Crise à l’OM : Entre les groupes de supporteurs et Pablo Longoria, la guerre d’influence est lancée

FOOTBALL L’Olympique de Marseille est plongée dans une crise surprise, entre menace de « guerre » des groupes de supporteurs et possible démission de Pablo Longoria, après le départ de l’entraîneur Marcelino

Adrien Max
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L'Olympique de Marseille et son président Pablo Longoria, qui se laisse le temps de la réflexion quant à son avenir, ont condamné les menaces de « guerre » exprimée par les groupes de supporteurs du club.
L'Olympique de Marseille et son président Pablo Longoria, qui se laisse le temps de la réflexion quant à son avenir, ont condamné les menaces de « guerre » exprimée par les groupes de supporteurs du club. — SEBASTIEN BOZON / AFP
  • L’Olympique de Marseille est plongée dans une crise depuis une réunion houleuse durant laquelle les groupes de supporteurs ont demandé la démission de la direction du club.
  • Depuis, l’OM a annoncé le départ de son entraîneur Marcelino « pour des raisons extra-sportives ».
  • La direction s’est donnée un temps de réflexion pour décider de son futur, en pleine guerre d’influence avec les groupes de supporteurs sur fond de menaces.

Une crise surprise à l’Olympique de Marseille, entre doutes sportifs et guerre d’influence. Avec déjà une conséquence immédiate, le départ de l’entraîneur, Marcelino, moins de trois mois après son arrivée sur le banc olympien. Et la menace de la démission de son désormais ex-président et ami, Pablo Longoria, qui se donne « un temps de réflexion », selon nos informations, quant à son futur.

Si les résultats moyens, et surtout le jeu développé par l’Olympique de Marseille, ont commencé à crisper les supporteurs après le nul contre Toulouse dimanche (0-0), ce sont des « raisons extra-sportives » qui sont à l’origine du départ de l’entraîneur de l’OM, comme l’indique le communiqué de presse de l’OM publié mercredi en début d’après-midi.

Des explications plus attendues que le Pape à Marseille

Elles font clairement référence à la réunion houleuse entre les groupes de supporteurs et la direction lundi soir, durant laquelle la menace d’une " guerre " » et la volonté « de voir l’actuel Directoire de l’OM démissionner » ont été exprimées de la part « des représentants des associations de supporteurs », selon l’OM.

Depuis l’écho de cette réunion houleuse, les rumeurs vont bon trains sur les réseaux sociaux. « C’est dur de dire oui au fait qu’on comprend quelque chose. Je continue de penser comme énormément de gens qu’il y a quelque chose qu’on ne sait pas, qu’une magouille va sortir. Même si les magouilles existent de partout », confie un abonné du virage nord. Difficile d’en savoir plus du côté des groupes de supporteurs, qui se contentent d’indiquer qu’un « communiqué est en cours de relecture par l’ensemble des groupes » avant sa prochaine publication. Et autant vous dire qu’il est plus attendu que le pape à Marseille.

Les groupes de supporteurs pèsent lourd à l’OM

Toujours est-il qu’une menace de « guerre » des groupes de supporteurs, selon les mots rapportés par l’OM, ne peut pas être prise à la légère par la direction. Il suffit de se souvenir de la « révolution des cyprès » et l’attaque de la Commanderie en janvier 2021 pour réclamer le départ de Jacques-Henri Eyraud. Qu’ils ont finalement obtenu, avec la nomination de Pablo Longoria au poste de président.

Et à chaque fois que les supporteurs, réputés pour faire la pluie et le beau temps à Marseille depuis l’instauration « du système Tapie », réclament la tête d’un président, ils l’obtiennent toujours, ou presque. Demandez à Jean-Michel Roussier (1995-99), Yves Marchand (1999-2000), Christophe Bouchet (2002-2004), ou à Vincent Labrune (2011-2016), poussés vers la sortie parfois avec la manière forte. « Le mec qui se fait taguer sa maison, menacé de mort et insulté, c’est moi et personne d’autre. Et les menaces contre ma femme et ma famille, je ne peux pas les accepter », confiait l’actuel président de la LFP à RMC quant à la pression marseillaise lorsqu’il était président.

Pareil pour les entraîneurs, avec le départ de Didier Deschamps, le dernier entraîneur champion de France avec l’OM, après son conflit avec José Anigo et Rachid Zeroual, la figure historique des South Winners, l’un des groupes de supporteurs les plus influents. Ou celui de Jean Fernandez en 2006, après le kidnapping de sa femme : « Ils ont mis sa femme dans la voiture, ils l’ont emmenée en haut de la falaise et ils lui ont mis des gifles », selon des écoutes interceptées de l’ancien agent Jean-Pierre Bernes. Deux histoires relatées dans le documentaire de Jérôme Pierrat, « Olympique de Marseille : quand le milieu faisait la loi ».

Tentative de retournement d’opinion ?

Mais pour l’ancien président, Christophe Bouchet, qui a pu avoir écho de la réunion de lundi grâce à un « observateur », l’entrevue entre les supporteurs et la direction « n’était pas particulièrement virulente ». « Les supporteurs se sont beaucoup calmés. Là ils ont un peu râlé mais ce n’était franchement pas virulent, même si ce n’est pas une excuse. Ils se posent des questions sur tous ces mouvements, que moi aussi je me pose avec le recul. Mais il n’y a pas eu de chants ou de banderoles hostiles à la direction », avance l’ancien président, tout en reconnaissant qu’il est difficile de « trouver la bonne longueur d’onde pour leur parler ».

Au point de trouver la direction actuelle « sensible » : « Ils sont en train de jouer à un jeu dont il faudra forcément qu’ils ressortent vainqueur », analyse-t-il. De là voir Pablo Longoria tenter de retourner l’opinion en sa faveur ? Le choix du terme « raisons extra-sportives » utilisé dans le communiqué, fait clairement reposer la responsabilité du départ de Marcelino sur les groupes de supporteurs. Tout comme la fuite de sa démission à Eurosport Espagne à cause de « menaces de mort », depuis largement démenties, mardi en début d’après-midi, alors que le président ne communiquait qu’à une poignée de personnes de confiance.

La #teamOM partagée

Depuis cette annonce, la vidéo des menaces de Rachid Zeroual envers Didier Deschamps dans le documentaire de Jérôme Pierrat, fait le tour des réseaux sociaux. Au point de voir le nom du « boss » des Winners dans les tendances twitter depuis mardi, et pas toujours dans le bon sens, avec l’apparition du mot dièse #Zeroualdemission. Tandis que des pétitions pour le maintien de Pablo Longoria au poste du président de l’OM fleurissent aussi, depuis, en ligne.

Et la fameuse #teamOM ne cesse de se déchirer sur les réseaux sociaux entre certains membres des groupes qui promettent que « tout finira pas se savoir », et les défenseurs de Pablo Longoria, qu’ils perçoivent comme le meilleur président depuis bien longtemps. Difficile de savoir quel camp est majoritaire, même si la petite musique des groupes de supporteurs complètement hors-sol et qui se battraient juste pour conserver des avantages iniques (places en tribunes, droit de regard sur le centre de formation…) commence à gagner des adeptes localement. Au milieu de tout ce poker menteur, c’est l’OM qui trinque. En allant à Amsterdam sans entraîneur, et avec une direction « en retrait » qui ne cherche pas, pour l’instant, à remplacer Marcelino.