Vendée Globe : « Je suis sous le choc », Clarisse Crémer remplacée à la barre de Banque Populaire après sa maternité

voile Le groupe se défend en invoquant un changement de règlement dans le système de qualification, désavantageux notamment pour les femmes ayant un projet bébé

N.C.
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La navigatrice Clarisse Cremer sur l'Imoca Banque Populaire X lors de la préparation du Vendée Globe 2020.
La navigatrice Clarisse Cremer sur l'Imoca Banque Populaire X lors de la préparation du Vendée Globe 2020. — Maxime Le Pihif/SIPA

Douzième du dernier Vendée Globe et première femme à l’arrivée (avec au passage le nouveau record féminin pour ce tour du monde en solitaire et sans escale), Clarisse Crémer ne pourra pas prendre le départ de la prochaine édition en 2024. Banque Populaire vient de lui annoncer qu’elle serait remplacée à la barre par un autre skippeur car elle n’aurait pas assez de points pour se qualifier après sa pause bébé. « Je suis sous le choc », a écrit sur son compte Instagram la navigatrice, qui a accouché en novembre dernier.


De son côté, le groupe bancaire met en cause le changement dans les règles de qualification décidé par les organisateurs. Pour la prochaine édition, 14 places sur 40 au total seront réservées aux bateaux neufs, la trentaine d’autres postulants devant décrocher l’un des 26 billets en jeu en accumulant un maximum de points dans une période allant de l’hiver 2021 à l’été 2024. Un système forcément désavantageux pour les femmes désireuses d’avoir un bébé, entre le temps de la grossesse et celui du congé maternité.

« Sur ce critère, j’ai bien sûr pris du retard face aux autres concurrents au départ, cette maternité m’ayant empêchée d’être présente sur les courses qualificatives pendant un an », écrit Clarisse Crémer dans son message, avant de relever qu’il lui restait toutefois du temps : « Il restait 2 saisons complètes et 4 transatlantiques pour revenir au niveau, j’étais à fond pour finir ma rééducation au plus vite. »

Vrai débat de société

De son côté, Banque Populaire assure avoir tout tenté auprès de l’organisation pour ne pas avoir à laisser tomber sa navigatrice. « Plusieurs solutions ont été proposées pour que le règlement prenne en compte la situation des femmes dans le Vendée Globe et la question de la maternité, écrit le groupe dans un communiqué. Toutes ces propositions, ainsi que les demandes d’attribution d’une garantie de wildcard, ont été rejetées, et c’est regrettable. »

Joints par l’AFP, les organisateurs du Vendée Globe ont indiqué qu’ils publieraient un communiqué plus tard dans la journée. Reste le fond du sujet, celui de la maternité chez les sportives de haut niveau. De nombreuses disciplines, on l’a encore vu récemment avec le club de foot de l’OL, sont en retard sur la question. « Que signifie l’égalité pour les femmes ? Se comporter en tout point comme les hommes et donc surtout ne pas être enceinte ? Si je m’exprime aujourd’hui, ce n’est pas par vengeance, pour attirer l’attention ni me faire plaindre, mais pour susciter la réflexion, et dans l’espoir de faire progresser notre société », écrit encore la navigatrice.