Euro de handball : « On a le potentiel pour faire encore mieux », assure Siraba Dembélé après le 1er tour parfait des Bleues
INTERVIEW La capitaine de l’équipe de France répond aux questions de « 20 Minutes » avant le début du tour principal de l’Euro de handball
- Après un premier tour tout en maîtrise (trois victoires en trois matchs), l'équipe de France de handball attaque ce jeudi soir le tour principal de l'Euro au Danemark.
- Absente lors de l'échec au Mondial l'année dernier, la capitaine Siraba Dembélé-Pavlovic a aimé le jeu et l'état d'esprit affichés par son équipe lors des premières rencontres.
- Les Bleues sont bien parties pour être de retour à leur place, dans le dernier carré d'une grande compétition internationale.
Le jour et la nuit. Il y a un an, on avait laissé les Bleues sonnées, piteusement éliminées dès le premier tour du Mondial, dont elles étaient pourtant tentantes du titre. Cet Euro au Danemark devait servir de rebond, et pour le moment, la mission est réussie. Mardi, l’équipe de France a parfaitement conclu le tour préliminaire en battant le pays hôte avec autorité (23-20). « Une performance plus que solide », a apprécié le sélectionneur Olivier Krumbholz.
Cette troisième victoire permet à la France d’arriver dans le tour principal avec le plein de points et de confiance. Une bonne chose, puisque le rythme va s’accélérer. Encore plus que prévu. Sans prévenir, les organisateurs ont en effet décidé mardi soir de changer le calendrier, et les Bleus vont devoir enchaîner leurs deux premiers matchs en moins de 24 heures. « Un scandale », selon Krumbholz, mais il faudra faire avec. La requête de la FFH n’a pas abouti, et la France va retrouver l’Espagne dès ce jeudi soir avant d’affronter la Russie, vice-championne d’Europe, vendredi. Ce coup dur n’entame pas la confiance de la capitaine Siraba Dembélé-Pavlovic (34 ans, 280 sélections), de retour dans le groupe cette année après avoir donné naissance à des jumeaux. Elle a répondu mercredi matin aux questions de 20 Minutes.
Ce premier tour pouvait difficilement mieux se passer, non ?
Oui, vraiment, on a fait un super premier tour. On part avec un maximum de points pour le tour principal, donc tout va bien. Contre le Danemark, on a confirmé la victoire contre la Slovénie. Il y a eu de belles performances individuelles, on a été solides collectivement, ça a été un match vraiment complet.
On se posait des questions sur l’état d’esprit du groupe après l’échec de l’an dernier. Êtes-vous satisfaite de ce que vous avez perçu ?
Complètement. L’état d’esprit est la clé, de toute façon, si on veut faire quelque chose dans cet Euro. C’est très important, et cette équipe a particulièrement besoin de ça, pour bien jouer, se libérer. On a besoin d’enthousiasme et de sourires.
Vous n’étiez pas là l’an dernier. Vous avez senti, quand vous êtes revenue, qu’il y avait vraiment ce besoin de retrouver tout ça ?
Je ne sais pas exactement, parce que c’est quelque chose qu’on sent uniquement quand on est à l’intérieur d’un groupe. J’avais des retours des filles par message, c’est tout. Ce que j’ai senti en revenant, c’est que ça tenait à cœur aux filles qui étaient à ce Mondial de montrer un autre visage, de se rattraper. Elles étaient dans l’état d’esprit de tirer des leçons de ce qu’il s’est passé. On a beaucoup analysé cet échec, et il y avait cette volonté de tourner la page. C’était un faux pas, et il n’y a pas à rougir, ça peut arriver. Ça faisait un moment qu’on performait, avec quatre médailles sur les cinq dernières années. Ça peut arriver de trébucher une fois. On a essayé d’accepter ce qu’il s’est passé pour mieux passer à autre chose.
Cet Euro se dispute dans des conditions spéciales, vous ne pouvez sortir de l’hôtel que pour les entraînements et les matchs. La vie de groupe doit être encore plus importante du coup…
Confinées ou pas, les compétitions se jouent toujours à un rythme soutenu. Entre la récupération, l’analyse vidéo et les matchs, on ne sort pas beaucoup. Mais c’est vrai que là, on ne peut même pas prendre l’air. On ne voit pas le jour, qui en plus se couche très tôt ici ! On essaie d’organiser des petits jeux, on a monté un baby-foot, on se trouve des petits moments pour rigoler et renforcer notre cohésion.
Avant d’arriver au Danemark, l’incertitude autour de la tenue de la compétition a fait aussi que vous avez passé plus de temps que prévu entre vous à la Maison du handball…
Oui, et je trouve que c’était une très bonne chose finalement. On a bien utilisé tous ces jours d’entraînement. On a très bien travaillé, ça nous a permis d’avancer.
Dans quels domaines avez-vous particulièrement travaillé ?
On a énormément bossé l’attaque. Il faut être honnête, c’est notre point faible. Ça demande beaucoup d’affinités, il y a de nouvelles joueuses donc on a axé la préparation là-dessus. Depuis quelques années maintenant, le sélectionneur nous responsabilise, nous laisse prendre des initiatives. Parfois c’est nous qui décidons d’un enclenchement, d’une tactique à mettre en place, d’un mouvement. Ça a porté ses fruits sur ce premier tour.
Vous entrez dans ce tour principal avec le plein de confiance ?
Bien sûr. Le genre de match qu’on a fait contre le Danemark est très important. Mais surtout, j’ai la sensation qu’on a encore une marge de progression. Je suis convaincue que certaines joueuses peuvent encore mieux s’exprimer, ne sont pas encore à leur niveau maximum. C’est ça que j’aime bien : on a gagné ces trois matchs mais je sens qu’on a encore une marge de progression derrière, qu’on a le potentiel pour faire encore mieux. De toute façon il va falloir encore hausser le niveau de jeu, parce que les équipes que l’on va rencontrer sont encore meilleures.
Quand on est tenantes du titre, on ne peut viser que le titre ?
Si on gagne nos deux matchs qui arrivent, on sera quasiment en demi-finales. Avec quelques autres équipes, on fait partie des favorites. On sait qu’on a une bonne équipe et qu’on a le potentiel pour revenir avec une médaille. Mais c’est sûr qu’on a envie de gagner !
Comment avez-vous pris ce changement imprévu de calendrier ?
On s’est fait complètement avoir ! Le calendrier est fixé avant le début de la compétition, et quand on est premiers du premier tour on doit avoir deux jours de repos et jouer un jour sur deux. Après le Danemark, on y a pensé justement, on se disait que non seulement on avait quatre points mais aussi un ordre de matchs favorable. Et à la fin du match, on a appris qu’ils avaient changé, que ce sont les Danoises qui allaient bénéficier de ce calendrier et que nous on allait se retrouver à jouer deux jours d’affilée, et ensuite avoir trois jours sans rien. Ça fout les boules mais c’est comme ça.
Quelles sont les conséquences pour vous ?
Ça change tout au niveau de la récupération. On a dû bouleverser tous nos plans. On aurait dû avoir deux jours pour récupérer du premier tour, on n’en a qu’un. Ça encore ça va, puisqu’on est dans ce rythme depuis le début de la compétition. Par contre, jouer deux jours d’affilée, ça c’est compliqué. On va jouer jeudi à 20 h 30 et le lendemain à 18 h… La récupération ne va pas du tout être la même. Sachant, en plus, que vendredi on va affronter la Russie, qui aura eu du temps pour se reposer et qui est l’équipe la plus forte de ce tour principal. Mais bon, on va faire avec, on garde le sourire. Dans chaque compétition, il y a toujours un moment charnière, difficile, à passer avant d’aller plus loin. Ce sera peut-être celui-là.