Mondiaux de cyclisme : Julian Alaphilippe enfin sur le toit du monde
CYCLISME Le coureur français, malheureux en 2017 et 2018 notamment, a décroché à Imola ce maillot arc-en-ciel après lequel il courrait depuis si longtemps
- Julian Alaphilippe a remporté les championnats du monde de cyclisme dimanche à Imola.
- Le coureur français, qui avait toujours flanché au pire moment ces dernières années, a enfin réussi à aller au bout après une attaque tranchante à 12 kilomètres de l’arrivée.
- Maillot jaune sur le Tour de France et vainqueur de nombreuses classiques, il a réalisé « le rêve de [sa] carrière », à 28 ans.
Roi du monde ! Enfin. A 28 ans, Julian Alaphilippe a réalisé son rêve de toujours, dimanche, à Imola, en décrochant le titre de champion du monde. Jusqu’à présent, il y avait toujours un truc qui l’avait empêché de décrocher ce maillot arc-en-ciel. Il y a trois ans, à Bergen, il avait connu un trou noir alors qu’il était seul en tête à deux kilomètres de la ligne. L’année suivante à Innsbruck, ses jambes l’avaient lâché au pire moment, dans une dernière ascension pourtant taillée pour lui, alors que ses partenaires l’avaient mis en position idéale. Pas cette fois.
A l’attaque dans les portions les plus raides de la côte de Gallisterna, à 12 kilomètres de l’arrivée, Alaphilippe a fait un trou d’une dizaine de secondes, qu’il est parvenu à garder jusqu’à la ligne malgré les efforts d’un groupe de poursuivants haut de gamme, composé de Roglic, van Aert, Fuglsang, Kwiatkowski et Hirshi. Rien que ça.
« J’ai été si près tellement de fois… A chaque échec, je me disais que c’était le destin, a-t-il dit une fois la ligne franchie. Ici, je savais que j’avais une chance, j’ai bossé pour ça tous ces derniers jours, ces dernières semaines, ces derniers mois. Je ne réalise pas encore. » Ça fait toujours ça, quand on court après un objectif depuis tant d’années. Et même si entre-temps on a remporté cinq étapes du Tour de France, Milan-San Remo ou deux fois la Flèche wallonne. On l’a vu en larmes, ensuite, rejoint par ses coéquipiers et des membres du staff de l’équipe de France. Tout ce petit monde a été absolument parfait tout au long de la journée, pour apporter à la patrie un titre qu'elle n'avait plus remporté depuis Laurent Brochard, il y a vingt-trois ans.
Le gros travail de Guillaume Martin
Bien au chaud dans le peloton dans les deux premiers tiers de la course, les Bleus, avec Pacher, Peters et Elissonde, ont embrayé à 70 kilomètres de l’arrivée pour reprendre les échappés et faire une première sélection. Ils ont ensuite laissé travailler les Belges, et dans le dernier tour, Guillaume Martin a bien manœuvré en allant chercher les fuyards trop dangereux et en attaquant, même, à deux reprises, pour obliger les autres grosses nations à faire les efforts. Le terrain était prêt pour l’entrée en scène du patron, que l’on n’avait pas vu jusque-là.
« On a respecté parfaitement ce qu’on avait dit au briefing, a raconté Martin. J’ai été vigilant avec Rudy Molard pour que Julian soit dans les meilleures dispositions dans la montée finale. On savait qu’au top de sa forme sur une montée raide et punchy comme celle-là, c’est le meilleur du monde. On a vu une équipe soudée toute la journée. »
Ce maillot lui va si bien…
Alaphilippe n’a d’ailleurs pas manqué de remercier tout le monde. « Mes équipiers ont cru en moi. On a fait un super boulot, a-t-il observé avant de monter sur le podium pour une Marseillaise poignante. C’était le rêve de ma carrière, vous savez. » On sait, Julian, on sait.
Au moment de le voir grimper sur la plus haute marche du podium avec ce maillot arc-en-ciel, on se dit qu’il lui va vraiment comme un gant. Tout le monde en était persuadé, en fait. Il ne fallait juste pas désespérer. L’œil brillant, le Français conclut : « J’ai ce maillot pour un an… c’est quelque chose qui marquera ma carrière et ma vie. »