Qu’est devenu Anas Modamani, le Syrien du selfie avec Merkel ?
Réseaux sociaux•Ce cliché a symbolisé la politique d’accueil de l’Allemagne il y a près de dix ansH. B. avec AFP
Son selfie avec Angela Merkel avait fait le tour de la planète. Neuf ans plus tard, Anas Modamani a un passeport allemand et ne veut pas revenir en Syrie, même après la chute de Bachar al-Assad.
« Je suis un Berlinois, j’ai ma vie ici », a expliqué le vidéaste de 27 ans, arrivé à 18 ans à Berlin lors de la grande crise des réfugiés en 2015, dont il est devenu l’un des symboles après sa photo prise à l’époque avec la chancelière allemande tout sourire.
« Il y a vécu des choses terribles »
Parti de Syrie car « il ne voulait pas faire son service militaire », Anas Modamani dit qu’il ne veut pas y retourner car « il y a vécu des choses terribles ». « J’y ai perdu des amis. Des membres de ma famille sont morts à cause du régime », raconte-t-il.
Diplôme de communication en poche, après des études qu’il a financées en travaillant deux jours par semaine dans un supermarché, Anas Modamani est désormais pigiste pour la chaîne publique de radio et télévision allemande Deutsche Welle à Berlin, qui diffuse à l’international.
« J’ai un appartement merveilleux, une femme très belle, j’ai tout ce qu’il me faut ici », constate-t-il. Anas Modamani vit désormais avec sa fiancée ukrainienne, arrivée en Allemagne quelques mois avant l’invasion de son pays par la Russie en février 2022. A eux deux, ils sont un couple symbole : les Ukrainiens et les Syriens constituent les deux plus grandes communautés de réfugiés dans le pays. Comme lui, sa fiancée travaille, elle est ingénieure en mécanique depuis la fin de ses études à Berlin.
« Une voix pour les gens qui viennent de Syrie »
Le selfie avec Angela Merkel a immortalisé la politique d’accueil de l’Allemagne il y a près de dix ans. Elle avait ouvert ses frontières à près d’un million de personnes, soit la plus importante diaspora syrienne dans l’UE.
Depuis ce cliché, Anas Modamani est devenu, de son propre aveu, « une voix pour les gens qui viennent de Syrie ». Il dispose même désormais d’une chaîne TikTok avec plus de 50.000 followers.
Fêté comme un héros par ses compatriotes, il a ensuite été la cible de l’extrême droite allemande qui a détourné sa photo, le poussant en 2017 à attaquer Facebook en justice pour qu’il efface des images frauduleuses. Mais il a perdu face au géant américain.
« Pour toujours dans l’histoire »
Même s’il n’a jamais recroisé Angela Merkel, cette dernière ne l’a pas oublié. Dans ses mémoires publiées le 25 novembre dernier, elle affirme « ne toujours pas comprendre qu’on ait pu supposer qu’un visage aimable sur une photo suffirait à inciter des légions entières à fuir leur patrie ».
Pour Anas Modamani, voir son cliché dans le livre de 700 pages de la chancelière a été « merveilleux ». Car « Sa photo est pour toujours dans l’histoire ».
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