Tragédie de Hillsborough: On vous explique l'interminable feuilleton judiciaire du foot anglais
FOOTBALL La justice britannique a affirmé mardi la responsabilité de la police...
Certains pleurent, d’autres hurlent leur joie à la sortie du tribunal de Warrington. Plus de 27 ans après la tragédie d’Hillsborough, les familles de victimes ont célébré la décision de la justice britannique exonérant leurs proches de toute responsabilité dans le plus grand drame du sport britannique. Mais pourquoi cette affaire, qui a causé la mort de 96 supporters de Liverpool, a mis autant de temps à être examinée ?
Qu’est-ce que la tragédie d’Hillsborough ?
La tragédie s’est jouée dans l’enceinte de Sheffield Wednesday, le stade de Hillsborough. Le 15 avril 1989, Liverpool affronte Nottingham Forrest en demi-finale de la Coupe d’Angleterre. Très nombreux, les supporters des Reds investissent la petite tribune Leppings Lane, à l’ouest. Leurs adversaires sont en face, dans la Spion Kop, plus grande. Mais très vite, les Reds s’avèrent trop nombreux pour la place qui leur est allouée.
Les supporters se pressent devant les tourniquets, le coup d’envoi approchant. Devant les risques de bousculade, la sécurité fait ouvrir la porte C pour alléger la pression à l’entrée. Les fans se ruent sur une tribune déjà surpeuplée. Des dizaines de personnes sont prises entre la pression de la foule et les grilles de la tribune. Six minutes après le coup d’envoi, la rencontre est interrompue par l’arbitre. La pelouse est envahie par les supporters de Liverpool, qui aident les blessés. Au total, 96 personnes décèdent.
Pourquoi la procédure a-t-elle été aussi longue ?
Dans un premier temps, la police met en cause l’attitude des supporters, qu’elle accuse d’être arrivés « ivres et en retard ». Mais dès août 1989, un rapport de la justice met en avant la responsabilité de la police, et il devient clair au fil du temps que les forces de l’ordre ont manipulé des preuves pour se dédouaner.
La suite n’est qu’un très long et douloureux feuilleton judiciaire. En 2012, une décision établissant que la catastrophe était accidentelle avait été rejetée à la suite d’une campagne des familles, qui avaient réclamé une nouvelle enquête. La même année, le premier Ministre David Cameron présente les excuses du Royaume-Uni après un rapport d’experts concluant que la police s’est rendue coupable de dissimulation.
Le jury de Warrington, réuni la première fois en mars 2014 pour déterminer la cause et les circonstances des décès, s’est retiré le 6 avril pour délibérer, après avoir entendu plus de 800 témoins pendant deux ans, la procédure la plus longue jamais enregistrée au Royaume-Uni. En mars 2015, le chef de la police lors du drameDavid Duckenfield reconnaît sa responsabilité dans la mort des 96 personnes lors de son audition. Mardi, le jury exonère les supporters de toute responsabilité.
Et maintenant, que va-t-il se passer ?
Pour les familles des victimes, c’est la fin de 27 années de rebondissements judiciaires. Désormais, leurs proches sont reconnus comme des victimes d’une tragédie nationale et non pas comme de potentiels fautifs. C’est tout un club qui voit une partie de sa mémoire lavée de tout soupçon.
Judiciairement, cette procédure ne peut déboucher sur aucune sanction ni condamnation. Mais elle peut permettre l’ouverture d’une autre procédure pénale et d’un procès, sur la base des manquements et des dysfonctionnements que les jurés ont constatés.
Le parquet de sa Majesté a ainsi immédiatement fait savoir dans un communiqué qu’il allait « étudier formellement si l’accusation de crime peut être portée contre un individu ou une institution sur la base des preuves produites ». La tragédie d’Hillsborough n’a sans doute pas fini d’occuper la justice britannique.