FINI DE JOUERUn gang spécialisé dans l’arnaque au bonneteau démantelé

Tour Eiffel : Un gang spécialisé dans l’arnaque au bonneteau démantelé

FINI DE JOUERL’escroquerie bien montée rapportait près d’un million d’euros par an
Des joueurs de bonneteau à Paris en 2013.
Des joueurs de bonneteau à Paris en 2013. - HOUPLINE/SIPA / SIPA
Romarik Le Dourneuf

R.L.D. avec AFP

Une balle, trois gobelets et des liasses de billets. Autour de la Tour Eiffel ou à Montmartre, vous les avez déjà vus, ces faiseurs de miracle, multipliant les billets comme Jésus multipliait les pains. Lundi et mardi, la police judiciaire a interpellé vingt-deux membres d’un groupe criminel roumain qui arnaquait les touristes, et dont l’activité rapportait plus d’un million d’euros par an, a-t-on appris ce mardi de sources proche du dossier et judiciaire.

Les suspects ont été placés en garde à vue dans les locaux du Service central des courses et Jeux (SCCJ) et de la Sous-direction de la lutte contre l’immigration irrégulière (SDLII), co-saisis des investigations, a-t-on appris de mêmes sources, confirmant une information du Parisien.

La compagne du chef de réseau interpellée

Selon la source proche du dossier, le chef du réseau, basé en Roumanie, a échappé aux arrestations, mais sa compagne, considérée comme sa lieutenante, fait partie des interpellés.

Le réseau est soupçonné d’avoir abusé des touristes aux abords du Champ-de-Mars avec le jeu du bonneteau. Le principe est simple : promettre à la victime de pouvoir facilement gagner de l’argent en retrouvant une balle sous un gobelet (d’autres versions existent avec des dès ou un jeu de cartes).

Faux gagnants, vrais complices : une arnaque en trois étapes

1- Un des complices fait office de croupier, c’est le « bonneteur ». Il cache la balle sous un gobelet et mélange les trois gobelets pour « perdre la balle ». Un premier joueur, parie de l’argent, trouve la balle et remporte le double de sa mise. Un second joueur arrive, fait de même, remporte aussi une coquette somme et fait monter les enchères.

2- Les passants, souvent des touristes attirés par la curiosité et un gain d’argent facile, se pressent autour. Encouragés par le croupier et les gagnants. Ils tentent leur chance, avec souvent une mise initiale imposée de 50 euros. En réalité, les premiers joueurs, seuls gagnants, sont les complices du croupier et sont chargés de faire croire à une victoire facile pour inciter les curieux à tenter leur chance.

3- C’est à ce moment que le croupier se transforme en véritable prestidigitateur et fait presque disparaître la balle. Le plus souvent, c’est la désillusion et le joueur se retrouve déplumé. S’il gagne, il est fortement encouragé par les complices à rejouer, parfois de manière violente, jusqu’à sa défaite.

Une arnaque à un million d’euros par an

Au total, le groupe pouvait installer sur la voie publique jusqu’à vingt tables par jour, générant chacune jusqu’à 3.000 euros de gains quotidiens. Soit un chiffre d’affaires annuel estimé à plus d’un million d’euros annuels par la PJ, mise sur la piste des escrocs grâce à un renseignement de la police roumaine en 2022.

Si la police interpelle régulièrement des « petites mains » de ces réseaux, cette opération a permis d’appréhender « des chefs » et de « démontrer qu’on a affaire à un vrai groupe criminel organisé », selon la source proche du dossier.

BRI et Raid mobilisés

Le coup de filet, réalisé avec l’appui de la Brigade de recherches et d’intervention (BRI) et le Raid, a eu lieu au niveau du Trocadéro, de la Tour Eiffel, en Seine-Saint-Denis et à l’aéroport du Bourget.



D’après la source judiciaire, une enquête préliminaire a été ouverte en décembre 2022. Elle a été confiée le 1er juin à un juge d’instruction. Les investigations portent sur plusieurs infractions en bande organisée : escroquerie, opérations de jeux d’argent et de hasard prohibés, blanchiment aggravé, corruption active et passive.

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