Roland-Garros : Du soutien matinal de Monfils à la guerre en Ukraine, Elina Svitolina raconte son quotidien à Paris

TENNIS L’Ukrainienne Elina Svitolina, qui s’est imposée quelques heures seulement après son mari Gaël Monfils, a évoqué leur nouvelle vie avec leur petite fille mais aussi la guerre en Ukraine

Aymeric Le Gall
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Gaël Monfils était au bord du court Simonne-Mathieu pour soutenir sa compagne Elina Svitolina, quelques heures seulement après sa victoire dantesque contre Baez.
Gaël Monfils était au bord du court Simonne-Mathieu pour soutenir sa compagne Elina Svitolina, quelques heures seulement après sa victoire dantesque contre Baez. — Javier Garcia//SIPA

A Roland-Garros,

Des peines immenses et interminables - du fait de la guerre en Ukraine - entrecoupées de jolis moments de joie comme après la victoire de son mari Gaël Monfils, mardi soir, ainsi va la vie parisienne de l’Ukrainienne Elina Svitolina, victorieuse au deuxième tour de Roland de l’Australienne Storm Hunter-Sanders. Moins de douze heures donc après la masterclass de la Monf, qu’elle a vécue en direct du court Central malgré l’heure tardive et le scénario de dingue en cinq sets. « J’ai regardé le match en intégralité mais malgré ça j’ai quand même réussi à dormir sept heures de rang, ce qui n’est pas si courant ces derniers temps », a-t-elle souri en faisant allusion aux courtes nuits qui succèdent l’arrivée du bébé dans la team.

« Je suis extrêmement fière du match qu’il a fait hier, il n’a jamais rien lâché même s’il avait du mal, je ressentais sa douleur à l’écran. On s’est entraîné ensemble ces derniers temps, lui revenait de blessure, moi de grossesse, et je peux vous assurer qu’il s’entraîne fort, il y passe des heures et veut redevenir le joueur qu’il était avant. Il n’a plus 25 ans bien sûr mais il a de l’expérience et je pense qu’il a encore de grands matchs comme hier à jouer. Je pense qu’avec quelques matchs de plus, il va monter en puissance. Pour le moment il récupère et j’espère qu’il sera prêt pour jeudi ».




Si Monfils a traîné un peu plus que sa compagne dans la nuit de mardi à mercredi, avec un passage en conf sur les coups de 1h20 du matin, le gaillard était déjà frais et dispo dans les gradins du Simonne-Mathieu pour encourager son épouse, ce que n’a pas manqué de saluer l’intéressée. « Cela m’a donné beaucoup de motivation, il a fait beaucoup d’effort pour être là, il m’a motivé à me battre, à jouer chaque point à 100 % », a-t-elle déclaré.

Roland-Garros est le premier tournoi que dispute le couple ensemble depuis la naissance de leur fille. « Skaï est avec nous à Paris, tout va très bien pour l’instant, on passe de bons moments sur et hors du court. On a des gens qui sont là pour s’occuper d’elle la journée, c’est essentiel pour que l’on puisse se concentrer à 100 % sur le tennis, pour que notre esprit soit libéré pour pouvoir tout donner sur le court. » Voilà pour la partie réjouissance.



La guerre n’est jamais très loin

Mais Svitolina n’a pas échappé aux questions qui attristent, celles qui vous ramène direct dans le réel avec le douloureux contexte de la guerre au pays. Interrogé sur la manière dont on s’habitue ou non à vivre avec ça, Svitolina n’a pas voulu s’attarder sur son cas personnel, loin des missiles russes et de la peur quotidienne d’y laisser la vie. « Je parle énormément avec ma famille et mes amis en Ukraine, c’est horrible ce qu’il se passe mais ils s’y sont habitués, les sirènes, le fait de courir se mettre à l’abri dès que les sirènes retentissent, les nuits sans sommeil. C’est terrible mais c’est la nature humaine de s’habituer à tout », a-t-elle développé.

Près de quinze mois après le début de la guerre, la joueuse Ukrainienne confie osciller quotidiennement entre « douleur, tristesse et colère ». Toujours avec la même résolution lorsqu’elle est en tournoi : « Quand je rentre sur le court, je pense à l’esprit de combat dont font preuve tous les Ukrainiens, au fait qu’ils luttent pour leurs valeurs et leur liberté. Et moi je lutte ici sur mon propre front, je ne peux pas être triste ou distraite sinon je vais perdre. Quand la guerre a commencé j’étais à Monterrey et j’ai failli pleurer en arrivant sur le terrain, j’avais un poids dans la poitrine, et ce jour-là je me suis dit que désormais j’irai à 100 % sur le court car j’ai un drapeau accolé à côté de mon nom, je lutte pour mon pays. »