Meilleur sommelier du monde : Qui est Pascaline Lepeltier, la candidate française dont les chances sont bien réelles ?
CONCOURS MOF 2018 et Meilleure sommelière de France 2018, l’Angevine Pascaline Lepeltier représente la France au concours du Meilleur sommelier du monde
- Pascaline Lepeltier représente la France au Concours du Meilleur Sommelier du Monde qui se tient cette semaine à Paris.
- Sommelière à New York d’origine angevine, elle fait partie des 68 sélectionnés au départ pour ce concours, le plus prestigieux au monde.
- Elle n’a découvert le vin que tardivement, après des études de philosophie, avant de remporter deux titres en 2018 : Meilleur Ouvrier de France en sommellerie et Meilleur Sommelier de France.
Voir la sommelière déguster, oui, mais aucune chance de la rencontrer. Pascaline Lepeltier a prévenu son entourage : « n’acceptez aucune interview » et ce, depuis plusieurs semaines maintenant, afin d’être « préservée » d’une trop grosse pression médiatique. La candidate française s’est plongée corps et âme dans le Concours du Meilleur Sommelier du Monde, qui ne se tient qu’une fois tous les trois ans et pour lequel la spécialiste du vin de 42 ans est d’autant plus attendue au tournant qu’elle joue « à domicile », à l’Arena Paris-La Défense.
Ils étaient soixante-huit mercredi au départ, venus du monde entier. Ils ne seront plus que trois dimanche pour la finale qui, pour la première fois se déroule en public et sera diffusée sur la chaîne YouTube de l’Association de la Sommellerie Internationale (ASI).
Mais qui est Pascaline Lepeltier ?
Après une maîtrise de philosophie sur Henri Bergson et un DESS en management de la restauration, la native de La Rochelle a été happée par l’univers réputé masculin du vin. Déclic : la dégustation d’un verre de Château Yquem 1937. « J’étais en train de vivre ce que Platon avait décrété être le sentiment philosophique originel, l’émerveillement », décrit Pascaline Lepeltier dans son livre Mille vignes, penser le vin de demain (Hachette), paru en novembre 2022 et déjà considéré comme « une référence sur le vin » par le journaliste gastronomique François-Régis Gaudry.
Cette Angevine de cœur décide alors de consacrer sa vie au vin. Elle apprend auprès des vignerons visionnaires de la région qui l’a vue grandir l’importance du respect du vivant. « J’ai vu débouler quelqu’un de hors norme intellectuellement mais qui a su se fondre dans les paysages et les relations humaines », confie à Ouest France le caviste Patrick Rigourd, l’un de ses mentors.
Formée à l’école de la gastronomie et des accords auprès du chef Jacques Thorel, elle crée pour des restaurants étoilés des cartes des vins engagées pour un « mieux boire », travail récompensé par nombre de prix internationaux. Installée à Manhattan en juin 2009, son travail sur les vins biologiques, biodynamiques et naturels est rapidement reconnu. En 2018, elle remporte les prix de Meilleure Sommelière de France et Un des Meilleurs Ouvriers de France. Un an plus tard, elle est consacrée Personnalité de l’année par La Revue du vin de France – première femme à recevoir cet honneur. Et depuis 2022, elle est la directrice des Boissons de Chambers, un restaurant farm-to-table du quartier de TriBeCa, à New York, qui compte plus de 3.000 références de vin majoritairement biologiques, biodynamiques et naturelles.
Un mental de vainqueur
Championne de tennis à l’âge de 15-16 ans, obligée de raccrocher à cause d’une blessure, elle garde de cette expérience un mental d’acier. De bon augure pour un concours qui demande autant de concentration que de qualités physiques. « On essaie de répéter les gestes, de faire en sorte que ça devienne des automatismes, racontait Pascaline Lepeltier en novembre dernier lors d’une rencontre publique à la Cité du vin à Bordeaux. Il y a des entraînements hebdomadaires sur des ateliers très précis, mais on déguste aussi tous les jours, plein de choses. À l’écrit aussi parce qu’on a des épreuves écrites. On se lève le matin et c’est quatre heures de théorie, une heure de dégustation, une heure de service, précis et re-théorie, le soir en rentrant du restaurant… »
« Ce concours est un véritable parcours du combattant », confirme à 20 Minutes Philippe Faure-Brac, qui refuse de voir en Pascaline Lepeltier la principale favorite. « Il y a beaucoup d’autres candidats qui sont en mesure l’emporter », prévient l’ancien vainqueur 1992 en essayant d’atténuer la pression. Tout juste note-t-il que Pascaline Lepeltier a pour elle son parcours, son aisance et le fait qu’elle a su s’entourer d’une équipe hors du commun. C’est la Team France, un corps de sommeliers, d’experts et de professionnels du vin qui l’aident pour regrouper des connaissances, pour répéter lors d’ateliers de pratique ou de dégustation.
Parmi eux, Jérémy Cukierman qui a livré à la Revue des vins de France ses conseils à la candidate française : « le défaut majeur de beaucoup de sommeliers, c’est de vouloir conclure avant d’analyser. En dégustation à l’aveugle, il faut faire confiance à son cerveau, le laisser analyser le vin avant de restituer ». Ne pas s’arrêter sur l’arôme et la saveur. Définir plutôt l’acidité, l’intégration, le tactile du vin. L’attitude compte également. « Il faut s’exprimer de manière très fluide, être un peu théâtral mais pas trop et éviter d’étaler sa technique. » Le coach préconise au contraire l’empathie. « Il faut savoir s’adapter, comprendre la psychologie de la personne que vous avez en face de vous », qu’il s’agisse d’un client au restaurant, connaisseur ou pas, ou du jury du plus prestigieux concours de sommellerie au monde, qui lui s’y connaît. Et pas qu’un peu.