochaine à chaque rencontre loupée pendant la disette.


La plus « rotation de l’effectif »

Au RC Lens, qui compte 23.000 abonnés, le club a opté pour une méthode pour le moins originale en décidant de faire tourner tribune par tribune (il y en a quatre au total). Ainsi, pour la réception du Paris Saint-Germain, les abonnés de la tribune Marek seront à l’honneur.


« Pour savoir par qui commencer, on a décidé d’y aller par taux de réabonnement par tribune, approfondit Fabrice Wolniczak, directeur commercial, communication et marketing au RC Lens. Comme la Marek est à 100 % de réabonnement cette année, ça a été vite réglé pour le premier match. Sachant que les supporters seront répartis dans différentes tribunes. Le prochain match contre Bordeaux, ce devrait être au tour des abonnés de la tribune Delacourt. » Si la réception du PSG fonctionne, Lens entend conserver ce système tant que la conjoncture sanitaire l’obligera.

La plus VIP

A l’OL, on a tout prévu sur la base de 4.500 spectateurs (en estimant à 500 personnes en plus dans le stade entre staff, sécurité, journalistes…), avec les loges à l’honneur :

  • 1.500 personnes dans les salons et loges
  • 3.000 places dédiées aux abonnés de la saison passée, qui peuvent réserver en ligne à partir d’OL-Nîmes deux places par personne. S’il reste ensuite des places en vente, des non abonnés peuvent également assister aux matchs, comme cela a été le cas pour OL-Dijon

« L’un de nos grands principes est de maintenir une jauge de 1.500 places pour les salons et loges, et ce au vu de la situation économique actuelle », explique le stadium manager du club Xavier Pierrot. Celui-ci précise qu’il n’y a pas de places directement en vente cette saison pour les espaces en salons et loges, même pour la prochaine grosse affiche contre l’OM le 4 octobre. Il s’agit de clients/partenaires engagés sur des contrats pour plusieurs années avec l’OL.

La plus « tirage de Ligue des champions »

On vous invite à faire un tour sur le site du Nîmes Olympique pour apprécier le chef-d’œuvre. Un tirage au sort parmi les abonnés de la saison passée répartis en trois chapeaux pour assister à six matchs distingués par catégories. Et s’il reste encore des places à 48 heures de la rencontre, les membres des autres chapeaux entrent dans l’enchère. Un chef-d’œuvre de minutie.

C'est pas beau, ça?
C'est pas beau, ça? - Nîmes olympiques

Exemple : Un abonné du chapeau A pourra voir, s’il le souhaite, Brest, Paris, Nice, Dijon et Bordeaux.

La plus démocratique : l’OGC Nice

Au Gym, on ne cache pas sa fierté d’avoir consulté la Plèbe avant de rouvrir les portes de l’Allianz Riviera. Ainsi, les abonnés, là aussi seuls habilités à assister aux matchs des Aiglons à domicile à l’ère de la jauge, ont été soumis par leur club à un vote crucial : « Tant que les restrictions demeurent, préférez-vous le huis clos ou bien la possibilité d’assister aux matchs sur la base du 1er arrivé, 1er servi entre abonnés sur les places disponibles, avec un principe de rotation d’une rencontre à l’autre pour favoriser le retour progressif au stade de chacun. » Réponse évidemment positive.

Ainsi, pour la réception du PSG le 20 septembre, les abonnés niçois 2019/20 auront accès à la billetterie sur la base du « premier arrivé, premier servi ». S’il reste encore des places au terme du premier tour, les nouveaux abonnés 2020-21 se verront à leur tour ouvrir le guichet. Puis, enfin, ce sera au tour du grand public, si miettes il reste. Les abonnés dont la demande pour Nice-Paris n’aboutira pas bénéficieront obligatoirement d’une place pour la rencontre suivante à la Riviera, contre Nantes.

La plus fidèle

Le RC Strasbourg a pour sa part décidé de privilégier ses plus anciens abonnés, à savoir ceux qui le sont depuis trois ans et plus. Tous ceux-là étaient informés de la possibilité d’avoir une place pour la réception de Nice et avaient la possibilité de réserver leur place sur les plateformes habituelles. Les 4.400 premiers à avoir pris leur place l’ont obtenue.

Pour le prochain match, la réception de Dijon dimanche 20 septembre, le Racing a encore demandé une dérogation à la Préfecture. La préfète, qui était en visite à la Meinau lors de la 2e journée, a dit qu’elle allait y réfléchir. Une réunion était prévue à ce mercredi pour discuter d’une éventuelle augmentation de la jauge.