Coupe du monde de rugby : Public, télé, gros sous… « Ce Mondial est déjà exceptionnel », selon ses organisateurs

Rugby A mi-parcours, ce Mondial en France est déjà un succès populaire et économique, chiffres donnés par l’organisation à l’appui

Nicolas Stival
Enthousiaste, le fan de rugby est aussi un bon consommateur, ce qui ne peut que plaire aux organisateurs de la Coupe du monde de rugby.
Enthousiaste, le fan de rugby est aussi un bon consommateur, ce qui ne peut que plaire aux organisateurs de la Coupe du monde de rugby. — Anne-Christine Poujoulat / AFP

« Cocorico » ou « Cock-a-doodle-doo », comme on dit à Bath et à Leicester. En français ou en anglais, selon l’intervenant, la tonalité était la même ce mercredi lors de la conférence hebdomadaire des organisateurs du Mondial de rugby, dont la moitié des matchs (24 sur 48) ont été disputés. « Cette Coupe du monde est déjà exceptionnelle, a lancé depuis Roland-Garros Jacques Rivoal, le président de l’événement. Au niveau des indicateurs de performance, nous explosons les meilleures références, les éditions 2015 en Angleterre et 2019 au Japon. »

Dans le détail ? « On a dépassé le million de spectateurs, les stades sont pleins, et pas uniquement pour les grandes affiches, poursuit Rivoal. Il y avait 33.000 spectateurs à Toulouse pour Géorgie – Portugal [samedi] et 25.000 pour Italie – Uruguay un mercredi à 17h45 sous la pluie. » Les billets ont été achetés bien longtemps avant de connaître les prévisions météo sur la Côte d’Azur, mais on saisit l’idée.


Vous aimez les chiffres ? Et bien en voici d’autres : 770.000 supporteurs dans les différentes fan zones des neuf villes hôtes, respectivement 15,4 millions, 11,8 millions et 10,7 millions de téléspectateurs devant les trois premiers matchs du XV de France, contre la Nouvelle-Zélande, l’Uruguay puis la Namibie. Et, pour parler comme Médiamétrie, « M6 a réalisé son meilleur samedi depuis quatorze ans le premier week-end de la compétition auprès des 25-45 ans », ajoute Jacques Rivoal, qui souligne aussi le succès des « mégastores » de Paris et Marseille, avec respectivement « +30 % et +70 % par rapport aux objectifs de vente fixés ».

La surprise allemande

Au Japon et même dans la terre de mission qu’est l’Allemagne (avec 3,5 millions de téléspectateurs rivés devant leur poste pour le match d’ouverture France – Nouvelle-Zélande), Mondial en France rime avec succès d’audience. Directeur général de World Rugby, Alan Gilpin parle avec des trémolos dans la voix du sommet sismique Irlande – Afrique du Sud, au Stade de France. « Ces dernières années, je n’avais jamais vu une atmosphère comme celle de samedi, glisse le patron britannique de la fédération internationale. Rien ne contribue davantage au rayonnement du rugby qu’une Coupe du monde. »

Forcément, cela donne des envies d’expansion, alors que se profilent dans quatre ans le Mondial en Australie et surtout, l’édition 2031 aux Etats-Unis, un marché immense. « Nous voulons davantage d’équipes qualifiées, davantage d’équipes compétitives et plus d’équipes capables de gagner la Coupe du monde. » La tâche est immense pour non seulement séduire de nouvelles cibles (World Rugby se félicite déjà de l’Argentine – Chili de samedi à Nantes, première affiche 100 % Amérique du Sud dans l’histoire de la compétition), mais aussi afin d’éviter que la Namibie et la Roumanie ne reviennent tous les quatre ans pour ramasser quatre raclées.

Question pour du houblon

Dans ce concert d’autosatisfaction, les médias anglo-saxons ont apporté quelques notes discordantes, en rappelant les soucis dans « l’expérience spectateurs » (en langage LinkedIn), notamment en début de tournoi lors d’Angleterre - Argentine à Marseille, ou d’Irlande - Roumanie à Bordeaux. Les organisateurs ont – de nouveau – fait leur mea culpa, tout en rappelant que « dans 99 % des cas, tout s’est bien passé ».

En revanche, ils ont oublié de répondre à un collègue français, qui posait pourtant une question intrigante : « pourquoi la pinte de bière est-elle à 9 euros à Saint-Denis, au lieu de 8 euros ailleurs ? » De même, le détail sur les bénéfices financiers engendrés par la compétition attendra, assez logiquement, la fin de la Coupe du monde. Les prévisions d’avant-tournoi tablaient sur deux milliards d’euros de retombées directes ou indirectes pour le pays, et environ 40 millions par ville hôte.