JO 2018: En luge et skeleton, les Français regardent les Jeux à la téloche, alors qu'ils étaient qualifiés... Voilà pourquoi
LUGE «Les gamins sont au fond du trou», nous dit un proche...
- L’équipe de France olympique n’aligne pas de concurrents en luge et en skeleton, deux disciplines très spectaculaires.
- Pourtant, trois Français étaient qualifiés pour les JO.
- C’est la Fédération française de glace qui a fait le choix de ne pas les emmener aux Jeux.
De notre envoyé spécial à Pyeongchang (Corée du Sud),
Ils ont les dents qui rayent la glace. Mais pas celle de la piste olympique de Pyeongchang. Aux JO, vous ne verrez pas de Français sur la piste de luge (tête en arrière et sur le dos), ni sur celle de skeleton (tête en avant et sur le ventre). Trois athlètes avaient pourtant obtenu leurs qualifications, a appris 20 Minutes. Margot Boch et Adrien Maître en luge, Lucas Defayet en skeleton. Mais la Fédération française des sports de glace ( FFSG) a choisi de ne pas les emmener avec la délégation bleue.
Quand on le lance sur le sujet, le DTN (directeur technique national) de la FFSG tourne un peu autour du pot. Rodolphe Vermeulen loue le « talent » et « l’envie » de ces « jeunes qui apprennent le métier. » Avant de lâcher le fin mot de l’histoire : « La glace a fait trois JO consécutifs sans médaille, alors cette année, on a fait des sélections très exigeantes. » Tout l’opposé de la politique des fédérations internationales de luge et de skeleton qui conçoivent leurs quotas avec l’objectif d’inviter le maximum de nations pour développer leur sport.
La Ferrari, la Twingo et le président de fédé
Le développement de la luge et des sports de glisse, tiens, parlez-en à Laurent Boch, président du club de bobsleigh de la Plagne. « De toute façon à la FFSG, y a que le patin qui compte, ils financent juste un peu de bobsleigh, c’est tout ! C’est ça, la politique de Gailhaguet. » Didier de son prénom, le controversé président de la Fédé.
Pas de grand scandale en vue cependant, les bobeurs, skeletoneurs et lugeurs ne pèsent qu’une poignée de licenciés en France. Mais tout de même. « On se demande si on ne va pas la quitter, la fédé », reprend Laurent Boch. C’est le dirigeant de club qui parle… Et le papa, vous l’aurez peut-être deviné, de Margot, lugeuse de 18 ans, 39e en Coupe du monde… et qui va regarder ses adversaires habituelles à la télé (ce mardi à partir de 11h50) : « J’ai des copines qui sont aux Jeux… Ça sera peut-être un peu difficile pour moi, mais ça me motivera encore plus pour 2022 », nous disait-elle avant les JO.
On l’a eu au téléphone en direct d’une petite chambre d’hôtel allemande, après les championnats du monde Juniors. Une piaule qu’elle partage avec Adrien Maitre (économies obligent), qui se retrouve donc dans l’exacte même situation. « Je suis déçu, pas étonné. » A 18 ans, on est un peu timide avec les journalistes.
« Les gamins sont au fond du trou », martèle à leur place Laurent Boch. Les JO, c’était « la carotte » après une saison dans l’anonymat et, un peu, la galère. Un skeleton coûte 8.000 euros, Lucas Defayet a lancé un crowdfunding, « pour financer son rêve olympique. » Loupé. Gros investissements en matériel aussi pour la famille Boch. Pour rien : la luge allemande flambant neuve n’est pas allée aux Jeux. En même temps. « On croyait avoir acheté une Ferrari… Et on dirait qu’on a plutôt une Twingo ! »