OL: Pour Joachim Andersen, «si tu n’as pas l’ambition d’être champion, tu n’es pas au bon endroit à Lyon»
INTERVIEW Recrue la plus chère de l’histoire de l’OL, Joachim Andersen a accordé lundi son premier entretien à Lyon à « 20 Minutes »
- Joachim Andersen est depuis le 12 juillet la recrue majeure de l’OL dans un secteur défensif ayant encore déçu la saison passée.
- Le Danois de 23 ans, qui reste sur une année pleine avec la Sampdoria (Serie A), s’est livré à 20 Minutes lundi pour la première fois depuis son arrivée à Lyon.
- De son admiration pour Sergio Ramos au montant de son transfert record à l’OL, en passant par les ambitions lyonnaises en 2019-2020, le colosse d’1,93 m n’a éludé aucune question.
Une dizaine de jours après son arrivée dans le costume de plus gros achat de l’histoire de l’OL (24 millions d’euros + 6 de bonus), Joachim Andersen prend gentiment ses marques à Lyon. Le défenseur central danois, qui a accordé lundi sa première interview en France à 20 Minutes, est apparu très à l’aise, évoquant même avec le sourire « les énormes Lego » créés par son père Jacob, homme d’affaires et président du Vendyssel FF (club de D2 danoise).
Légèrement touché au pied avec sa sélection avant l’Euro Espoirs, il a dû différer ses premiers pas sous le maillot lyonnais. L’ancien joueur de la Sampdoria (23 ans) espère rejoindre l’entraînement collectif jeudi puis participer à son premier match contre Arsenal, dimanche (16h15) lors de l’Emirates Cup à Londres.
Quels étaient vos joueurs modèles, durant votre enfance à Copenhague ?
J’ai toujours beaucoup aimé Sergio Ramos et Fabio Cannavaro. Et puis petit, je jouais milieu et attaquant donc j’ai aussi admiré Cristiano Ronaldo. Mais quand tu grandis et que tu te rapproches du monde professionnel, tu n’as plus d’idoles, seulement des joueurs que tu apprécies et que tu observes.
Vous renvoyez l’image d’un défenseur central très technique et plutôt soft malgré votre grande taille (1,93 m). On ne vous imaginait donc pas très Sergio Ramos compatible…
(sourire) J’aime son jeu, même s’il en fait parfois trop et qu’il reçoit peut-être trop de cartons rouges. Je pense avoir les mêmes qualités techniques que lui et je dois travailler au niveau de mon agressivité sur le terrain. Je dois apprendre de lui là-dessus. Je ne crois même pas avoir reçu un carton rouge dans ma carrière professionnelle [un seul en fait avec Twente, et 14 cartons jaunes en 88 matchs professionnels].
Vos formateurs au Danemark nous ont confié que « le tournant » de votre carrière avait eu lieu à 15 ans, après un renvoi d’une semaine de l’académie de Midtjylland. Estimez-vous avoir à ce point changé à ce moment-là ?
C’était difficile pour moi d’être pour la première fois éloigné de Copenhague. Il n’y avait rien à faire là-bas et durant mes six premiers mois dans l’académie, j’ai pu faire des choses stupides histoire de m’amuser. J’étais habitué à être le meilleur joueur de mon équipe jusque-là. Et à Midtjylland, il y a tous les très bons jeunes du pays donc j’ai découvert la difficulté, d’autant que j’étais un peu fainéant à cette époque. Je suis rentré une semaine à la maison, j’ai beaucoup parlé avec mes parents et quand je suis revenu, je suis devenu plus professionnel. C’est toujours dur de déterminer LE tournant d’une carrière mais oui, j’ai pris conscience grâce à cet épisode de ce qu’il fallait faire pour devenir l’un des meilleurs.
N’avez-vous pas retrouvé ces mêmes difficultés d’adaptation lors de vos expériences suivantes, à un jeune âge, aux Pays-Bas puis en Italie ?
Le premier départ à Midtjylland m’a beaucoup aidé à grandir et il m’a permis de me sentir plus facilement prêt à partir à l’étranger à 17 ans. Bien sûr, j’allais devoir découvrir une nouvelle langue mais je savais déjà ce que ça faisait d’être seul. Les débuts étaient surtout difficiles en Italie avec un football totalement nouveau à appréhender. La Sampdoria tournait bien sans moi la première saison donc le coach n’avait pas de raison de faire des changements. Je sentais que je m’améliorais aux entraînements donc j’ai essayé d’être patient. Ma chance est venue plus tard que ce que j’espérais mais j’ai su la saisir [à la fin de sa première saison à la Sampdoria]. C’est bon pour mon développement de découvrir différents types de football, avec désormais la France où c’est très physique.
A votre arrivée à Twente, à 17 ans, votre compatriote Andreas Bjelland vous a mis en garde : « Tes coéquipiers ne sont pas tes amis mais tes rivaux ». Cette phrase vous accompagne-t-elle dans votre parcours professionnel ?
C’était un bon conseil, Andreas m’a appris beaucoup de choses. Au Danemark, j’avais des amis, en étant 24h/24 à l’académie avec eux. C’est différent désormais en étant pro à l’étranger. Tout le monde a une famille, peut-être que des joueurs ne m’aiment pas. On me dit souvent aussi qu’il est difficile de bien s’entendre avec un joueur évoluant au même poste. C’est comme ça dans le football, on est tous des compétiteurs. En fait, ça peut être dur de dire franchement à un coéquipier ce que tu attends de lui si c’est un de tes amis. Aujourd’hui, peu importe que je joue avec Cristiano Ronaldo ou avec un jeune joueur, je lui dirais vraiment les choses comme elles sont sur le terrain.
Avez-vous la sensation que l’OL vous a notamment recruté afin de s’appuyer sur la qualité de votre relance ?
J’ai cette qualité pour construire le jeu avec de bonnes premières passes. J’ai envie d’être utile à Lyon ainsi. C’est naturel pour moi de prendre cette responsabilité dans le jeu. J’ai joué à différents postes offensifs dans ma jeunesse et ce n’est vraiment qu’en U17 que j’ai commencé à me stabiliser comme défenseur. J’ai surtout senti que Lyon me voulait depuis longtemps. J’ai eu un bon feeling avec le club et c’était un choix facile à faire pour moi. C’était la meilleure opportunité de découvrir la Ligue des champions avec un grand club.
Vous avez expliqué durant votre conférence de presse de présentation connaître l’histoire de l’OL. Quels sont vraiment vos premiers souvenirs de ce club ?
Je me souviens bien de leurs titres enchaînés [sept de 2002 à 2008]. Bien sûr que je me souviens de Juninho, qui était un joueur fantastique, et de Karim Benzema. Je les regardais de temps en temps en Ligue des champions. Et quand j’ai découvert l’intérêt de l’OL pour moi, je me suis penché plus en détail sur les cinq et même sur les dix dernières saisons du club pour comprendre où il en était aujourd’hui. J’ai voulu savoir qui seraient mes concurrents en défense centrale, le niveau de la Ligue 1… J’ai aussi demandé à mon coéquipier suédois de la Sampdoria Albin Ekdal le numéro de Kim Källström [milieu de l’OL de 2006 à 2012] pour échanger avec lui et avec mon ami Simon Kjaer [ex-Losc] sur la Ligue 1 et Lyon.
Pour un jeune joueur ambitieux comme vous, est-il pensable de lutter pour le titre dès cette saison quand on sait que l’OL a fini à 15, 20, 31 et 19 points du PSG les quatre dernières années ?
Je joue toujours pour gagner. Si tu n’as pas l’ambition d’être champion quand tu joues ici, tu n’es pas au bon endroit à Lyon. L’OL se doit de toujours jouer la gagne. Bien sûr que le PSG a beaucoup de bons joueurs et qu’il a l’argent pour acheter qui il veut. Mais je pense que ce n’est pas toujours une question d’argent. Il faut aussi voir la mentalité des joueurs. A nous de bien grandir ensemble, tout est possible dans le football.
Ce double record du Lyonnais et du Danois le plus cher dans l’histoire du football n’est-il pas un poids dont vous vous seriez bien passé pour démarrer cette nouvelle aventure ?
Pour moi, ce n’est pas important. Ce prix n’a rien à voir avec moi, il ne concerne que les clubs. J’aime la pression et j’ai toujours été bon sous pression. Je ne me focalise que sur mon jeu et pas sur les commentaires qui peuvent être faits, surtout que je ne comprends pas le français (sourire). Ce transfert record sera juste une histoire marrante à raconter quand j’aurais fini ma carrière.