Coupe du monde de rugby : On vous file un coup de main pour piger quelque chose au vocabulaire de l'Ovalie
LEXIQUE « Ping-pong rugby », « vilaine cravate », « cad deb »… Ces expressions ne vous disent rien ? Alors que la Coupe du monde de rugby commence vendredi, « 20 Minutes » vous propose de faire le point sur le vocabulaire
- La Coupe du monde de rugby 2023 se déroule en France du 8 septembre au 28 octobre.
- Les matchs de la compétition seront retransmis sur TF1, France Télévisions et M6.
- 20 Minutes propose aux néophytes un cours de rattrapage express sur les expressions que le public néophyte ne manquera pas d’entendre sur le petit écran.
Fidèles du petit écran, vos habitudes télévisuelles risquent d’être bousculées avec le coup d’envoi, ce vendredi, de la Coupe du monde de rugby. Pour retransmettre des matchs de la compétition, dont ceux des Bleus, TF1 bousculé sa grille des programmes. « The Voice Kids », généralement lancé en août, vient d’achever sa diffusion, « Star Academy » devra attendre le 4 novembre pour faire son retour et « Danse avec les stars » a été rangé au placard jusqu’en début d’année prochaine. Idem pour France Télévisions et M6 qui retransmettront respectivement dix et dix-huit rencontres. En plus de ces repères brouillés, les enfants de la télé risquent de se retrouver largués avec le vocabulaire de l’Ovalie, pour peu qu’ils ne soient peu familiers du rugby. 20 Minutes leur propose donc un cours de rattrapage express.
« On assiste à une partie de ping-pong rugby »
Commençons par regretter que l’Ovalie n’ait pas reçu le mémo et ignore encore, en 2023, qu’on ne dit pas « ping-pong » mais « tennis de table ». Mais est-ce davantage regrettable que la promesse d’une séquence de « ping-pong rugby » ? Honnêtement, non. La dénomination est rigolote, mais elle désigne tout le contraire : un moment d’exaspération intense. Les joueurs des deux camps se « répondent » en donnant des grands coups de pied dans le ballon (à ce compte-là, autant regarder du football), en espérant progresser malgré tout vers le camp adverse sur une frappe foirée d’un opposant. C’est donc aussi passionnant à suivre qu’une partie de « Pong ! », le jeu vidéo qui n’a été révolutionnaire que pour les plus de 50 ans.
« Ce joueur est le facteur X de son équipe »
Rien à voir, ou presque, avec « X Factor », le télécrochet qui, au Royaume-Uni, a révélé les One Direction et les Little Mix, - et, en France, Sébastien Agius et Matthew Raymond Barker, vainqueurs autant oubliés que l’émission diffusée sur le groupe M6 en 2009 et 2011. Le facteur X, sur un terrain de rugby, désigne le joueur le plus redoutable, celui sur qui l’équipe porte ses espoirs et qui, en cas de méforme, peut déstabiliser la cohésion du groupe. Le Harry Styles des pelouses, quoi.
« Oh le joli 50-22 ! »
Attention à l’erreur de débutant. Si, en entendant cette phrase, vous vous levez en pensant que le match vient de s’achever sur une large victoire (ou une sévère déculottée, selon les points de vue), vous trahirez votre statut de néophyte. Surtout si le tableau d’affichage mentionne un affligeant 3-3 au bout de la 75e minute de jeu. 50-22, ça a tout l’air d’un score de rugby, mais c’est comme l’épreuve des trompe-l’œil dans « Top Chef » : ça ressemble à un téléphone mais ça se bouffe. On dirait un œuf au plat, mais c’est une tarte au citron meringuée déstructurée. En réalité, le 50-22, est un point de règlement. Si un joueur tape indirectement en touche, depuis son camp, dans les 22 mètres adverses, alors son équipe bénéficiera du lancer en touche. Jusqu’à l’institution de cette règle, c’était l’autre équipe qui récupérait le ballon. C’est clair ? Non ? Alors reprenez donc de la tarte au citron et restez assis.
« En avant repris devant, c’est pénalité »
C’est beau comme du Paul Eluard. Ou un haïku. Il y a dans la rythmique de cette phrase et dans la sonorité de ces mots quelque chose qui confine au sublime. On se prend à rêver de l’entendre prononcée par Annie Ernaux face caméra à la fin de « La Grande Librairie ». Or, désolé pour la magie, mais tout est en réalité très prosaïque. Un « en avant », c’est un peu la faute la plus courante en rugby : le joueur qui a le ballon le laisse échapper plutôt que de le faire passer, vers l’arrière à un coéquipier. Si ce dernier récupère cet en-avant et que cela gêne l’équipe adverse, dans le cas d'une interception suicidaire qui n'avait aucune chance d'aboutir, alors l’arbitre accordera une pénalité en faveur de celle-ci. Mais si aucun adversaire n’est dans les parages pour jouer ce ballon, alors l’arbitre sifflera une mêlée. Quelqu’un reveut de la tarte au citron ?
« Une énorme chandelle qui éclaire le ciel du Stade de France »
Ne vous attendez pas à voir débarquer un gigantesque bougeoir chevauché par une pop star en mode mi-temps du Super Bowl. Ne vous attendez pas non plus à voir le ciel au-dessus de Saint-Denis faire chauffer le compteur Linky. La chandelle en question est une image poétique pour dire que l’un des joueurs essaie de sauver la peau de son équipe en donnant un grand coup de pied dans le ballon pour le faire s’élever à la verticale en espérant qu’il retombera le plus loin possible de son camp. Et que son équipe récupèrera la balle un peu par hasard.
« Très vilaine cravate du Samoan sur le joueur anglais ! »
Non, Cristina Cordula ne débarquera pas du banc de touche pour lancer « Oh la la mais mon chéri ça va pas du tout ça ! » Déjà parce qu’elle n’y connaît rien en rugby. Et surtout parce que les rugbymen ne portent pas de cravate sur le terrain (des nœuds papillons, à la rigueur, mais c’est une autre histoire, on ne va pas vous embrouiller avec ça). Et n’allez pas croire que les joueurs se prêtent des vêtements entre deux mêlées. La cravate en question est en réalité un bras (de Samoan dans l’exemple cité) tendu pour frapper la gorge d’un autre joueur (anglais ou non). Bref, c’est moche.
« Magnifique chistera de Dupont pour Jalibert »
La saison 2 de « Drag Race France » nous a mâché le boulot. Lorsque Rayhanne, rugbyman des Coqs festifs, parle de son nom de drag-queen, Chisterabiche, il explique que la « chistera » est « un geste technique ». On poursuit donc la leçon : il s’agit d’une passe effectuée à une main, dans le dos, qui n’est pas sans rappeler la pelote basque. Dans ce sport-là, la chistera est un grand gant. Alors que dans « Drag Race France », un gant est un gant.
« Au rugby, tout commence avec les gros »
Helas, ce n’est pas un moyen d’insuffler un soupçon de « body positivity » pour contrebalancer l’injonction aux corps athlétiques entretenue par l’imagerie (homo) érotique du calendrier du Stade Français. Les fessiers rebondis et tablettes de chocolat en poses lascives s’exposant sur papier glacé entre janvier et décembre laissent penser qu’un vestiaire de rugby est une rêverie à la Jean Cocteau au Dépôt. Alors que la réalité de la troisième mi-temps est plus proche du cauchemar à la Jean Benguigui chez Brico Dépôt. Les « gros », ici, sont une allusion au pack - non, pas de bière : aux avants. Soit des joueurs aux physiques suffisamment massifs pour dynamiser le jeu de leur équipe.
« Sublime cad deb de Ramos sur le centre uruguayen »
L’apocope « cad deb » semble tout droit sortie de la bouche du cadre dynamique organisant des briefs en conf call pour décider du next step en espérant que sa team de « créa » lui livre des pitchs pas trop « déceptifs ». Pas de « Patron Incognito » sur les terrains de rugby. Le « cad deb », c’est le « cadrage débordement ». En gros, la feinte que réalise un attaquant en « fonçant » sur un adversaire avant de changer brusquement de direction.
« Magnifique image du joueur anglais qui vient relever son adversaire argentin après ce plaquage à retardement. Elles sont là, les valeurs du rugby »
Vous voyez la capacité des candidats de « Koh-Lanta » à élaborer les trahisons les plus crasseuses possibles pour ensuite se draper dans leur « héroïsme » et leur fair-play en s’imaginant que les caméras n’ont pas immortalisé leurs coups tordus ? Eh bien même chose avec les rugbymen qui, après un placage dangereux, et donc sanctionnable, se la jouent grands seigneurs du gazon. Les valeurs du rugby sont donc toutes relatives et, in fine, sont surtout revendiquées que pour dire que ce sport est bien supérieur au football.