Croatie-France : « On y était presque », un peu de pitié pour les Croates s’il vous plaît

FOOTBALL Encore une fois séduisante en dehors de son entame ratée, l’équipe à damiers s’est inclinée, comme à chaque fois dans l’histoire face à la sélection française

Julien Laloye
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Modric et Mbappé lors du match entre la Croatie et la France le 14 octobre 2020.
Modric et Mbappé lors du match entre la Croatie et la France le 14 octobre 2020. — FRANCK FIFE / AFP

A force, on a presque envie de s’excuser, mais on finit par se retenir. Les gagnants ne s’excusent jamais. Malheureux Croates, décidément. Beaux joueurs, belle équipe, magnifique public, à Moscou ou à Zagreb, mais rien à faire. A la fin, qui paye l’addition à tous les coups ? Ce pauvre Zlatko Dalic, qui pourra continuer à affirmer haut et fort que son équipe méritait mieux.

Nous aussi, on jouait mieux que les Allemands, avant. Et on trinquait pareil. En conférence de presse post-dépression, le sélectionneur des finalistes de la dernière Coupe du monde avait des airs du regretté Marcel Philippot dans la pub Maaf qui nous a agacés tant de fois. « Je les aurai un jour, je les aurai ». Toujours pas ce coup-ci.

« On a joué contre une équipe qui vaut un milliard d’euros »

« Je félicite les garçons qui ont tout donné même si malheureusement nous avons perdu. On les a presque eus ! Mais au final ils nous marquent un but. On joue contre une équipe qui vaut un milliard d’euros, et qui punit chaque erreur ». Le bonhomme exagère un poil.

En première mi-temps, les Bleus n’ont pas puni grand monde, du moins pas assez au regard de leur première demi-heure tonitruante. On a compté deux balles immenses de 2-0 (et de match tranquille) après le coup de canon de Griezmann. Un loupé invraisemblable de Mbappé après un une-deux « flashgordonesque » avec Toto Martial, puis un penalty non signalé sur le même Martial.


« C’est peut-être le match où ils pouvaient espérer un résultat positif »

Ensuite ? Rideau et couvre-feu, pour être raccords avec les annonces présidentielles du soir. Cinquante minutes entièrement croates, avec une équipe transfigurée par l’entrée de Kovacic. Un but mérité, des coups de chaud en pagaille dans la surface de Lloris, et même un ballon d’égalisation gâché par Kramaric dans les arrêts de jeu. En face ? Une action, une seule, splendide du reste. Et 7.000 spectateurs qui n’ont plus que leurs yeux pour pleurer.

Dalic : « Je pense qu’on a fait une très bonne deuxième période, le public nous l’a d’ailleurs montré, en appréciant je pense. Mais on n’a pas les mêmes ressources que la France, où tous les joueurs évoluent dans des grands clubs. Chez nous, à part Modric… ».

Evidemment, ce genre de malédiction romantique ne fait pas lever un sourcil à DD et ses légions romaines. Veni, vidi, vici, et pour le reste, je vous laisse ergoter sur la manière. « Est-ce qu’on est les Allemands de la Croatie ? On est la France. Pour les Croates, j’imagine qu’à chaque fois qu’ils nous jouent… On gagne à chaque fois, j’espère que ça va durer encore longtemps ». Même pas un peu d’empathie le bougre. Un collègue retente sa chance. Quand même, la Croatie ne s’est-elle pas rapprochée un peu, cette fois ? Réponse polie de DD

Certainement, puisqu’on a marqué à la 80e alors qu’on avait deux buts d’avance sur les deux derniers matchs. C’est une très belle nation, même si certains ont arrêté après la finale du Mondial, quand Modric est là, ça se sent. C’est peut-être le match où ils pouvaient espérer un résultat positif. Mais voilà ».

Une malédiction qui continue depuis 1998

Mais voilà. Les Bleus gagnent des matchs comme on achète sa tradition bien cuite en sortant du boulot, sans un regard pour le boulanger. Merci à Lloris de mettre un peu les formes, quand même : « On s’attendait à souffrir, peut-être pas autant. Même si on aimerait avoir plus le contrôle du match, ce soir il y avait un adversaire de qualité. Au milieu de terrain, ils ont pris un peu le dessus avec leurs joueurs de grande qualité, ce qui nous a fait reculer ».

Le capitaine des Bleus est un type à l’âme généreuse. C’est déjà lui qui avait empêché les Croates de finir leur parcours extraordinaire en Russie par une branlée retentissante. Sans la boulette d’Hugo qui a fait prendre conscience à l’équipe de France qu’il fallait fermer les fenêtres et attendre la délivrance tranquillou, combien auraient ramassé des Croates cuits bouillis, menés 4-1 à la 60e ? Un set de tennis, ou pas loin.

C’était plus laborieux mercredi, mais la France était plus allemande que jamais. Lloris encore : « Je crois qu’il y a une mentalité de gagnant en équipe de France. On essaie de la cultiver depuis quelques années, à l’image de notre entraîneur ». Le type de la Maaf n’est pas sorti de l’auberge.