Ils veulent battre un record de vitesse avec une moto imprimée en 3D
INSOLITE A l’origine de ce projet fou, l’association « Les Triplettes de Bonneville », bien connue chez les passionnés d’engins à moteur
- La moto a été conçue par des étudiants en design d’une école de Valenciennes.
- Les 68 pièces ont été imprimées grâce aux membres du club Dagoma.
- L’engin électrique va s’attaquer au record du monde établi à 120km/h dans sa catégorie.
Le projet n’est pas si fou qu’il en a l’air. Au mois de mai prochain, trois gars un peu barrés vont tenter de battre un record de vitesse au guidon de la « saline angel », une moto (presque) entièrement fabriquée à l’aide d’imprimantes 3D. L’aventure, initiée de longue date par l’association Les Triplettes de Bonneville, a été rendue possible grâce au concours d’une école de Valenciennes et d’un fabricant d’imprimantes 3D de Lille.
Les Triplettes de Bonneville, c’est une association créée en région parisienne il y a déjà plus de dix ans par quatre quadras passionnés de « tout ce qui possède un moteur ». Un peu par défi, ils participent, en 2007, aux championnats de France de caisse à savon. Ils en repartent avec la médaille d’or et la ferme intention de décrocher un titre mondial. « Mais un titre mondial de quoi ? On ne savait pas », explique Gilles Pujol, président de l’asso.
L’équipe la plus titrée aux Etats-Unis
Rapidement, les compères s’orientent vers le mythique lac salé de Bonneville, aux Etats-Unis, où sont battus chaque année des records de vitesse. « On a bien regardé les records qui étaient accessibles et on s’est focalisés sur la catégorie des petites cylindrées », poursuit-il. Ils construisent donc une « mobylette que l’on peut transporter dans nos valises » et débarquent aux Etats-Unis. On est alors en 2008. Au lieu d’un record du monde, ils en décrochent quatre, une première depuis 1956. Onze ans plus tard, les Triplettes ont un palmarès de 53 records du monde. C’est aussi l’équipe la plus titrée aux USA.
Récemment, ils ont décidé de changer radicalement de monture. Avec l’Institut supérieur de design (ISD) de Valenciennes, les trois fous du guidon ont imaginé un engin futuriste qui serait imprimé en 3D. C’est le projet « Saline angel ». « En fait, ce qui coûte le plus cher c’est le transport de la machine. Là, l’idée était de concevoir les plans ici et d’imprimer la moto à Bonneville », avance Gilles Pujol. Exit le métal et place à un cadre en plastique propulsé par un moteur électrique. Ils visent désormais une nouvelle catégorie avec un record à battre établi à 120 km/h.
Mille heures d’impression en cinq jours
Le prototype devait être présenté au salon du deux-roues, à Lyon, le week-end dernier. « A une semaine de l’échéance, je me suis rendu compte que ce serait impossible », se souvient le président de l’asso. C’est là que Dagoma, fabricant nordiste d’imprimantes 3D, est entré en scène. L’entreprise a lancé un appel aux membres du club Dagoma pour que chacun imprime une des 68 pièces de la moto. En cinq jours, un travail de 1.000 heures d’impression était bouclé. « Nous avons reçu les morceaux par la Poste et avons pu les assembler sur notre stand au salon », s’enthousiasme Gilles Pujol.
La « Saline angel » existe désormais en vrai. « En style arlequin, les personnes ayant imprimé avec les couleurs de fils dont elles disposaient », sourit le président. Avant de s’attaquer au lac salé de Bonneville, l’engin va tenter un record, en mai, au Pays de Galles. En juillet, la « Saline angel » sera aussi présentée pour la première édition du Bonneville français, sur la base aérienne militaire de Bretigny sur Orge.