AUDIENCESAffaire Théo, Jubillar et attentats de Trèbes… Les procès attendus en 2024

L’affaire Théo, l’assassinat d’Arnaud Beltrame et le meurtre de Delphine Jubillar… Les procès attendus en 2024

AUDIENCESAffaires emblématiques, attentats, dossiers politico-financiers… Le calendrier judiciaire s’annonce déjà très chargé pour l’année qui vient
L'année 2024 sera ponctuée de plusieurs procès très attendus
L'année 2024 sera ponctuée de plusieurs procès très attendus - SIPA / SIPA
Caroline Politi

Caroline Politi

L'essentiel

  • L’année judiciaire 2024 s’ouvrira par le procès de l’affaire Théo, devenu en février 2017 le symbole des violences policières.
  • Plusieurs procès pour des attentats se tiendront dans l’année, à commencer par l’attentat de Trèbes, celui du marché de Noël de Strasbourg et, en fin d’année, l’assassinat de Samuel Paty.
  • Marine Le Pen sera, elle, jugée à l’automne dans l’affaire des assistants parlementaires.

L’année 2024 n’a pas encore commencé que le calendrier judiciaire est déjà particulièrement chargé. Affaires emblématiques, attentats, accident ou affaires politico-financières… Petit tour de France des procès les plus attendus dans les douze mois qui viennent.

Janvier : L’affaire Théo, symbole des violences policières

On mesure souvent l’écho d’une affaire ou d’un fait divers à la manière dont il est nommé dans les médias. L’affaire Théo, par exemple, résonne comme un symbole des violences policières. En février 2017, le jeune homme, alors âgé de 22 ans, est blessé lors d’un simple contrôle d’identité à Aulnay-sous-Bois. Un coup de matraque télescopique au niveau de l’anus a entraîné une plaie de 10 cm et une section du muscle sphinctérien. L’affaire a suscité une telle vague d’indignation que François Hollande, alors président de la République, s’était rendu à son chevet.

Si à l’issue de l’instruction, les poursuites pour viol ont été abandonnées, trois policiers sont renvoyés devant les assises de Seine-Saint-Denis à partir du 9 janvier. Le principal accusé, celui qui a donné le coup de matraque, devra notamment répondre de « violences volontaires ayant entraîné une mutilation ou infirmité permanente ». Il encourt jusqu’à quinze ans de réclusion. Les deux autres comparaîtront pour « violences volontaires aggravées », des faits passibles de sept ans d’emprisonnement.

Janvier – Février : Les attentats de Trèbes et de Strasbourg aux assises

Le 23 mars 2018, Radouane Lakdim, un jeune délinquant de droit commun fiché en raison de sa radicalisation, commettait les attentats de Trèbes et de Carcassonne. Son équipée mortelle commence à Carcassonne : il vole une voiture, tuant le passager de 61 ans et blessant le conducteur de 26 ans. Il tire ensuite sur un groupe de CRS à proximité de leur caserne – blessant l’un d’eux – puis s’engouffre dans un supermarché de Trèbes. Se présentant comme un soldat du groupe terroriste Etat islamique, il tue un boucher et un client. Le lieutenant-colonel de gendarmerie Arnaud Beltrame échange sa place avec une otage. Il succombera des suites de ses blessures.

Le procès se tiendra du 22 janvier au 23 février 2024 : le terroriste a été abattu mais sept personnes – six hommes et une femme – de son entourage sont jugées mais aucun pour « complicité ». Cinq d’entre eux, soupçonnés d’avoir apporté leur aide à Radouane Lakdim en connaissant sa radicalisation, ont été renvoyés pour « association de malfaiteurs terroriste criminelle ». Deux hommes seront jugés pour des délits connexes.

Cette même année 2018 a été marquée par un autre attentat : celui du marché de Noël de Strasbourg, qui a fait cinq morts. Le procès s’ouvrira le 29 février, sitôt celui de Trèbes achevé. Le terroriste, Chérif Chekatt, délinquant multirécidiviste de 29 ans fiché S, a été tué 48 heures après les faits, mais quatre personnes sont renvoyées devant les assises pour association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un ou plusieurs crimes, sans qualification terroriste. Elles sont soupçonnées, à des degrés divers, d’avoir permis la fourniture de l’arme utilisée lors de l’attentat.

Mars : La SNCF sur le banc des accusés

Onze morts et 43 blessés. Le bilan est l’un des plus lourds de l’histoire ferroviaire française. Le 14 novembre 2015, un TGV en test sur un tronçon d’une nouvelle ligne déraille à Eckwersheim (Bas-Rhin). C’est la première fois qu’un tel accident se produit depuis le lancement du TGV en 1981. Le drame, pourtant, passe presque inaperçu : il s’est en effet déroulé au lendemain des attentats de Paris et Saint-Denis, en pleine traque des terroristes.

Huit ans après le drame, le procès de la SNCF, de deux de ses filiales et de trois de leurs employés s’ouvrira le 4 mars devant le tribunal correctionnel de Paris, pour « blessures et homicides involontaires par maladresse, imprudence, négligence ou manquement à une obligation de sécurité ». Les experts ferroviaires ont en effet considéré que le basculement puis le déraillement de la rame avaient été causés par « une vitesse excessive » et un freinage tardif. Les débats doivent durer onze semaines.

Septembre : Marine Le Pen accusée de détournement de fonds public

A partir du 30 septembre, Marine Le Pen, son père Jean-Marie Le Pen et 25 autres personnes comparaîtront devant le tribunal correctionnel de Paris pour détournement de fonds publics. Ils sont soupçonnés d’avoir détourné des fonds de l’Union européenne pour rémunérer des assistants d’eurodéputés travaillant en réalité pour le Rassemblement national. Des accusations que réfute totalement la présidente du parti.

Novembre : L’assassinat de Samuel Paty

Après le procès de six adolescents en novembre 2023, huit adultes comparaîtront en novembre 2024, aux assises cette fois, pour leur implication dans l’assassinat de Samuel Paty en octobre 2020. Parmi les accusés, deux amis de l’assaillant, Abdoullakh Anzorov, qui a été abattu peu après son acte. Ils sont soupçonnés d’avoir eu une connaissance précise du projet terroriste – ils l’ont notamment accompagné acheter des armes et l’un d’eux l’a véhiculé jusqu’au lieu de l’attaque – et répondront de complicité d’assassinat terroriste. Brahim Chnina, le père de la collégienne à l’origine de la polémique sur les cours dispensés par Samuel Paty, et le militant islamiste Abdelhakim Sefrioui, auteur de vidéos sur les réseaux sociaux, seront pour leur part jugés pour association de malfaiteurs terroriste criminelle.

En fin d’année : Un procès pour Cédric Jubillar ?

Un autre procès médiatique pourrait s’ouvrir à la fin de l’année 2024 : celui de Cédric Jubillar. Fin novembre, le procureur général a confirmé son renvoi devant une cour d’assises pour le meurtre de sa femme, Delphine, en décembre 2020. Malgré ses constantes dénégations, le parquet de Toulouse estime avoir suffisamment d’éléments pour le désigner comme le principal suspect. Les dates ne sont pas encore connues précisément.

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