Twitch et les petites fédérations sportives, la belle histoire de com gagnant-gagnant
COMMUNICATION Pour attirer la cible jeunes dans ses filets, le hand comme le basket ont choisi d'investir Twitch pour se démarquer
- Hand, basket, … Les petites fédés, loin des mastodontes foot et rugby, se lancent sur Twitch pour capter la cible jeune et accroître leur visibilité.
- Pour l’heure, la priorité est d’acquérir un nouvel outil de communication et de médiatisation, plutôt que de se pencher sur des potentielles retombées économiques.
- Pour l’économiste du sport, Pierre Rondeau, « l’avantage principal de Twitch, c’est l’interaction »
Bien souvent associée au gaming, la plateforme Twitch ne se limite pourtant pas aux aficionados de jeux vidéo. Si elle a été investie par les Youtubeurs, les journalistes et les politiques, la plateforme fait aussi les beaux jours des petites fédérations sportives. C’est notamment le cas de la LNH, la Ligue nationale de handball, qui a amorcé un partenariat avec la plateforme en octobre 2021, ou de la fédération française de basket, qui travaille sur un projet de diffusion des compétitions de 3x3.
Ont-elles pour autant trouvé leur eldorado ? Si l’on en croit Pierre Rondeau, spécialiste de l’économie du sport, Twitch condense parfaitement les nouvelles habitudes de consommation du jeune public : « Ils sont de moins en moins friands de sport à la télévision, privilégient le multi-écrans qui s’est démocratisé. Ils consultent les réseaux sociaux indifféremment sur leur ordinateur, leur téléphone et leur tablette, souvent de manière simultanée. Et l’avantage principal de Twitch également, c’est l’interaction ».
Twitch, un rôle à part
Initialement pré carré de l’e-sport et des gamers, Twitch est une plateforme avec des codes bien précis, « qui nécessitent un peu de temps pour les acquérir », admet Noémie Catalan, responsable communication à la LNH, en expliquant donc comment le handball français a débarqué sur Twitch. « En novembre 2020, après des mois de confinement pendant lesquels on a privilégié le digital pour garder le lien avec les fans comme avec les acteurs du jeu, on a lancé une compétition de esport à partir du jeu sur console Handball 21, ça s’appelait la E-handball Cup. Les joueurs étaient ceux des clubs professionnels, des hommes jeunes déjà très sensibles aux jeux vidéo ». La compétition s’est déroulée sur quatre lundis consécutifs et la LNH avait pris soin de s’entourer d’une équipe d’expérience : la team MCES, le club de esport français basé à Marseille, avec notamment des équipes pro sur les jeux Fortnite, League of Legends et Clash of Clans.
Même entrée côté FFBB : « C’est par le biais du esport qu’on s’est mis à Twitch », note Guillaume Karli, responsable de la communication du 3x3 et du esport à la fédé de basket. Les deux révèlent sans détour le défi actuel : installer du sport traditionnel sur la plateforme. Et si le basket travaille encore sur son projet, la petite balle qui colle a un train d’avance. Depuis janvier, elle a installé deux émissions hebdomadaires, mobilisé une équipe de six personnes et observé une communauté de viewers en constante augmentation. Pour la LNH, ce partenariat est « tout bénef » : « On ne veut pas faire de la télévision, on n’en a pas les moyens. Mais c’est une autre façon de montrer notre sport et d’encourager les clubs à entreprendre via ce canal de communication, pour pérenniser des projets qui intéressent et restent à taille humaine », déroule Noémie Catalan. « C’est une façon de lutter contre le ralentissement des audiences sur les supports mainstream, et de capter les nouvelles générations », abonde Pierre Rondeau.
Le divertissement prend du galon
Pour le hand comme pour le basket, les instances misent sur un mix entre séquences de matchs, reportages inside et « studio canapé » au bon goût de talk : « Le but, c’est vraiment d’avoir des experts qui commentent, quelques images des compétitions ainsi que les à-côtés », explique Guillaume Karli. « Lors des 7h30 en direct du Final 4 de la Coupe de la Ligue, on était dans la salle, sur un petit plateau avec des moyens techniques, et on a vu défiler des joueurs juste après leur match. On a aussi diffusé des passages des rencontres grâce à un accord avec BeIn Sport, que nous citions régulièrement sur le stream Twitch. La couverture était complète et notre diffuseur était ravi car il a aussi enregistré de belles audiences », abonde la responsable communication de la LNH.
« Le 3x3 est une discipline libre et flexible, plus facile d’accès et qui se consomme rapidement », résume Guillaume Karli. Quoi de plus efficace pour résumer la cible Twitch ? « 3x3 et Twitch sont définitivement compatibles puisqu’ils visent la même génération, qui se lasse vite et peut voir la régularité des rendez-vous comme une contrainte ». De quoi amplifier le côté strass et paillettes du sport. Sur le modèle des shows NBA ou NFL, les compétitions d’esport, en live comme sur Twitch, laissent une large place au spectacle.
Une volonté bien plus médiatique qu’économique pour les petites fédés
L’occasion également de se démarquer ? « Aujourd’hui, la désaffection des jeunes pour le sport traditionnel est un problème structurel et générationnel », analyse Pierre Rondeau. L’excès d’offres gratuites comme payantes a créé un public difficile à capter, dont le choix est si large, qu’il peut se permettre de faire la loi. « En investissant Twitch, déjà plébiscitée par cette jeunesse connectée et très friande de jeux vidéo, le hand, le volley, le basket travaillent sur leur popularité et leur visibilité », ajoute l’économiste du sport. « Pour l’instant, on ne songe pas à la monétisation, confie également Noémie Catalan, responsable communication à la LNH. Notre but, c’est de toucher un public jeune, nouveau, tout en offrant un contenu de qualité et de proximité aux fans qui nous suivent déjà ».
Pour Guillaume Karli, Twitch est une nouvelle forme de médiatisation du sport, complémentaire à celles existantes : « Sur Twitch, on touche notre cœur de communauté alors qu’avec la télévision, on vise le plus grand nombre. On ne propose pas les mêmes programmes, ni les mêmes sujets. On vise la complémentarité ».
Que vous soyez arrivés sur cet article par amour du sport ou de Twitch, vous avez rendez vous jeudi 7 avril à 17h sur notre chaîne Twitch pour le lancement de notre talk sport Les croisés, tu connais. On vous attend