Lens-Arsenal : Même sans Henry, Pirès ou Giroud, les Gunners attirent toujours les supporteurs français

LIGUE DES CHAMPIONS Depuis la fin des années 1990 et la présence de nombreux Français chez les Gunners, le club anglais bénéficie d’un énorme soutien sur notre sol. Et ça continue, malgré les départs nombreux des Tricolores

Antoine Huot de Saint Albin
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Yes, « Vive la France ».
Yes, « Vive la France ». — Kieran McManus/Shutterstock/SIPA
  • Arsenal se déplace sur la pelouse de Bollaert, à Lens, pour la deuxième journée de la phase de poules de Ligue des champions, ce mardi (21 heures).
  • De nombreux supporteurs français des Gunners viendront garnir les travées du stade des Sang et Or.
  • Même depuis la fin de l’époque des « frenchies » (Henry, Pires, Vieira, Wenger), le club londonien continue d’attirer les fans français.

Si, un jour, la France devait envahir l’Angleterre pour on ne sait quelle raison (tout va très vite dans la diplomatie), petit tip pour nos spécialistes : commencer l’opération par le Nord de Londres et le quartier d’Highbury. Là-bas, montrez votre carte d’identité bien baguette, bien comté, et vous serez reçus comme des rois, mieux que Charles III. Car, la France et Arsenal, c’est une histoire qui roule, surtout depuis qu’Arsène Wenger et ses Frenchies ont remis Arsenal sur le devant de la scène britannique au début des années 2000.

Les performances des « Invincibles » ont aussi attiré bon nombre de supporteurs français : « les French Gooners », dont certains seront à Bollaert ce mardi, pour le deuxième match de poule de Ligue des champions (21 heures). Car, malgré les départs de Henry, Pirès, Vieira, Flamini, Clichy, Nasri, Giroud ou Cygan (oui, oui), les Canonniers continuent d’avoir une belle petite flotte du bon côté de la Manche. 20 Minutes a donné la parole à quatre Français de différentes générations qui évoquent leur amour pour Arsenal.

> Ben, 45 ans, co-créateur, en 2007, de l’association officielle des supporteurs Arsenal France, reconnue par le club

« Ma passion pour Arsenal a commencé au milieu des années 1990, principalement grâce à L’équipe du dimanche. Quand j’étais jeune, la première chose qui m’a plu dans l’équipe, c’est leur surnom, les Gunners. L’arrivée d’Arsène Wenger [en 1996] et de tous les joueurs français a amplifié le phénomène. C’était mortel d’avoir les acteurs majeurs de l’équipe de France dans son club, comme Henry, Vieira, Pires.

On a toujours eu énormément de respect pour les supporteurs français arrivés dans les années 2010, à l’époque où le club était dans une position compliquée, où on ne savait pas vers quelle direction il allait. Ça serait pourtant plus simple pour eux de soutenir un autre club. On n’a pas d’explication, on ne comprend pas cette passion. Il n’y a rien de rationnel dans le foot, on tombe amoureux d’un club sans le vouloir.

Il y a des associations, en Norvège ou en Suède, où il y a énormément de supporteurs d’Arsenal depuis très longtemps. Mais, dans l’imaginaire, la période frenchies a tellement marqué le club que les gens associent toujours la France à Arsenal. Et, dernièrement, le club a sorti une collection de vêtements “French Heritage”, bleu blanc rouge, pour marquer la touche française. Avec le retour des résultats, depuis deux ans, on voit en France de plus en plus de jeunes avec des maillots d’Arsenal. Il y a une hype Arsenal qui revient, surtout que le jeu proposé est attrayant, et peu importe qu’il y ait des Français ou non. Mon fils, il a 10 ans, il ne veut acheter que le maillot de Saka. »


> Killian, 19 ans

« J’ai commencé à suivre Arsenal en 2017. Je suivais beaucoup la L1, et même si j’étais supporteur du Losc, j’aimais beaucoup Alexandre Lacazette, qui évoluait à Lyon. Quand il est parti à Arsenal, j’ai tout de suite accroché, et je n’ai jamais lâché, alors que ce n’était pas vraiment la meilleure période. Il y a eu des déceptions, des années compliquées, des huitièmes places, la finale perdue de Ligue Europa, mais je n’ai pas abandonné. Je n’ai que 19 ans, je n’ai pas connu la période avec les Henry, Bergkamp, mais j’ai appris l’histoire du club. J’aime les Gunners par-dessus tout. Lille ne me fera jamais ressentir ce que je ressens pour Arsenal.

J’ai des posters, j’ai une grosse quinzaine de maillots, j’ai pratiquement tout le merchandising du club. Je fais des études de design et je prépare chez moi des affiches pour les matchs du club, pour les joueurs. Arsenal, ça prend une grosse partie de ma vie. Si, demain, Saliba part, je serai triste, pas parce que c’est le dernier français du club, mais parce que c’est un élément indispensable du club. Quand je disais que j’étais supporteur d’Arsenal, à une époque, ça se foutait de ma gueule. Maintenant, on me dit que c’est la facilité, alors que, bon, d’autres soutiennent City, le PSG, le Real ou le Barça. Arsenal, c’est la passion, c’est la magie ! »

> Vincent, 38 ans, président de l’association Arsenal Supporter Club France, créée en 2003, reconnue par le club

« Il y a beaucoup de supporteurs français d’Arsenal de la même génération. J’ai grandi avec France 98, et les joueurs français qui évoluaient à Arsenal. Le fait d’avoir un entraîneur et des joueurs français de très très haut niveau, forcément, ça attire l’attention. Ce qui a été un déclencheur, pour que les gens deviennent supporteurs et pas seulement suiveurs, c’est que les matchs soient diffusés sur TPS. Et on était dans une période où Internet se développait énormément, donc j’ai pu apprendre l’histoire du club, traîner sur des forums avec les supporteurs.

Les jeunes supporteurs en France ne sont pas uniquement focalisés sur la L1, ils traînent sur les réseaux sociaux, ont toute l’actualité de n’importe quel club à portée, c’est plus facile de s’identifier à un club aujourd’hui. Après, les nouveaux supporteurs, pour qu’ils restent, il ne faut pas qu’ils s’intéressent uniquement au moment présent : il faut qu’ils s’intéressent à la culture du club, son histoire, partager sa passion avec d’autres, parce que, quand les résultats seront moins bons, ça sera ça qui restera. Arsenal est en moi, j’ai un canon tatoué sur le bras.

L’avantage d’Arsenal, c’est que c’est vraiment pratique en Eurostar pour les Parisiens ou les Nordistes. On arrive à Saint-Pancras et, ensuite, on a juste deux arrêts de métro pour arriver à Holloway Road ou à la station Arsenal. On est vraiment très proche de l’Emirates, plus proche que Saint-Etienne ou Marseille. »

> Théo, 23 ans

« Cela fait dix, quinze ans que je supporte d’Arsenal, après que mon oncle m’a ramené un maillot du club, floqué Henry. Je n’avais pas vraiment d’équipe de cœur à l’époque, et à partir de ce moment, je me suis intéressé aux Gunners. Quand j’étais petit, mes parents ne voulaient pas trop que je regarde les matchs, ils ne voulaient pas payer l’abonnement à Canal+, donc c’était compliqué à suivre, mais je n’ai jamais lâché. Grâce à Internet, c’était plus facile de regarder des replays, des images, des infos… Depuis cinq, six ans, je bouffe tout Arsenal. Et j’essaie d’aller à l’Emirates tous les six mois, et ça a décuplé ma passion.

J’étais tout le temps content de voir les Français réussir à Arsenal, et ça donne encore plus envie de s’intéresser au club. Mais, maintenant qu’il n’y a plus trop de Tricolores, ça n’a pas baissé mon intérêt pour le club, au contraire. Avec la nouvelle génération de joueurs, les petits cracks de l’académie comme Smith-Rowe ou Saka qu’on arrive à sortir, t’es beaucoup plus attaché au club que si tu fais venir des mecs d’ailleurs, même des Français. J’arrive plus à m’identifier à eux, des mecs de mon âge, qu’aux Français d’Arsenal de la grande époque. »