JO Paris 2024 : A un an de l’échéance, de nouvelles annonces présidentielles et un Cojo qui « ne voit pas d’alerte »
J-1 an Toutes les entités concernées par les Jeux veulent montrer qu’elles sont en ordre de marche, alors que l’événement approche à grand pas
- Le 26 juillet marquera, la semaine prochaine, la date symbolique du J-1 an avant les Jeux olympiques de Paris 2024.
- Ce mercredi, le président Emmanuel Macron a organisé un Conseil olympique et paralympique pour fixer avec ses ministres et toutes les parties prenantes le cap pour les douze prochains mois.
- De son côté, le Comité d’organisation a assuré lors d’un point d’étape que malgré quelques coups de chaud, tous les voyants sont au vert, que ce soit niveau budget, délais de livraison des équipements ou planification des transports.
Le jour-J approche, les hautes sphères s’agitent. Alors que le 26 juillet, la semaine prochaine, marquera symboliquement l’entrée dans la dernière année avant la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris, la France entend montrer qu’elle est dans les temps pour accueillir le monde comme il se doit. Et plus que jamais décidée à faire de ce rendez-vous « un événement exemplaire et porteur d’un héritage durable pour le pays », comme l’a encore asséné Emmanuel Macron ce mercredi lors du Conseil olympique et paralympique qui s’est tenu à l’Elysée.
Mobilisation populaire et accueil soigné
Le président de la République y a réuni les membres du gouvernement, élus et plus largement toutes les parties prenantes engagées dans l’organisation de ces Jeux. L’occasion de fixer le cap pour les douze prochains mois. Deux points sont prioritaires à ses yeux, la mobilisation des Français et la question de l’expérience touristique. Le chef de l’Etat entend que les spectateurs qui viendront de l’étranger (dont le nombre a été estimé dans une étude de la Ville de Paris à 1,2 million, avec ou sans billet) repartent chez eux avec une bonne image de la France – pas comme lors de la finale de la Ligue des champions au Stade de France l’année dernière –, et prend donc particulièrement au sérieux les sujets du transport, de la sécurité et de la qualité de l’offre hospitalière et de restauration.
C’est pourquoi il a demandé aux ministres concernés « des propositions à la hauteur de ses ambitions », explique-t-on à l’Elysée. Dans le détail :
- Mise en place d’une charte d’engagement sur les meublés touristiques, qui visera notamment à faciliter l’information et la transparence des prix avec la création d’un Observatoire des prix et faciliter le contrôle du nombre maximum de nuitées de location par an.
- Négociation d’un contrat de filière hôtellerie/restauration comportant des engagements sur les compétences linguistiques, les outils de communication, la transparence des services, l’accessibilité, l’écologie et les produits locaux.
- Renforcement des moyens de contrôle de la Direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes pour veiller au respect des normes de qualité et sanitaires.
- Encourager l’émergence de villages gastronomiques à proximité des sites hôtes ou espaces de célébration pour valoriser la diversité et la qualité de l’agriculture et de la gastronomie française.
- Etablissement d’un « parcours voyageur » avec des engagements précis sur la fluidité des parcours, notamment aux aéroports ou sur l’information voyageur.
- Veiller à l’accueil des personnes à mobilité réduite et en situation de handicap, avec au moins 5.000 chambres disponibles et une accessibilité intégrale des sites olympiques et des cérémonies. Début 2024, les crédits du fonds de mise en accessibilité, doté de 1,5 milliard d’euros, iront en priorité aux territoires d’accueil des JO.
Concernant la mobilisation des territoires et de toute la population, Emmanuel Macron a annoncé le lancement d’un nouveau programme de soutien aux équipements sportifs, après le « plan 5.000 terrains » initié en 2021, et demandé à sa ministre des Sports Amélie Oudéa-Castera de lui présenter une série d’actions pour profiter de « l’énergie des Jeux ». Vaste programme. Quant aux athlètes, ils seront contents d’apprendre que le montant des primes de médailles sera rehaussé - on saura de combien un peu plus tard, elles étaient lors des derniers Jeux de 65.000 euros pour une médaille d'or, 25.000 euros pour l'argent et 15.000 euros pour le bronze.
Une dernière année « décisive et pas facile »
Pour ce qui est de l’organisation en elle-même des JO, nul doute que le Président aura accueilli le point d’étape de Tony Estanguet, tenu mardi, avec contentement. En tout cas, le patron du Comité d’organisation (Cojo) y a mis du sien pour rassurer son monde. « On est dans les temps, a martelé le double champion olympique de canoë. Aujourd’hui, le projet est même plus ambitieux qu’au moment où on a gagné les Jeux en 2017. »
Malgré les coups durs, la grogne sur la billetterie ou les récentes perquisitions, Tony Estanguet n’a concédé aucun signe d’inquiétude. « On n’a pas été épargné ces dernières années, il s’est passé beaucoup de choses en France et dans le monde qui ne nous ont pas facilité la tâche, mais on s’accroche. Ces Jeux sont une chance pour notre pays, on va accueillir le monde, on veut le meilleur et à un an de l’échéance, on ne voit pas d’alerte particulière, a-t-il assuré. On doit rester humble, la dernière année sera décisive et pas facile, on le sait, mais on doit avancer avec confiance car pour l’instant ça se passe très bien. »
Pendant une bonne heure et demie, le président du Cojo a répondu pied à pied à toutes les inquiétudes. Les transports ? « Il y a un plan très précis sur la table, jour par jour, site par site, session par session. Notre système de transport public sera efficace au regard d’autres villes qui ont pu organiser les Jeux avant nous, il est important de rétablir ce message. » Les infrastructures seront livrées dans les temps, mars 2024 pour le village olympique (travaux terminés fin 2023), avril pour le Centre aquatique olympique et juin pour l’Arena La Chapelle (après un test au mois de mars). « Nous sommes là où nous avions prévu d’être depuis le début de notre mission », a appuyé mercredi Nicolas Ferrand, directeur général de la Solideo, l’organisme responsable des 53 chantiers en cours pour les Jeux.
Le budget est lui aussi bien parti pour être tenu, promet Tony Estanguet. Rehaussé à 4,4 milliards d’euros fin 2022, en raison de l’inflation mais aussi « d’une sous-estimation évidente du budget de candidature et d’une méconnaissance peu compréhensible de la complexité du cahier des charges du CIO », a sermonné la Cour des comptes le mois dernier, il est toujours financé à 96 % par le secteur privé, a rappelé le dirigeant. Bonne nouvelle, sur le 1,24 milliard d’euros devant provenir des partenariats, 1 milliard est déjà sécurisé grâce à 22 nouveaux contrats signés en 2023. « Il y a un vrai engouement des entreprises pour participer à la réussite de ces Jeux, que ce soit par un apport financier, mais aussi de savoir-faire et de technologies », s’est-il félicité.
L’objectif de boucler 92 % des besoins du Cojo d’ici à la fin de l’année est plus que jamais d’actualité. Reste toutefois un gros morceau toujours en suspens, le partenariat avec LVMH, vrai serpent de mer depuis des mois et qu’il faut « conclure impérativement », selon la Cour des comptes. Quelque 140 millions d’euros sont en jeu. « Cela permettrait à notre projet d’avoir une ambition encore plus forte. Nous avons envie de trouver un accord mais ça prendra le temps qu’il faut, a reconnu Tony Estanguet. Ce n’est pas signé, on continue de discuter. »
Le CIO enthousiaste
Quant aux éléments extérieurs, comme les émeutes qui ont secoué le pays à la suite de la mort du jeune Nahel le 27 juin, le comité d’organisation s’applique à ce qu’ils ne fassent pas dévier la ligne directrice. « Il y a eu le Covid-19, la guerre en Ukraine, maintenant ce contexte social. D’autres événements vont encore se passer dans l’année qui vient, avance le patron des Jeux. On est vigilants, attentifs à ce qui se passe autour de nous. Je reste convaincu qu’on a tout pour réussir de grands Jeux, et surtout que la France n’en a jamais eu autant besoin. » Un point de vue que rejoint le grand manitou du CIO Thomas Bach, qui a également donné son sentiment mardi sur la manière dont la France se prépare à accueillir son bébé.
« Ces Jeux vont laisser un bel héritage et aider la population. Nous sommes confiants sur le fait qu’ils vont avoir lieu dans un cadre paisible, a fait savoir le boss allemand. Ces émeutes n’ont rien à voir avec les JO. Il y a, je pense, un véritable soutien de la part de la population française, qui est amoureuse du sport et va le fêter comme elle le fait actuellement avec les cyclistes du Tour de France. »
Alors que les représentants des comités nationaux olympiques sont semblent-ils repartis de Paris ravis après leur semaine de visites et d’échanges, lundi, Thomas Bach a estimé que ces JO « feront référence pour les éditions suivantes », pointant « la parité hommes-femmes exacte, des Jeux durables, avec 95 % des sites préexistants ou provisoires et la volonté de réduire l’empreinte carbone de 50 % par rapport à Londres et Rio » et la place faite à la jeunesse avec « l’arrivée du breaking en plus de l’escalade, et du skate ». Un discours bien rodé, évidemment, même si on a connu le placide dirigeant moins enthousiaste.